Chapitre 90 : Le bonheur près des siens

62 10 21
                                    

L'épais de papyrus rouleau enfin scellé par une cordelette et une lourde bourse accrochée à sa ceinture, Andrios quitta sa chambre et se rendit jusqu'à la cour du palais. Le messager l'attendait près de son cheval et s'inclina devant lui avant de prendre le rouleau et le ranger dans une besace.

- Marchons un peu, proposa-t-il. J'ai une course à faire et elle se trouve sur ton chemin.

Le messager hocha la tête et tint par les rênes sa monture. Andrios couvrit sa tête de son himation et marcha aux côtés de l'homme, comme il avait l'habitude de faire chaque fois qu'il venait.

- Le futur époux de ma sœur, qui est-ce exactement ?

- Loïmos, un noble avec une petite fortune, un peu plus de vingt-cinq ans. La princesse est éperdument amoureuse de lui, elle néglige la chasse, ses devoirs et elle se rend autant au temple d'Aphrodite que celui d'Apollon. Par contre, cela n'a pas plu à la reine ni au prince qui jusqu'à maintenant, ont toujours refusés de lui adresser la parole. Mais le mariage est maintenu, le conseil a donné son accord et le peuple se réjouit d'avance. C'est dans deux semaines.

- Et mon autre sœur, Desdémone, comment va-t-elle ?

- La princesse est désormais connue pour ses frasques dans les tavernes. Les histoires dans sa famille l'indiffère totalement et elle passe aussi davantage de temps à l'infirmerie.

- Notre chemin s'arrête là, déclara Andrios en arrivant près du quartier des commerçants. Présente à ma mère mes salutations et assure-la aussi de mon affection à son égard. Souhaite de ma part à ma sœur mes félicitations pour son mariage et mes vœux de bonheur. Pour mon frère, du courage et de la patience, et pour mon autre sœur, du bon sens. Et dit-leur en retour que je vais bien. Qu'Hermès te protège.

- Merci, mon prince. Je transmettrai tout cela. Que les dieux te gardent toi aussi.

Le messager se mit en selle et le salua une dernière fois avant de quitter la cité pour s'acquitter de sa tâche. Andrios pénétra le quartier et se mit à la recherche du marchand avec qui il avait pris contact avant. L'endroit n'était nullement hostile mais on le regarda comme étant un potentiel client richissime qui avait une fortune à dépenser. Les marchands avaient l'œil pour deviner cela, et il comptait le faire.

- Noble prince, appela l'un d'eux. Je suis ravi de te revoir ici. Mon associé revient d'un long voyage aux confins du monde avec ce que tu recherches.

Il reconnut l'homme avec qui il s'était entretenu une semaine plus tard, le plus respectable et honnête de sa corporation et le mieux pourvu en marchandise. Andrios l'avait choisi pour ces raisons et il espérait obtenir ce qu'il voulait.

- Je t'en prie, entre donc. Ma demeure est la tienne et je m'en voudrais si une maladie venait à se saisir de toi en restant trop longtemps dehors.

Il indiqua de son doigt boudiné l'entrée et Andrios y pénétra. Il trouva un esclave qui se hâta de le déchausser et vint se saisir de son himation qu'il suspendit au-dessus de braises ardentes pour le chauffer le temps de l'entretien. Le marchand le guida jusqu'à une pièce criarde de couleurs et si chauffée que le jeune homme se sentit presque en été. Des mets exquis étaient disposés sur une table et un divan moelleux capitonné de soie et de coussins qui l'étaient tout autant l'attendaient.

- Il n'était pas utile de faire tout cela pour moi. Je me serais contenté d'un siège et d'une pièce normale. Après tout, je ne viens que pour les bijoux, dit-il, gêné par tous ces soins.

- Oh mais le temps de choisir, tu auras faim et froid ! Je t'en prie, c'est un honneur de te recevoir chez moi. J'espère que tu trouveras ce que tu veux.

De Delphes toute puissanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant