Chapitre 139 : Celui au grand coeur

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Thèbes en liesse n'avait terminé de fêter la naissance de leur prince tant attendu depuis qu'on avait annoncé sa naissance. Le vin coulait à flot, l'odeur de fumé de la viande cuite embaumait la cité depuis une semaine et demi maintenant. Une fête comme Thèbes n'avait jamais connu depuis la mort de son précédent roi. Après tout, en peu de temps, leur actuel roi avait conquis un bon tiers de la Grèce alors que rien ne laissait présager la victoire et la venue de ce prince était comme un cadeau des dieux qui venaient récompenser ses exploits et féliciter Thèbes, autrefois cité maudite des immortels.

- Écoute, Mégalétor, c'est ton peuple et il t'aime déjà, murmura Andrios en tenant son fils dans ses bras. Sois digne d'eux, mon fils.

- Bien sûr qu'il sera digne d'eux, répondit Métis qui l'avait entendu. Il est fils de Thèbes, et toi, le conquérant de la Grèce. Fasse les dieux que notre fils t'égale et te sois digne.

Elle pétillait de joie depuis que leur fils était né et le palais ainsi que la cité étaient euphoriques. Elle avait accompli son devoir sacré de reine en mettant au monde un héritier et en assurant de cette façon l'avenir de Thèbes. Elle se sentait soulagée et à présent sereine, même si ces derniers jours aucun des deux n'avaient pu se reposer et d'immenses cernes noirâtres sous les yeux en attestaient. Mais ce n'était rien à côté de leur joie à eux deux.

- Mon roi, les princes de Delphes sont arrivés, annonça un garde en entrant brusquement dans la chambre de ses souverains.

Mégalétor sursauta et geignit un peu. Le garde récolta un regard noir de la reine qui s'approcha pour prendre leur fils dans ses bras et la calmer un peu.

- Si vite ? s'étonna-t-elle quand même. Comment est-ce possible ?

- Leurs chevaux sont des coursiers très rapides et leurs cavaliers sont excellents. Mais je pense qu'ils ont distancé leur escorte pour aller plus vite, nous aimons la vitesse. Je vais les recevoir. Demande aussi à réunir le conseil.

Le garde hocha la tête et referma aussi brusquement que toute à l'heure la porte. Lassée, Métis leva les yeux aux ciel puis déposa Mégalétor dans son berceau, le confiant à ses servantes avant de suivre Andrios dans les corridors jusqu'à la cour du palais. Les gardes étaient plus nombreux que d'habitude pour surveiller et éviter les intrus et le reste des soldats delphiens qui escortaient les deux princes descendant de leur monture respective.

Andrios reconnut la jument blanche comme la neige de Desdémone et l'étalon pareil à l'ébène de Tharros. Ils transpiraient tous les deux et la poussière leur collait à la peau. Mais malgré la fatigue, Tharros fut le premier à s'avancer, s'inclina puis félicita chaleureusement son frère et sa belle-sœur pour la naissance de leur fils. Ils reçurent les félicitations avec allégresse et Desdémone se dépêcha de faire comme son demi-frère, mais avec moins d'entrain et de joie mais ni Andrios ni Métis n'accordèrent leur attention et ils les laissèrent se laver et s'habiller puis les invitèrent à rentrer pour leur présenter Mégalétor.

- Andrios s'est évanoui de joie quand il a appris que c'était un fils, confia Métis en gloussant. J'ai cru que j'allais finir veuve alors que je venais à peine de mettre au monde notre fils !

- Par Zeus tout puissant, Andrios s'évanouir de joie ? se moqua Tharros en riant aussi. Qui l'aurait cru ! J'en connais trois à Delphes qui vont rire sans s'arrêter !

- Tu as vraiment besoin de raconter ça à mon frère et ma sœur, en plus de tous ceux qui sont venus ? bougonna Andrios en sentant le rouge couvrir un peu ses joues.

Desdémone réagit à peine les entendant et se contenta d'esquisser un sourire courtois mais forcé, tenant son neveu dans ses bras. Elle glissa entre les langes un petit talisman et surpris le regard méfiant de sa belle-sœur.

De Delphes toute puissanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant