Chapitre 125 : Malheur aux fous qui bafouent la reine

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Sous ses yeux fatigués, Clelia regarda la carte de la Phocide et les pions qu'elle avait disposé un peu partout sur les territoires contrôlées par elle et ceux pris par Mycènes, sur la demande son roi fou, Oreste.

Elle avança un pion puis finalement le recula en calculant le risque élevé de perte qu'engendrerait une telle manœuvre. Elle était prise dans une impasse. Les territoires du sud, comprenant le port étaient saisis par Oreste et il menaçait de se déplacer vers l'est pour se saisit du deuxième port qui donnait vers la Thrace, menaçant de réduire à la famine la cité que dépendait du blé de ses colonies.

Elle soupira et joua un moment avec ses bracelets. Cette histoire la préoccupait énormément, elle ne voulait pas risquer la vie de ses hommes sans avoir au préalable essayer de raisonner Oreste pour qu'il ne fasse pas une erreur qu'il regretterait. Les Atrides ne lui attiraient que des problèmes et la rendaient malade.

Elle repoussa en arrière son siège et se leva pour quitter son bureau et profiter de sa petite-fille. Les esclaves qui passaient pour exécuter leur tâche la saluèrent et les gardes en faction également. Elle poussa la porte du gynécée et trouva pour son plus grand plaisir sa petite-fille éveillée et énergique comme à son habitude. Les femmes qui occupaient les lieux avaient abandonné leurs travaux de tissage ou de broderie pour s'extasier devant la mine adorable de la fillette. Même Desdémone qui détestait depuis l'âge où elle pouvait marcher le gynécée venait de manière régulière pour jouer avec sa nièce qu'elle adorait.

Un concert de félicitation s'éleva quand Elpis se mit sur le ventre et provoqua l'euphorie de toutes les femmes. Clelia s'approcha en souriant devant cette frimousse envoûtante. Comme l'avait prédit Thysié, elle avait perdu les yeux gris de son arrière-grand-mère et avait gagné ceux de sa grand-mère ainsi que de sa mère, vert comme l'émeraude ou la forêt en été. Ses cheveux sombres comme les ailes d'un corbeau avait fait place à des fils d'or qui commençaient à boucler sur son crâne. Euterpe avait fait remarquer avec émotion qu'enfin, cette petite était le mélange de ses grands-parents. Elle n'avait pas tort. Sophia et Tharros ressemblaient physiquement à un seul de leur parent et aucune caractéristique n'avait été prise à l'autre, sauf le caractère. Mais pour Elpis, c'était différent. Elle avait hérité des cheveux blonds de son grand-père et des prunelles émeraude de sa grand-mère.

Depuis la naissance de sa petite-fille, Clelia craignait de trouver une trace de son vrai père en elle. Elle avait même écrit une lettre à Andrios pour qu'il lui détaille précisément le physique de son architecte et après l'avoir lu, elle n'avait pas pu s'empêcher d'observer longuement Elpis pour s'en assurer. Et grâce aux dieux, elle n'avait rien de Phiaros. Puisqu'aux yeux de tous, son géniteur était Loïmos mais qu'il l'avait rejeté, Tharros l'avait reconnu comme son enfant. Il s'était dévoué jusqu'à la fin et il ne regrettait pas. Il adorait cette nièce qui était aussi sa fille par son serment et après cette succession de problèmes au début, il avait sacrifié aux dieux et surtout à leur ancêtre Artémis pour la remercier de cette naissance. Le peuple avait fêté la venue de leur petite princesse et rêvait de voir ce visage gai quand elle serait suffisamment grande. Pour le moment, Sophia la gardait près d'elle parce qu'elle avait peur de ce que Loïmos ferait à sa fille si elle me laissait seule par mégarde avec lui.

- Cela fait longtemps que nous ne te revoyons plus par ici, remarqua Timia en s'asseyant à ses côtés. Cette histoire avec Oreste est si grave que ça ?

- Il a rejeté mon héraut et il menace de se déplacer vers l'autre port. Il va faire comme Antipater, il va nous bloquer le blé qui vient des colonies. Je vais envoyer une seconde ambassade mais un prince devra se présenter en mon nom. Je ne sais pas qui j'enverrai. Certainement pas Sophia, elle veut profiter de notre Hélion. Tharros s'occupe à sa place de la gestion de la cité et Pistos de l'armée, j'ai besoin de lui à mes côtés, comme pour les autres généraux.

De Delphes toute puissanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant