Chapitre 73 : Comme une proie facile

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Doucement, sur la neige, un renard avançait. Il avait vu sa proie et ses pattes s'enfonçaient à peine dans la neige. Puis au moment où Andrios s'attendait le moins, il vit l'animal roux bondir et enfoncer sa tête en à peine quelques secondes. L'animal émergea avec sa proie dans la gueule et s'éloigna de l'endroit où il avait pu faire sa prise pour goûter à son repas.

Andrios prépara son arc pour l'abattre mais sa mère l'en empêcha.

- Regarde, dit-elle en guise d'explication.

Ils virent une biche qui marchait sans remarquer les deux intrus, cachés derrière un buisson et armés d'arcs. L'animal était trop occupé à gratter la neige pour trouver un peu d'herbe et s'en repaître. Ils étaient tapis dans le froid depuis un moment et en tremblaient, malgré leurs vêtements de laines épaisses.

- Sidéro, le loup de Sophia, a déjà amené une biche quand nous étions à Delphes, murmura Andrios

- Pour une fois, profitons de son absence, ce n'est pas tous les jours qu'on tombe sur une aussi belle bête. Si nous la tenons, nous aurons droit ce soir à de bonnes brochettes. Qu'en dis-tu ?

Un immense sourire se dessina sur ses lèvres et creusèrent les coins en fossettes. C'était une question purement réthorique, jamais Andrios refuserait de tirer. La biche était magnifique et au milieu de ce manteau blanc, son pelage semblait d'or et étincelait.

- Je serai aussi habile de mon ancêtre, je ne courserais pas cet animal indéfiniment. Je veux prouver que je suis meilleur qu'Héraclès...

- Seul un descendant d'Artémis peut se targuer d'avoir eu une biche pareille. N'oublie pas, analyse vite et bien. Elle ne doit pas fuir et tu ne dois pas lui courir après comme ton cher ancêtre. Prépare-toi.

Il hocha la tête et malgré ses doigts engourdis par le froid, parvint à bander son arc tout en se concentrant. Il ne se rendit pas compte qu'il retenait son souffle et sa mère aussi, les yeux rivé sur la flèche. Pour le moment, la biche ne pressentait rien et continuait à chercher l'herbe cachée par la neige.

Après un regard rapidement échangé avec sa mère pour avoir son assentiment, Andrios relâcha la corde et la flèche siffla. Elle se ficha dans le ventre doré de l'animal qui brama de douleur. Sans tarder, Clelia abrégea ses souffrances en tirant à son tour. Andrios s'extirpa de leur cachette, ravi d'enfin bouger après des minutes à ramper sur la neige pour chasser.

Le tapis blanc se couvrit doucement de sang alors que le corps de l'animal était piqué de flèches. Clelia le rejoignit avec un bâton solide et assez grand pour transporter la carcasse. Elle perça d'abord les pattes pour passer la corde et ainsi faciliter le transport.

- Grâce à toi, nous aurons un vrai festin, le félicita-t-elle.

- Tu vois, je suis meilleur qu'Héraclès !

- Et moi je dis que c'est le sang d'Artémis qui t'a permis une aussi bonne prise ! Héraclès est un idiot.

Ce n'était qu'une simple taquinerie entre eux. Andrios n'ignorait pas les origines de sa mère et ses sœurs mais gardait le silence sur cela. Il savait ainsi que de sa mère, il descendait d'Artémis et de son père, d'Héraclès. Mais à cause d'un des travaux que son ancêtre avait réalisé auprès des Amazones, sa mère, sa grand-mère et ses sœurs avaient une si basse estime du héros. Loin de s'en émouvoir, Andrios aimait parler à outrance d'Héraclès pour les agacer. Selon la personne à qui il s'adressait, la réaction différait et il s'en amusait ainsi.

- Pourquoi tu le dénigres ? Il n'a rien fait de mal, c'est juste ta déesse qui est incapable de contrôler sa jalousie...

- Épargne Héra, je te pris ! La faute revient à Zeus, il est pire le trousseur de jupon que la terre ait porté ! Je plains vraiment Héra d'avoir un époux pareil.

De Delphes toute puissanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant