Le premier qui arriva dans la chambre fut Tharros. D'abord trop endormi pour comprendre pourquoi on l'avait réveillé, il avait maudit sa jumelle. Puis après quelques secondes de réflexion, il sauta de son lit pour se précipiter jusqu'aux appartements de sa jumelle. La première chose qu'il vit fut un corps ensanglanté et lacéré, un tissu dans la bouche. Et à l'écart se tenait Sophia, occupée à nettoyer sa dague.
Il ne fut pas tant choqué par le corps, surtout quand il avait reconnu son beau-frère. Mais en voyant le visage tuméfié de sa jumelle, il fut pétrifié d'horreur et resta devant la porte, clignant désespérément les yeux pour espérer qu'il ne faisait qu'un rêve.
Andrios vint après lui et Métis était là aussi, et leur mère en même temps. Le reine de Thèbes, en voyant le spectacle macabre, allait hurler mais fut arrêtée de justesse par Clelia qui posa sa main sur la bouche de sa belle-fille et lui intima le silence. Quand Desdémone se présenta à son tour, Sophia posa sa dague sur sa coiffeuse et après avoir regardé le corps que le lit, elle déclara d'une voix très froide et dénuée de tout sentiment :
- Je l'ai tué. J'ai tué Loïmos.
- Ça, on l'a bien compris, nous avons des yeux, murmura en réponse Tharros. Mais par Apollon tout puissant, qu'est-ce qu'il t'a fait ?
Un peu déconcertée, Sophia regarda ses bras mais la douleur qui se diffusa la fit grimacer. Elle avait oublié ce détail. Elle n'avait pensé qu'à le tuer et ne s'était pas souciée du reste. Elle se contenta de montrer d'un geste du menton Loïmos.
- J'ai mutilé son esclave ce matin, et quand il a été prévenu que c'est moi la responsable, il est devenu fou de rage. Il... il m'a frappé et... Il me faut de l'armoise.
Clelia retint un gémissement en comprenant l'horreur qu'elle avait dû subir alors qu'elle commençait à dormir, et il s'étendît a tous. Ils étaient si prêt de sa chambre mais ils n'avaient rien entendu de trop alarmant, ils n'auraient jamais pu se douter.
- Mais... Ton visage ? réagit Andrios qui prononça enfin un mot depuis le début.
- Mon visage ?
Ce détail qu'elle avait oublié venait de la ramener à la réalité. Loïmos l'avait battu comme un sac de farine et chaque mouvement qu'elle avait fait pour nettoyer sa dague lui avait été douloureux avant qu'elle s'y habitue. Il s'était acharné sur son dos, ses jambes, son ventre. De souvenir, il ne l'avait pas touché. Seulement de souvenir.
Tharros fit quelques pas pour essuyer le sang. Mais dès qu'elle le vit approcher, un frisson s'empara d'elle et elle recula vivement de plusieurs pas en secouant désespérément la tête, la gorge trop serrée pour refuser. Quand il posa un doigt sur son bras, elle eut l'impression d'une piqûre et elle bondit violemment en arrière, jusqu'à rencontrer le mur et elle se recroquevilla sur elle, ses bras ramener auprès du corps pour se protéger.
- Sophia, c'est bon, je ne te toucherai plus, promit Tharros, désemparé et la voix altéré par un mélange de chagrin et de colère. Je vais reculer. Mais je t'en supplie, calme-toi, tu me fais peur !
Elle ne s'était pas rendue compte qu'elle riait comme une démente et que rien ne pouvait l'arrêter. Elle-même ne savait pas si elle riait ou pleurer. Mais elle continuait parce qu'elle n'en pouvait plus. Et aussi parce qu'elle ne parvenait pas à s'arrêter. Tout ce qu'elle avait accumulé avec le temps, les dernières heures qui avaient été les plus éprouvantes de tout ce qu'elle avait vécu depuis, tout remontait à la surface et il n'existait pas d'autre moyen de l'évacuer.
En voyant son état et sa détresse, personne n'avait le courage de la laisser seule. Ils demeurèrent là où ils étaient, attendant que Sophia se remette de ses émotions. Pourtant, il fallait réfléchir a propos du corps. Savoir ce qu'il fallait en faire, essayer de trouver une excuse pour justifier sa mort sans s'attirer de soupçons. Ce qui était tout simplement impossible puisque le palais et la cité savaient que la famille régnante détestait Loïmos. Dès que la nouvelle de sa mort se répandrait, tout le monde crierait au complot et à l'assassinat. Et Clelia devait se décider sans tarder.
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De Delphes toute puissante
Tarihi KurguGrèce antique. Les grandes cités de Grèce se disputent une cité en particulier, gouvernée de façon particulière : des femmes sont à la tête, puissantes et indépendantes, aimées et respectées par leur peuple, prêtresses et médecins, guerrières et str...