- Je m'ennuie, soupira Clelia. Et je ne peux même pas sortir ! J'ai l'impression d'être en cage !
Le mois de délais s'était écoulée à Troie. Antipater n'avait pas encore fait son apparition. Du moins, pas en public. Mais personne n'ignorait sa présence et les tensions étaient toujours présentes.
- Je mentirai en disant le contraire, avoua à côté d'elle sa mère, mais malheureusement, je ne peux faire autrement.
Terpsis était debout près d'une fenêtre, lisant sa carte, alors que Clelia était allongée sur le lit de sa mère. Elle fixa le plafond, cherchant un moyen d'évasion. Elle pensait aux plaines verdoyantes en dehors des murs et s'imaginait dépasser les portes Scées sur Oxypous.
- Je crois que Priam a des filles de ton âge. Cela pourrait te changer de Timia...
- Essaie de ton côté avec Hécube et dis-moi ensuite si vous vous entendez bien.
- Je t'accorde le point, rit sa mère en s'approchant du lit. De toute façon, on ne pourra se faire apprécier des troyens. Il me tarde de partir.
- Qu'est-ce que tu regardes ?
- Le meilleur itinéraire pour rejoindre la Thrace. J'hésite entre la mer et la terre. Quel chemin as-tu pris en venant ici, la dernière fois ?
D'un geste, Clelia se redressa sur le lit et regarda sa mère, immense sourire aux lèvres. La reine l'eut à son tour.
- Nous allons les voir ? Vraiment ?
- Cela fait très longtemps que je ne le ai pas revu. La dernière fois remonte à onze ans, quand je suis venue te chercher. Et puis cela permettra de mettre au clair la situation entre la colonie et les nôtres.
- Comment irons-nous avec tous les soldats qui nous accompagnent ?
- Je leur donnerai l'ordre de ne pas nous suivre. Ils ont tous entendu parler des embuscades des Amazones et ils refuseront très certainement de s'aventurer loin de la civilisation, comme ils disent.
Elle se tut quand des coups retentirent contre la porte. Terpsis roula sa carte et la rangea prestement dans une malle avant de répondre aux coups. Un esclave poussa la porte et s'inclina profondément. La reine lui fit signe de se relever mais ne l'invita pas pour autant à rentrer.
- Mes maîtres, le roi Priam et la reine Hécube t'invite toi et la princesse à une promenade dans la ville. Mes maîtres seraient honorés de ta présence, maîtresse.
La reine fronça les sourcils, intriguée. Outre les banquets en son honneur et les négociations qu'elle menait avec les souverains, elle les voyait rarement, et cette invitation l'inquiétait. Elle se reprit et regarda l'esclave.
- Fais dire à ton maître que nous sommes honorées de son invitation et que nous acceptons de nous joindre à lui. Nous nous apprêtons et arrivons.
Il s'inclina de nouveau et referma la porte. Sans attendre, la reine extirpa de la malle sa cassette de bijoux ainsi que des voiles fins. Elle fit signe à Clelia de se lever. Terpsis sortit deux diadèmes et des bijoux et commença à la parer. Aédone n'était pas là, occupée ailleurs.
- Méfiance, prévint-elle alors qu'elle appliquait une poudre d'or sur ses paupières, ce soudain revirement de Priam me surprend. Réfléchis bien à chaque mot que tu prononceras, ils peuvent être déterminant pour l'avenir.
Terpsis acheva avec un fin trait de khôl et appliqua du rouge sur les lèvres de sa fille. Elle lui présenta le diadème d'or, assorti avec le chiton indigo et aux ornements de fil d'or. Avant cela, elle coiffa ses cheveux détachés et lui ceignit le diadème.
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De Delphes toute puissante
Historical FictionGrèce antique. Les grandes cités de Grèce se disputent une cité en particulier, gouvernée de façon particulière : des femmes sont à la tête, puissantes et indépendantes, aimées et respectées par leur peuple, prêtresses et médecins, guerrières et str...