Aulis était une plage désertique, perché sur quelques dunes et sans récif. C'était au moins le seul avantage qu'on pouvait trouver à cet endroit sans intérêt, en plus de ces eaux abondantes en poissons. Elle avait une source d'eau douce tout près et une falaise léchée par les vagues, utilisée par les pêcheurs. Aucune habitation aux alentours, rien que la nature maîtresse des lieux. Avant que des hommes n'établissent un campement sur la plage et ne la détruise.
- Un endroit sans intérêt, se répéta Clelia, observant la plage depuis sa nef.
Sur la plage, le point noir grossit de plus en plus. Elle reconnut la carrure de géant de son époux mais aussi le blond Achille. Jamais elle n'aurait cru que tout les rois viendraient à sa rencontre. Elle pensait à la place que son arrivée leur serait indifférent. Elle l'aurait préféré, revoir Agammemnon lui donnait des envies de meurtre. Elle ferait payer à cet homme son geste, il ne resterait pas impuni.
La nef toucha la plage de sable. Sans attendre, Clelia sauta du navire, prenant soin à ne pas se trouver complètement immerger. Par chance, seuls ses pieds pataugèrent dans l'eau salée. Elle avança jusqu'à la plage et rencontra les principaux généraux de cette expédition avant de s'arrêter net, devant le mycénien. Elle ne dit rien et se contenta de soutenir son regard, lui montrant tout le mépris et la haine qu'elle ressentait à son égard. Il pensait qu'elle lui jurerait allégeance mais il se trompait lourdement. Elle ne jurerait rien. D'ailleurs, un long silence se fit, lui croyait qu'elle parlerait en première, mais aucune parole ne franchit les lèvres de sa voisine. Elle resta impassible pour mieux laisser sa haine transparaître clairement.
- J'attends, siffla-t-il.
- Non.
Sa voix fut ferme et implacable. Son ton fit hérissé de colère le roi des rois. Il darda sur elle un regagd noir, croyant qu'elle abondonnerait cet air orgueilleux. Mais rien ne vint, elle resta parfaitement immobile et n'en démorda pas. La tension commença à se faire ressentir, tous les regards convergeaient vers eux. Les soldats présents ne voyaient plus que les deux souverains se confronter du regard. Les hommes d'Agamemnon préparèrent leurs armes. Ceux de Clelia répliquèrent en bandant leurs arcs, prêts à intervenir.
Voyant la situation se compliquer, Ulysse intervint, un grand sourire sur les lèvres pour la jeune femme.
- Reine Clelia, nous sommes heureux d'avoir ta présence et ton aide ici et nous t'en remercions. Tu peux établir ton campement.
Elle se contenta s'incliner sa tête, remerciant tacitement Ulysse d'avoir empêché le bain de sang. Elle allait passer quand Agamemnon l'attrapa violemment au bras, enfonçant au passage ses doigts dans la chair. Clelia lui lança un regard enflammé par sa colère et les archers le visèrent. Pourtant, il ignora et se pencha à son oreille.
- Aussi longtemps que je serai le chef de cette expédition, tu me devras obéissance, Clelia la Sanglante, tu n'es rien, qu'une femme.
- Au contraire, tu te trompes, tu m'as soumise une fois, il n'y a aura pas une deuxième. Les dieux m'en sont témoins.
Elle se dégagea sèchement avant de lui tourner le dos. D'un geste, elle ordonna à ses archers de baisser leurs armes. Le groupe qui l'avait accueilli se sépara. Pourtant, les soldats restèrent là à regarder la jeune femme. Un seul regard les dispersa, terrifiés par sa colère. Sèchement, Clelia ordonna l'établissement du campement, situé le plus possible des autres, près d'une rivière et d'un bois où elle pourrait se fournir en plantes médecinales.
Pistos quitta à son tour le navire, encore vert. Il tomba à genoux sur le sable, remerciant les dieux de l'avoir maintenu en vie. Sa cousine s'approcha de lui et lui tendit son bras pour le relever.
VOUS LISEZ
De Delphes toute puissante
Historical FictionGrèce antique. Les grandes cités de Grèce se disputent une cité en particulier, gouvernée de façon particulière : des femmes sont à la tête, puissantes et indépendantes, aimées et respectées par leur peuple, prêtresses et médecins, guerrières et str...