Tout avait parfaitement marché comme le désirait Clelia. Les hommes étaient de plus en plus réticent à l'idée de combattre pour rien. Les mots de Clelia avaient percé plus loin qu'elle ne le croyait, des foyers de contestations germaient un peu partout et elle s'en félicitait. Son refus poussait les autres soldats à contester de plus en plus les décisions d'Agamemnon. Il perdait le contrôle sur la situation et cela le faisait enrager, alors qu'elle souriait dans l'ombre. C'était si jouissif.
Malgré tout cela, elle faisait encore partie du conseil. Certainement pour mieux la surveiller, les hérauts d'Agamemnon rôdaient encore autour de son campement la nuit, pensant qu'elle réunissait des soldats pour les inciter à se révolter. Mais ils ne pouvaient qu'être déçus, la nuit, elle était avec ses amants.
Bien évidemment, il tentait de la convaincre à regagner le champ de bataille. Il déléguait pour cela Ulysse, habile et astucieux, ou alors Hégémon, étant son épouse, elle devait lui être soumise, mais il se trompait. Si le premier amusait Clelia, le second lui donnait davantage envie de l'étrangler ou de lui tendre une coupe de poison dès qu'il s'approchait d'elle. Elle ne rêvait que de cela quand elle le voyait. Malheureusement pour elle, il était le père de son fils et si elle le tuait de ses propres mains, qu'elle soit sa mère ou pas, Andrios aurait été obligé de venger sa mort. Car tel était la loi des dieux. Ce qu'elle regrettait fortement, mais elle espérait que les troyens arrangeraient son problème. Après tout, il se trouvait en ce moment sur le champ de bataille, peut-être arriverait-il mortellement blessé.
Malgré son refus de combattre, Clelia ne passait pas ses journées à être oisive, elle devait rester active quoi qu'il arrive, elle en avait besoin. Elle aidait en tant que médecin et était aidée par Machaon, son frère Podalire. Patrocle aussi se joignait à eux, étant mauvais au combat, Achille le préférait en sécurité auprès de son amie. Elle en profitait pour compléter les savoirs en médecine du brun. La journée, quand ils préparaient ensemble les remèdes pour les soldats, elle prenait plaisir à lui parler, sa compagnie lui était très agréable. Au fil des journées, elle découvrait sa vie, hélas triste pour lui et de sa rencontre avec le prince myrmidon qui le faisait sourire. Clelia ne pouvait s'empêcher de le regarder alors à la dérobée, conquise pour ce jeune homme si doux et malmené par la vie.
- Tu regrettes tout ce qui s'est passé ? interrogea-t-elle alors qu'il finissait de raconter les raisons qui l'avaient poussé à quitter son père.
- C'était un accident, je ne le voulais pas, expliqua-t-il tristement. Mais comme le fils était celui d'un noble très puissant, mon père n'a pas eu d'autre choix que de me renier et de m'exiler, mon crime est impardonnable. Pélée m'a accueilli chez lui et c'est là que j'ai rencontré Achille...
Il rougit violemment en disant son nom alors qu'elle souriait, à la fois attendrie et amusée. Contrairement aux autres chefs de guerre, Clelia n'avait pas été choquée par les rumeurs qui se répandaient sur leur compte. Elle avait deviné depuis un moment qu'ils s'aimaient et n'avait porte aucun jugement sur eux. Alors que les autres rois comme Agamemnon ne pouvait s'empêcher de les juger. Mais au moins, la présence de Patrocle servait à quelque chose même s'il ne se battait pas, il soignait les blessés. Il était cependant guère rassuré de savoir qu'il passait davantage de temps avec Clelia qui risquait à tout moment de l'influencer qu'avec Machaon. Mais antipathique comme il l'était, il repoussait le jeune homme lorsqu'il voulait aider, de même pour son frère. Clelia était la seule qui l'acceptait de compléter ses connaissances. Au fil des jours, ils devenaient d'excellents amis.
- Peut-être que les dieux ont décidé de vous réunir, malgré ce qui s'est passé, suggéra Clelia.
- Étrange décision ! C'est ce que Chiron a dit, lui aussi. Je préfère oublier tout cela, c'est du passé, et si comme tu dis, les dieux ont décidé cela pour que je rencontre Achille, alors je peux en partis les remercier.
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De Delphes toute puissante
Historical FictionGrèce antique. Les grandes cités de Grèce se disputent une cité en particulier, gouvernée de façon particulière : des femmes sont à la tête, puissantes et indépendantes, aimées et respectées par leur peuple, prêtresses et médecins, guerrières et str...