Résister n'avait servi à rien, elle allait goûter à sa punition. Elle qui avait tenté de temporiser ce mariage, elle allait bientôt y être confrontée. Sa dot était arrivée alors qu'elle avait prié inlassablement Poséidon pour que les navires la transportant coulent durant ces trois mois d'attente. Voir les chevaux, les coffres plein d'or débarquer sur lui donnait envie de hurler de rage. À la place, elle enfonçait ses ongles dans sa paume, les mâchoires contractées pour ne pas exploser. En dernier recours, elle priait pour qu'il manque un élément dans sa dot. Elle les avait prévenu, si elle n'était pas complète, ce mariage n'aurait pas lieu. Si une drachme ou un étalon manquaient à l'appel, elle refuserait.
Malheureusement, elle ne pouvait donner l'ordre de préparer les nefs pour retourner chez elle, elle était encore liée à Hégémon, il ne l'avait pas encore répudié. Il le ferait le jour du mariage afin d'être sur qu'elle ne prendrait pas la fuite, étant sous les ordres de son époux, du moins, en théorie. Pourtant, lui aussi n'en était pas ravi d'en arriver jusqu'à là. Il regardait la nef se déchargeait en espérant qu'un élément serait oublié. Avec ce futur mariage, il perdait une alliance qui lui était profitable, l'union qu'ils avaient contracté en était le gage. Mais aujourd'hui, même le fils qu'il avait eu d'elle ne l'aiderait pas à sauvegarder tout cela. L'alliance s'était brisée sans aucun compromis.
La dernière malle fut déchargée. Clelia déglutit et s'approcha lentement. Elle avait compté les chevaux, et malheureusement pour elle, ils étaient au complet. Elle espérait désormais que les coffres remplis d'or ne le serait pas. Lentement, elle s'avança vers un coffre au hasard et l'ouvrit. Elle vit l'or rutilante au soleil. Elle y plongea sa main, dans l'espoir qu'il n'était pas aussi rempli que pourrait le laisser croire les soldats. Il n'y avait rien de plus facile. Au fond, il suffisait de mettre des plaques de plomb pour l'alourdir et faire croire qu'il était en contenait plus en l'emplissant de balles de laine.
Mais elle avait beau vérifier, rien n'était truqué, les coffres étaient tous remplis d'or, sans exception. De rage, elle referma sèchement le couvercle. Agamemnon souriait de son côté, comme tous les autres rois. Non seulement ils auraient la paix, mais en plus ils se débarrasseraient du problème qu'elle était.
- Demain..., commença le roi des rois.
- Il me reste encore l'autre partie de ma dot, celle que j'ai fait venir de Delphes, l'arrêta-t-elle. Si je ne l'ai pas, il n'y aura pas de mariage.
Et elle espérait tellement que ce navire ait pu couler durant le voyage. La saison de navigation n'était plus propice, l'hiver approchait et la mer s'agitait. Si les navires d'Hégémon n'avaient pas coulé, alors elle priait pour que les siens le soient. Elle aurait très bien pu transmettre un message ordonnant qu'on ne fasse rien à Delphes, mais malheureusement, elle avait du le dicter à son héraut en présence d'Agamemnon qui partait immédiatement.
Elle regagna sa tente au pas de course. Elle avait l'impression d'être une bête traquée dans la forêt, celle qui échappe à la mort en courant. Elle, elle essayait d'échapper à un mariage en le ralentissant comme le pouvait. Elle ne pouvait pas se marier à Déiphobe, elle préférerait un mendiant qu'un fils d'assassin comme lui. Priam dans sa jeunesse avait massacré les Amazones, comme Thésée. Clelia se souvenait de la haine qu'éprouvait Terpsis à l'égard des deux rois. Jamais la reine-mère n'approuverait une telle union, elle s'y opposerait par l'intermédiaire d'Héliodore. Et puis le conseil ne laisserait pas sa reine être vendue comme une vulgaire esclave, elle ne pouvait s'exposer à une telle infamie.
Elle faisait les cent pas dans sa tente. Malgré ces réflexions, elle n'était pas certaine du futur. Elle ne pouvait malheureusement interrogé Apollon, c'était l'hiver, il ne donnait aucune de ces prédictions en cette saison. Il ne lui restait plus que demander à Calchas de bien vouloir lire le vol des oiseaux pour elle. Mais il ne quittait jamais Agamemnon et il le préviendrait de sa requête.
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De Delphes toute puissante
Tarihi KurguGrèce antique. Les grandes cités de Grèce se disputent une cité en particulier, gouvernée de façon particulière : des femmes sont à la tête, puissantes et indépendantes, aimées et respectées par leur peuple, prêtresses et médecins, guerrières et str...