Chapitre 30 : La demande

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Deux ans après cette affaire en Thrace, de nouveau, des soldats étaient présents au nord de la cité. Des mouvements de troupes avaient été observés près du Mont Parnasse. Il avait fallut établir le campement à une journée de marche, pour mieux observer ce qui se passait. De toute façon, il fallait désigner deux éclaireurs. Terpsis avait déjà pris sa décision.

- Éléos ? s'écria Clelia en entendant le nom de la personne avec qui elle allait passer les quelques jours. Mais il est hors de question que je reste avec cet imbécile ! Je veux Pistos ou le pire soudard du monde, mais pas lui !

- Il s'est très bien illustré il y a deux ans, contre Antipater et contre Ulysse. Tu es bonne archère et lui bon combattant au corps à corps. Je fais cela parce que vos deux compétences peuvent vous être très utile. Tu pourras mettre en pratique ton apprentissage chez les nôtres...

- Si entre temps je ne l'ai pas étranglé avec sa lyre, siffla Clelia.

-... en attendant, tu n'es plus la princesse mais un soldat. Et il se doit d'obéir aux ordres de son supérieur. Ce que tu feras, ma fille, conclut Terpsis avec un sourire mielleux. Prépare ton cheval, vous partez immédiatement. Que les dieux te gardent et t'évitent de le tuer.

- Je ne me gênerai pas !

Elle quitta la tente, en proie à la colère. De rage, elle donna un coup de pied à un bouclier et ne fit pas attention à la douleur. Elle était trop en colère pour s'en rendre de compte.

Elle avait fini par avouer ce qui c'était passé entre elle et le blond. Par chance, sa mère ne l'avait pas blâmé, elle était bien plus ouverte d'esprit que les autres. Quand à Pistos, il avait su pour sa liaison et de justesse, le meurtre avait été évité.

Elle pénétra dans sa tente où elle trouva son amant du moment, un éphèbe blond aux yeux noisettes. Il était en train d'affûter sa lame quand il vit Clelia entrer en furie dans la tente.

- Tout va bien ?

- Oui, bien sûr, tout va très bien, ironisa-t-elle. Je suis affectée chez les éclaireurs.

- C'est formidable pour toi ! s'exclama-t-il, sincère. Qu'est-ce qui te rend comme ça, alors ?

- Je me retrouve avec ce maudit musicien de malheur...

- Éléos ? Le fils du conseiller ?

- En personne.

Elle passa sa cuirasse par-dessus son chiton court avant de fixer les jambières. Elle récupéra sa besace, ses armes et prit son casque. Pour s'apaiser, elle s'approcha et l'embrassa sur les lèvres. Trop maladroit, il ne sut comment réagir et enserra sa taille d'un geste mal assuré. Puis elle s'écarta et sortit pour seller Oxypous. De toute façon, elle ne le garderait pas.

Alors qu'elle préparait l'étalon, elle vit en face une tête blonde et des yeux qu'elle connaissait beaucoup trop bien, et qui lui était désormais odieux. Elle le toisa d'un regard sombre pendant qu'il préparait sa monture, ne quittant pas la jeune fille du regard.

Elle avait coupé court à leur relation après l'épisode en Thrace. Ses motivations étaient nombreuses, parmi elles, la peur de retomber enceinte et aussi qu'il ne divulgue son secret. Chaque jour, elle avait l'impression de vivre avec un poids sur les épaules. À n'importe quel moment, il pourrait avouer la vérité et ce serait la fin. Rien que cette idée la faisait trembler.

Sans un mot, elle se hissa sur les étriers et passa son autre jambe. Elle s'installa rapidement avant de claquer sa langue pour faire avancer l'animal. Éléos la suivit, derrière elle. Elle le distançait, ne voulant pas avoir affaire à lui.

De Delphes toute puissanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant