Chapitre 47 : L'enfant de la paix

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Depuis un an maintenant, aucune bataille entre Achéens et Troyens ne s'était engagée. C'était un soulagement pour les Troyens qui pensaient que la guerre touchait à sa fin. Il n'attendait plus que la naissance de leur futur prince pour que la paix soit enfin là. Mais elle ne saurait tarder car Clelia approchait le terme. Les habitants espéraient que l'accouchement arriverait au plus vite pour retrouver la liberté.

Sur les remparts, Clelia admira la lune qui se reflétait que l'eau avant de caresser son ventre, pensive. Il lui tardait tant de rentrer chez elle. Elle aussi attendait avec impatience la naissance de son enfant. Les Achéens avaient d'abord promis qu'ils partiraient quand elle tomberait enceinte, mais finalement, ils avaient repoussé le départ pour l'accouchement, afin d'être sûr que l'enfant ne serait pas mort-né entre temps, ce qui annulerait l'accord. Fort heureusement, il n'avait pas précisé le sexe, une fille ou un garçon peu importait, pourvu qu'il survive.

La jeune femme se détourna du paysage et reprit son chemin pour rentrer au palais. Au lieu de se rendre directement dans sa chambre, elle décida de rejoindre son époux et sa famille dans le jardin où ils parlaient. Clelia s'installa à côté de Déiphobe, sur un divan que Créuse lui céda en la voyant. Si on remarqua son arrivée, personne n'émit de commentaire, tous écoutaient Polydoros, le plus jeune de la fratrie, qui parlait.

- C'est de la faute à Polyxène et Cassandre si je me suis fait punir, elles ne m'avaient pas protégé et j'ai été exposé à la fureur de cette harpie !

Les deux intéressées de rire devant l'expression outragée de leur cadet. Polydoros avait un visage si expressif que par moment, s'en devenait comique, et du haut de ses dix ans, il le savait parfaitement. Par ailleurs, c'était lui qui, très souvent, était la cause d'un fou rire lors que ces soirées.

- Il fallait mieux mentir, et puis on devait sauver notre peau, répliqua en riant Cassandre.

Sa réplique fit redoubler les rires et Clelia s'y joignit. Elle sentit Déiphobe s'installer près d'elle et glisser sa main sur son ventre. Sa respiration chatouilla sa joie alors qu'il se penchait à son oreille.

- Où étais-tu ?

- Sur les remparts, j'admirais le paysage.

Il resta près d'elle et se concentra de nouveau sur ses frères et sœurs.

- Le pire, intervint Hector, c'est Thysié, combien de fois s'est-elle fait prendre la main dans le sac et combien de fois j'ai dû la protéger !

La jolie brune rougit avant de donner un coup de coude à son aîné. Finalement, les soirées auprès de sa belle-famille n'était pas une si mauvaise chose, ils parlaient de tant de choses, des souvenirs d'enfants, légers et nostalgiques, à des sujets plus sérieux où tous pouvaient prendre part au débat. C'était un véritable régal pour Clelia qui découvrait des opinions si varier, elle qui avait été habituée aux acquiescements constants de ses conseillers ou généraux, de peur de la froisser. En fait, depuis qu'elle était entre ses murs, elle n'était plus la reine ou la cheffe de guerre, mais une simple femme qui revivait. Au final, Agamemnon lui avait fait un beau présent.

- C'était une fouineuse aussi, se dédouana la princesse, elle était pire qu'un chien de garde. C'est à cause d'elle que j'ai dû faire croire à mère que je voulais être prêtresse d'Hestia, sinon, elle m'aurait enfermé dans ma chambre et je n'aurai pas pu apprendre tout ce que je sais !

- Cette harpie, ce ne serait pas cette matrone qui te cherchait, il y a quelques années, dans la chambre d'hôte ? intervint Clelia pour être sûre.

- En personne ! Je ne te remercierai jamais assez de ton aide, cette femme était pire qu'un espion et j'aurai été puni.

- Tu as été déjà puni plus jeune ? demanda Polydoros à sa belle-sœur. Ou alors on te pardonnait tout parce que tu étais l'héritière ?

De Delphes toute puissanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant