Arrivant dans un village de pêcheurs, Clelia se débarrassa de l'himation qui couvrait sa tête et attendit ses enfants qui traînaient le pas. La souveraine était consciente des regards interrogateurs, et bientôt effrayés des villageois en voyant les loups qui marchaient d'un pas tranquille.
- Nous y sommes, ma reine, dit Anthea, intendante de la villa. C'est juste ici.
Elle indiqua une maison et sa porte peinte en bleu, assez modeste sans pour autant être vétuste. Clelia hocha la tête et prit l'amphore que tenait Anthea entre ses mains avant de se tourner vers ses enfants. Sophia était déjà assise sur le rebord de la fontaine, occupée à caresser la tête de son loup gris alors que ses frères, Desdémone et Alopex allaient sur la plage.
Ce village avait énormément changé depuis le passage d'Antipater dans la région. Il avait lentement regagné des habitants et tous s'étaient efforcés d'effacer toute trace de son passage pour enterrer le passé. Ils reprenaient leurs habitudes comme si rien ne s'était passé. Clelia avait été frapper par ce changement, n'ayant pas remis les pieds dans la région depuis tout ce temps.
- Dois-je rester avec toi, ma reine ?
- Je vais aller seule, je te remercie. Tu peux nous attendre ou alors rentrer.
L'intendante hocha la tête avant de se retirer dans un coin, se devant de rester là pour sa reine. Clelia s'avança jusqu'à la porte bleue et posa son amphore de vin sur le sol pour frapper à la porte. Elle craignit au début son absence mais elle s'était assurée au préalable. En venant dans ce village, Clelia avait aperçu le navire du vieux capitaine. Elle espérait maintenant qu'il se trouvait chez lui et pas ailleurs.
À son grand soulagement, une voix la répondit, en grognant, mais l'ouvrir. Clelia était déjà en train de sourire alors que le visage du vieux marin se figeait de surprise. Ils restèrent un long moment sans parler, puis finalement, Clelia se décida à le faire.
- Le temps a passé mais je n'oublie jamais les personnes que j'estime, commença-t-elle. Tu n'as pas idée de la joie que je ressens en te revoyant, mon vieil ami. Les Moires ont eu l'immense de croiser nos chemins, et je ne le regrette pas.
- Par le dieux, Clelia... enfin, je veux dire, ma reine ! Je te pensais entre à Delphes !
- Enfin, vis-tu dans une grotte ? rit-elle. Je suis revenue au printemps, après la réouverture du sanctuaire. Je suis si heureuse de te revoir, mon vieil ami.
Il se reprit, et honteux, s'empressa de débarrasser sa prestigieuse invitée avant de s'effacer pour la laisser entrer. Il referma la porte et indiqua un banc alors que Clelia restait debout, ne voulant pas prendre ses aises. Elle observait rapidement l'intérieur.
- Pardonne-moi pour le désordre, je vis seul et je n'ai pas d'esclave. Je passe mon temps dans la taverne et j'ignorais que la reine en personne viendrait...
- J'ai vécu presque la moitié de ma jeunesse dans des tentes, parfois en pleine nature ou alors dans des auberges sordides. À côté de tout cela, ta demeure est d'un luxe incomparable !
Elle prit place sur le banc alors que Soter disposait devant elle des figues, du pain et du fromage avant de lui chercher un gobelet pour lui servir du vin.
- Tu n'aurais pas dû te déranger pour la vieille carcasse que je suis..., bougonna-t-il en se plaçant devant elle.
- Au contraire, j'ai beaucoup de plaisir à me trouver ailleurs que dans mon palais. J'ai besoin de parler à une personne en qui j'accorde ma confiance et mon estime. Je t'ai amené du vin de Chypre, tu me diras ce que tu en penses. Comme tous les vins, il se coupe à l'eau mais je trouve qu'il est meilleur pur.
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De Delphes toute puissante
Historical FictionGrèce antique. Les grandes cités de Grèce se disputent une cité en particulier, gouvernée de façon particulière : des femmes sont à la tête, puissantes et indépendantes, aimées et respectées par leur peuple, prêtresses et médecins, guerrières et str...