La Panthère de Lumière

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Les invitations qui ont été mises dans nos téléphones mènent à une adresse et à une soirée tout ce qu'il y a de plus cosy, mais aussi tout ce qu'il y a de plus malsain, du genre piscine et stupéfiants, grande réception avec apéritif, présentation de projets plus ou moins illégaux en petit comité, et par ailleurs, la mention « seules vous les meufs » figure sur l'invitation qu'on nous a écrite texto. C'est-à-dire, qu'on nous dit de ne pas venir accompagnées. Autrement dit, seules et non pas avec des mecs. C'est très dissuasif. Voire inquiétant. Mais je ne crains pas tout ça, après tout, je suis sortie avec un gangster qui opère vraisemblablement sur plusieurs villes autour de Marseille et de la région, et je m'en suis tirée en vie. Peut-être même qu'il opère sur tout le pays, j'en sais rien.

Avec Laetitia, on s'est débrouillées pour obtenir une courte séquence de racing qui a été filmée depuis des bolides en réel, par l'intermédiaire d'un ami d'Océane. On a été obligées de payer, mais au moins, c'est une vidéo exclusive qu'on ne peut pas trouver sur internet. On va pouvoir prétendre qu'on l'a filmée nous-mêmes. Il ne nous reste plus qu'à espérer que personne ne voie la supercherie.

J'ai opté pour une robe d'ensemble, avec fine boucle-ceinture à la taille. Ça fait très habillé. C'est le genre d'endroit où il faut être jolies pour qu'on nous laisse entrer, mais pas trop sexy non plus pour ne pas que ces types-là s'intéressent trop à notre cul et ne tentent de nous manipuler. Des tenues qui nous mettent en valeur, mais tout en misant sur une apparence de femmes sérieuses qui tiennent à leur projet de vidéo publicitaire.

La visibilité nocturne est parfaite ce soir, le ciel est bien dégagé. Il ne fera pas trop sombre, c'est idéal pour la soirée.

Quand on arrive à la villa, qui se situe vers les hauteurs d'une colline et au bout d'un chemin de gravier, on constate que cette maison est trop belle pour être discrète. Cette villa est absolument superbe. Vraiment... la résidence semble avoir plusieurs étages et un gigantesque jardin. Il y a du mouvement autour de la propriété. Un bon nombre de voitures sont garées tout autour, ainsi que tout le long du chemin en montée. Ce sont des gens qui clairement n'ont pas peur, il doit y avoir des gens haut placés ici.

Lorsqu'on se présente devant l'un des portails, on doit attendre. Trois hommes filtrent les entrées. Ils sont assez bien habillés, ils portent un costard de teinte claire, presque beige.

L'un d'entre eux s'adresse finalement à nous :

— Bonjour. Vous êtes ?

— Agathe et Laetitia.

Ils échangent un rapide regard.

— Vous êtes arrivées seules ?

— Oui.

— Vous auriez dû demander à ce qu'on vienne vous chercher en voiture.

On ne sait pas quoi répondre. C'est vrai qu'on n'y avait pas pensé.

— La prochaine fois, ne venez pas à pied, dit-il en s'écartant pour nous inviter à entrer.

On le fait, et on pénètre dans un jardin bien entretenu, avec une pelouse fraîche et presque brillante, une pelouse parfaite. Tout ce à quoi on ne s'attendait pas. Il y a des tables recouvertes de nappes blanches, et des apéros, des flûtes d'alcool et toutes sortes de bouteilles bien disposées. Les gens discutent en groupes. La moyenne d'âge est de trente ans environ, et il y a beaucoup de filles, quasiment la moitié.

Trois mecs viennent vers nous, barbe de quatre jours impeccablement taillée.

— Bonsoir à vous. Et vous êtes, les princesses ?

— Laetitia. Et Agathe.

— Ah ouais, dit l'un d'entre eux. Vous vouliez faire affaire, un peu, c'est ça ?