Peu après minuit.
Le quartier résidentiel dans lequel j'habite, plus calme que les abords du littoral, n'est pas pour autant complètement endormi. Lorsque la voiture me dépose, je me dirige tant bien que mal vers la porte de mon immeuble. Je cherche ma clef dans mon sac et m'affaire à la passer près du verrou électronique pour ouvrir l'entrée.
J'entre et rejoins mon étage. Je ne suis pas complètement ivre, en tout cas, pas assez pour me cogner dans les murs ; mais je mets quand même deux à trois fois plus de temps à atteindre mon palier que d'habitude.
Une fois la porte ouverte, je pénètre dans mon appartement, plongé dans un calme serein.
J'ignore si ma mère est là ; parfois, quand elle trouve des pistes de travail sérieuses ou qu'elle est en CDD dans un boulot hors de la ville, elle découche chez des amis qui l'hébergent pour la nuit, ce qui lui permet de ne pas passer son temps dans le train.
En entrant dans ma chambre j'allume, puis me laisse tomber mollement sur le lit.
J'ai la flemme de passer par la salle de bain pour me démaquiller. Pourtant, je ne suis pas du tout fatiguée. J'aimerais poursuivre la soirée. Je glisse la main dans la poche de mon pantalon et en sort mon téléphone. Je parcours la liste de mes contacts en me demandant qui je vais bien pouvoir appeler.
Quand j'arrive au nom d'Ethan, mon doigt s'immobilise. Je ressens une irrésistible envie de lui téléphoner.
Mon doigt se tâte de lui écrire un message. Je pourrais lui écrire un joli SMS. Du coup j'écris ça :
La nuit est belle, mais la ville ne dort pas. Peut-être toi non plus, comme la dernière fois. Où es-tu ?
J'envoie le message. Puis j'éclate de rire et retombe sur les draps.
Soudain je sens mon téléphone, posé sur mon ventre, vibrer. Il vient de répondre. Je saisis très vite l'appareil et regarde : c'est bien lui. Je m'empresse d'ouvrir le message.
Là où les lumières nocturnes, projetées vers le ciel, s'élèvent le long des façades, impression irréelle, illuminées de leur éclat de diamant. Tapissant la ville jusqu'au firmament, d'une beauté à faire pâlir la lune de désir... un désir ardent. Là-bas, au loin, un éclat naissant. Métal argenté, résonnent alors de lointains sons, échos sourds et tranchants, mortelles détonations... qui déchirent l'obscurité et retentissent dans les allées, tels des coups de fouet acérés...
Oh, il écrit bien ! Il a un côté... sombre et poétique en même temps... la manière dont il parle de la violence, des détonations comme ça... je lui réponds rapidement, en prenant soin d'écrire aussi bien, mes doigts tapotant sur l'écran :
Et ces échos sourds et tranchants, quand cesseront-ils de retentir ?
Sa réponse arrive après un petit délai.
Tant que je vivrai pour eux, jamais...
Oh, il est mystérieux... mais je comprends ce qu'il veut dire. Il parle de coups de feu réels... j'espère qu'il n'y a pas eu de fusillade quelque part en ville... du coup je m'inquiète.
J'espère que tu vas bien...
J'ose écrire ça, mais je ne sais pas trop si je peux me permettre de me montrer trop soucieuse... il est le genre d'homme indépendant qui n'aime pas qu'on s'inquiète pour lui.
J'attends sa réponse, en m'enroulant dans les draps. Qui finit par arriver :
Qui peut s'en soucier...
J'hésite à répondre : « Moi, je m'en soucie ». Il n'est pas prêt à ce que quelqu'un se soucie de lui. Trop fier pour ça. J'ai l'impression que dans les milieux criminels, c'est vraiment « chacun pour soi »...
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La Panthère de Lumière
RomanceQui est ce jeune homme rebelle et mystérieux, qui parcourt la ville sur sa moto noire pour y faire régner sa loi ? Pourquoi m'a-t-il sauvé la vie ? Et pourquoi repousse-t-il toutes mes tentatives pour essayer de le connaître ? Pourquoi est-il à la f...