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Quelques jours plus tard.

— Eh, tu as du mal à le porter ?

Laetitia m'interroge du regard en disant ça. C'est vrai que je me trimbale la caméra en plus du sac avec le reste du matériel. Mais je suis de bonne humeur. Donc motivée.

— Non ça va, comme ça on gagne du temps.

Elle m'adresse un sourire plaisantin, ses cheveux blonds dont elle vient de se refaire les mèches rayonnant au soleil. Si je pose le sac ne serait-ce qu'une seconde et détourne le regard je vais la retrouver en train de le porter ainsi que le reste du matériel, me donnant comme argument « qui le trouve le garde » ! Elle aime pas trop que je porte tout et que je fasse tout.

Mégane est allée récupérer des choses dans la salle de développement, pour le travail de cinéma audiovisuel. En attendant son retour, on a commencé à tout transporter. Elle adore embêter le professeur, et lui dire comment les prochains cours devraient se passer « pour que ce soit plus sympa ». Si elle pouvait prendre sa place pour nous faire des cours à sa sauce, on passerait notre temps à faire des voyages entre la France et les États-Unis pour chaque fête de sortie de film (et ce serait effectivement plus sympa).

Ça peut durer des heures, je la connais, alors vaut mieux trouver quelque chose à faire en attendant.

— Et Ethan, il est là ? questionné-je, tandis qu'on sort de l'enceinte de l'établissement.

— Oui t'inquiète, tu l'as pas vu ? Il est arrivé plus tard. Tu étais déjà partie devant.

Je localise Ethan en le cherchant du regard, sur toute la zone où le film doit être tourné. Il est là-bas : adossé à un mur et tient un bouquin à la main, les bras à moitié croisés. Le regard plongé dans la lecture.

Oh, il a fait vite. Ça fait plaisir de le voir lire, il a l'air sérieux comme ça. Il ressemble à un brillant jeune homme promis à un grand avenir professionnel et non plus à un criminel quand il lit avec autant de sérieux. Je dis à Laetitia :

— Je crois qu'il a été plus rapide que nous !

Elle se contente de sourire et poursuit sa marche, tandis que je ralentis en arrivant près d'Ethan. Je tente de voir la couverture de son livre. Et le titre.

— Tu lis quoi ?

Il rabaisse son livre et cache la couverture contre son torse, tout en m'adressant un regard amusé.

— C'est pas tes oignons, ma belle...

— Tu oses pas dire que tu lis des livres en dehors du travail étudiant ? Oh, ça va, je le dirai à personne.

Je n'ai pas eu le temps de voir ce qu'il lit : dommage !

Il me foudroie d'un regard joueur, et annonce :

— Ça s'appelle « Comment ligoter les curieuses ». Il y a les images, les techniques et tout. C'est un best-seller...

Il a un ton sarcastique et provocateur. Alors je rentre dans son jeu et réponds, en rigolant :

— Oh, je pensais que c'était un livre sur les mecs qui adorent avoir des menottes aux poignets... qui finissent par aimer ça... à force de commettre des actes répréhensibles et de fréquenter les pires gangsters, il faut s'y habituer aux menottes...

— Ce livre-là il reste chez moi, je ne l'amène pas à la vue de tous le monde. C'est personnel.

— Du coup, je peux venir chez toi pour le lire ?

— Hum non, je n'ai pas encore suffisamment appris les techniques décrites dans « Comment ligoter les curieuses ».

— Ah c'est dommage. Parce que tu mérites qu'on les teste sur toi, les menottes. Je peux en apporter, aussi...

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant