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Je tends le bras pour saisir la cuillère, fascinée par la flamme qui danse devant moi. Un plateau blanc se trouve sous la coupole.

Soudain on m'attrape brutalement le bras ; la poigne serre si fort que je lâche la cuillère et pousse un gémissement de surprise.

— Qu'est-ce que tu fous ? gronde la voix d'Ethan. On peut pas te laisser cinq minutes seule ?

Je lève la tête vers lui : il a l'air inquiet pour moi. Et particulièrement soucieux de ce que je fais ou de ce qui pourrait m'arriver ; c'est dingue comme il tient à moi on dirait.

Après m'avoir lâché le bras, il avise ce qui a été placé devant moi d'un air méfiant.

— Tss touche pas à ça, on n'est pas venu pour...

Il attrape la cuillère avec dédain, et jauge de ce qu'il y a dedans.

— Bon, okay... pour ça c'est bon... mais sous ma surveillance, dit-il, visiblement rassuré par son contenu.

Il s'installe près de moi, à mes côtés. Je sens mon cœur battre plus fort et un bien-être chaud et rassurant m'envahir. Que je le sente si près comme ça, quasiment contre moi, ça ne me laisse pas indifférente. Et ne laisse pas mon corps indifférent. En particulier quand il glisse ses bras autour de moi, et en profite pour ramener les objets concernés vers nous deux. Comme pour m'enlacer à cette occasion.

Je ne sais pas pourquoi mais j'ai envie d'y goûter dans ses bras, l'alcool trouble ma raison, son corps doux et musclé prenant soin de moi aussi, tout contre le mien... il est très protecteur, et à la fois, délicieusement criminel... sensuellement criminel...

Il souffle brièvement sur la cuillère. Il la passe sous la flamme, puis, juste en dessous de mon nez. Je me sens comme dans des bras de coton, en totale confiance.

— C'est quoi ? demandé-je.

— Rien qui craint. Rien de trop fort.

Il souffle doucement, sensuellement, et je vois la cuillère rougeoyer, la flamme vaciller, danser, s'arrondir et se renforcer. Il approche à nouveau la cuillère de moi. Je sens des volutes plus consistantes que celles qui règnent dans la salle venir me lécher le menton, puis les narines. Une bouffée prenante, et en même temps fraîche. Rien d'étouffant, mais tout en volupté. J'aspire, m'amuse à avaler la fumée. L'expire, créant à cette occasion des formes qui se mêlent aux strates et jets de lumières projetées dans la salle. J'en aspire encore. En rigolant.

La dernière bouffée me monte peu à peu dans la tête, entraînant chez moi une sensation de libération, tout en réchauffant mon cœur et en berçant le reste de mon corps.

Je me laisse aller contre Ethan... dans les ténèbres... je ne vois que sa bouche, sa bouche magnifique. Dans l'obscurité changeante. Je me sens flotter... contre lui... dans ses bras... tout contre lui. Je sens mon cœur battre, tendrement. Au creux des bras d'Ethan. Portée par lui. Je relève le visage vers lui, vers sa bouche masculine, sa bouche si attirante...

J'approche mon visage du sien, lentement... fascinée par lui... et me sens encore plus flotter dans une autre dimension, au fur et à mesure que je m'approche de lui. Au fur et à mesure que je vais vers sa bouche.

Je ne peux pas l'embrasser. Il est inaccessible, il est... parfait. Il est... celui qu'on ne peut pas séduire. Le maître de la ville, le maître de... bien d'autres choses. Je ne peux pas l'avoir... ou bien... si ?

Je veux lui dire que je l'aime... c'est le moment... et un refus me tuerait sûrement... mais je dois le lui dire... maintenant... je dois savoir si lui aussi ressent des choses pour moi. Il est si secret.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant