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Je reviens près des fenêtres. Les secondes s'écoulent, dans le calme absolu. Je tends l'oreille : il arrive. J'ai une chair de poule d'excitation en entendant la porte du grand appartement s'ouvrir. Il est rapide ; quand il veut, il ne traîne pas.

Il apparaît enfin, à l'orée de la pièce, beau comme un dieu et en costume bleu sombre sans cravate. Il s'appuie un moment l'épaule contre le mur, les bras croisés, et m'adresse un sourire. Puis il reprend sa marche et entre complètement dans le séjour.

J'avance vers lui, le cœur battant, et arrivée à lui je le prends par les mains et on se fait la bise. Mais j'ai trop visé la bouche d'Ethan et on manque presque de s'embrasser : mes lèvres arrivent tout juste à côté de celles du jeune homme. Juste au coin.

— Oups désolée, plaisanté-je, un peu gênée mais amusée que mon cœur ait dépassé ma raison.

— Ce n'est pas grave... je crois qu'on va devoir lutter tous les deux contre ce à quoi nous poussent nos cœurs.

— Tu es sûr qu'on doit lutter ?

— Oui. Il ne faut pas trop que tu t'approches de moi, tant que je suis surveillé, tu pourrais te retrouver sous les radars toi aussi. Et puis il y a des tas de raisons pour lesquelles on doit cacher notre relation. Sofia qui ne doit pas le savoir, comme ça je pourrais intervenir au bon moment si nécessaire... Gravière, et les officiers de police qui vont commencer à t'interroger s'ils savent que tu me fréquentes... et j'en passe, j'en passe beaucoup sur les problèmes que ça pourrait nous poser à tous les deux.

— Mais là, ici, personne ne nous voit... on pourrait vivre notre amour, non ? Mais ne t'en fais pas chéri, je te laisse du temps. Si tu ne veux pas qu'on s'embrasse on ne s'embrassera pas pour l'instant. Je ne vais pas te sauter dessus t'inquiète pas.

— Et tu serais prête à aimer quelqu'un comme moi, princesse ? Toi qui déteste tant les gars qui se tuent et se rafalent sans pitié pour des histoires de fric et de stupéfiants ? Quelle différence entre moi et ces gens-là ?

Je souris et plaisante :

— Toi t'es choupinou.

— Non, mais sérieusement. Tu te doutes bien que je contrôle un peu tout ça...

— Ben t'es pas comme eux, t'es pas une brute. Une brute ne m'aurait jamais portée dans ses bras hors du parking. Une brute ne m'aurait jamais ramenée chez moi dans ses bras alors que j'avais perdu connaissance à cette soirée où j'étais dans les vapes. Une brute ne m'aurait pas sauvée et protégée autant de fois.

Je lui caresse la main et remonte un peu jusqu'au poignet.

— Une brute n'a pas la peau aussi douce... une brute, je n'ai pas envie de l'embrasser...

— Tu as envie de m'embrasser ? dit-il en me fixant de ses yeux magnifiques.

— À ton avis...

Je le regarde dans les yeux, tout en lui caressant le poignet. Et ajoute :

— Mais je ne le ferai pas, je te respecte...

— Je suis touché par ta sagesse...

Il lève la main jusqu'à mon épaule et me caresse le cou. Puis il abaisse son visage, le rapproche de moi, me frôle la joue avec les lèvres.

— Car moi aussi, je vais devoir résister... je compte sur toi pour m'y aider...

J'adore ces caresses. Je me sens tellement aimée... il a les mains si douces, les gestes si tendres, et je sens qu'il a les lèvres douces aussi... j'essaye de bouger la tête, lentement, pour rencontrer la bouche d'Ethan, qui se pose sensuellement sur ma joue... j'ai tellement envie d'échanger un baiser... mais je ne veux pas le forcer. Je voudrais profiter de ces bisous qu'il me donne sur la joue, si agréables... et rapprocher nos deux bouches...

Il me caresse délicatement l'épaule et le cou. Il fait glisser le dos de la main sur ma nuque, et me plonge lentement les doigts dans les cheveux... je me sens envahie d'amour, une sensation voluptueuse, pleine de plaisir. Mon cœur bat comme un fou et diffuse un bonheur à la fois charnel et sentimental dans tout mon être.

Mais avant que nos lèvres ne puissent se rejoindre, Ethan retire ses mains et se détache progressivement de moi.

— Non, on doit pas déconner.

J'essaie de me reprendre, tandis que je baigne encore dans cet enivrement émotif dans lequel cette étreinte m'a plongée.

Il me caresse un peu la joue avec un sourire charmant, et chuchote :

— Il faut qu'on soit raisonnables, princesse... je crois que je vais devoir prendre sur moi ce fardeau d'être raisonnable... je dois pouvoir compter sur toi pour m'arrêter si je déconne comme maintenant...

— Non je peux pas cacher ce que je ressens pour toi mon amour... je fais déjà d'énormes efforts pour ne pas trop te toucher, alors que j'ai tellement envie de t'avoir dans mes bras... tu n'imagines même pas...

Il me fait un clin d'œil et dit :

— Alors on en reste là pour l'instant ma belle.

Il effectue quelques pas tout en s'éloignant de la fenêtre. Il se déplace jusqu'à l'entrée de la pièce, me fait face, et croise les bras. Calmement, il me flanque d'un regard direct. Je reste immobile ; c'est fascinant quand il me fixe de ses yeux si parfaitement analytiques comme ça.

Je déclare :

— Est-ce que tu es toujours d'accord, pour m'apprendre à me défendre ?

Il hoche la tête.

— Avec grand plaisir.

Il me gratifie de ses yeux intelligents et ajoute, sans décroiser les bras :

— Veux-tu que je t'entraîne à te battre physiquement, ou moralement ? Souvent, le combat le plus efficace consiste à dominer son adversaire psychologiquement, à le briser et à le mettre hors d'état de nuire. L'affrontement physique n'est à utiliser qu'en dernier recours. Mais il faut savoir se défendre physiquement aussi, et je pense qu'il faudra que tu sois prête à te défendre si nécessaire.

— Comment est-ce que je pourrais faire ? Il paraît que Sofia Nadous a des centaines de personnes capables de faire le sale boulot pour elle...

— Un peu de tactique ça ne fait jamais de mal. C'est pour ça que je te dis que l'affrontement physique doit être combiné à l'affrontement psychologique. Tu dois trouver ses failles. Moi je serai là pour te protéger. Si tu m'appelles, je serai là, au moindre problème.

— On va travailler ensemble, alors ?

Il sourit.

— En partenaires. Tu te souviens ? Nous sommes partenaires.

Je lui rends son sourire.

— Tu me donnes du courage. J'ai l'impression de pouvoir changer le monde, avec toi. De pouvoir arrêter de baisser la tête quand je sors le soir en ville et que je croise des cons.

— Bientôt, tu auras le respect de toute la ville, et bien au-delà. Surtout si toi et moi...

Il a un petit signe de tête amusé.

— Tu vois... si on se met ensemble. Partenaires... ou plus.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant