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Le lendemain.


Monsieur Gravière joint ses mains devant lui, posées sur son bureau.

— Je vous écoute, mademoiselle.

— Je suspecte Sofia Nadous d'avoir commis un meurtre. Voire même plusieurs.

Assis devant moi, il me fixe des yeux, longuement.

— Avez-vous des preuves ?

— Non malheureusement, car elle est très bien protégée, il y a beaucoup de gens qui la soutiennent. Est-ce que je pourrais savoir... où vous en êtes de vos investigations, vous savez... pour la personne qui m'avait poussée dans les escaliers ?

Il me regarde en silence. Avant de reprendre :

— Puis-je vous faire part du fond de ma pensée ?

— Euh... oui...

— Je suis, pour ma part, intimement persuadé qu'elle a organisé cet accident dans les escaliers. Malheureusement, l'une de ses amies s'est dénoncée à sa place. Le sort de cette dernière est désormais entre les mains de la police.

J'ouvre des yeux horrifiés. Encore une fois elle s'en tire.

— Vous voyez, cette fille est capable d'accepter de se retrouver en prison juste pour protéger Sofia !

Des frissons me parcourent le corps. Sofia finira par envoyer quelqu'un pour me faire la peau, c'est sûr... et c'est cette personne qui ira en prison à sa place.

Face à la gravité de monsieur Gravière, qui semble avoir compris, je reprends :

— Qu'est-ce que je dois faire selon vous ?

— Vous pouvez demander une protection policière. Je vous le conseille fortement. Mais ce n'est malheureusement pas de notre ressort, ici.

Je soupire de peur. Gravière me demande :

— Et, qui vous a raconté cela, en premier lieu ? Le fait qu'elle ait déjà commis un meurtre ?

— Euh... Ethan... Ethan Sroth.

Je regrette mes paroles à peine les ai-je prononcées. Les traits de monsieur Gravière se tirent, rendant son visage très dur. Il a un air particulièrement grave, maintenant.

— Que vous a-t-il dit, très exactement, et à quelle occasion ?

— Je... le fréquente un peu. Il m'a dit qu'il savait qu'elle avait déjà tué... mais il n'a pas voulu préciser comment il l'a appris.

— Pardonnez-moi de vous l'annoncer aussi brutalement, mais vous êtes mille fois plus en sécurité dans un conflit avec madame Nadous qu'avec Ethan Sroth. Méfiez-vous des déclarations de monsieur Sroth : tout ce qu'il peut vous dire doit être pris avec distance de votre part, et vous devez me le rapporter. Pouvez-vous me rapporter ses dires de manière régulière ?

— Mais... pourquoi ? Vous m'aviez dit de ne pas m'inquiéter, à l'époque, quand je vous ai annoncé le fréquenter...

— Je crois dans sa bonne volonté. Mais toute bonne volonté peut rapidement s'effacer...

— Qu'a-t-il fait exactement ? D'où vient-il ? Je sais qu'il a eu affaire à la Justice, mais il n'a jamais voulu me donner de détails...

— Il ne vous l'a pas dit ?

— Non...

— Il est plus sage que je ne le pensais, alors.

— Racontez-moi, alors. S'il vous plaît. Je n'ai rien trouvé sur internet, et il reste très mystérieux. Les gens qui savent ne veulent pas en parler.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant