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Il me fixe d'un regard de braise. Et murmure :

— Agathe...

Mais avant qu'il n'ait pu poursuivre, son téléphone sonne à nouveau. Et un SMS reçu en même temps que l'appel. Il en est vivement agacé.

— Bon excuse-moi deux minutes, ça va être vite réglé... s'énerve-t-il en s'emparant de son téléphone.

Il le consulte, en plissant un peu les yeux à mesure qu'il lit l'écran. Puis il porte l'appareil à son oreille, probablement pour rappeler l'une des personnes qui tentent de le joindre.

Tandis que les tonalités retentissent, il me fait gentiment signe de patienter. Quelques secondes passent ; mais personne ne répond, alors il raccroche.

— Peut-être qu'il est déjà mort. J'pense qu'il aurait mieux fait de répondre... dans son intérêt... mais, bon... excuse-moi encore... toi, tu vas me dire des choses bien plus intéressantes, Agathe...

— Hum, au moins tu admets que je dis que des choses intéressantes... mais, mort ? Putain, c'est vraiment chaud les milieux que tu fréquentes...

— En effet... et puis toi, tu es vraiment différente, d'habitude les gens viennent avec une sorte de fascination morbide ou autre. Putain, je pensais que j'aurais la paix dans cette ville...

— Allez, dis-moi ce qu'il s'est passé...

— J'ai été accusé à tort d'un truc. J'ai dû fuir dans une nouvelle ville pour recommencer à zéro. Il a fallu... m'écarter du business. Laisse tomber, ça te concerne pas, tu as cette chance, de ne jamais avoir été trempée dans ce genre de truc.

Il effectue un léger geste de rejet avec la main, avant d'ajouter, trop agacé :

— Les institutions sont fortes pour t'écarter quand tu gênes. Soi-disant pour t'aider, mais mon cul, ouais... après t'avoir tout mis sur le dos. Génial l'aide.

Je m'apprête à lui dire que ce n'est pas en continuant de fréquenter des individus peu recommandables qu'il parviendra à dissiper le doute sur ses bonnes volontés, mais je préfère jouer l'apaisement :

— Je t'aiderai à effacer les traces qui sont encore là, si c'est ce que tu veux vraiment.

— Bon courage.

— On va chez toi après ? J'imagine que tu as un grand appartement ou villa, tu peux inviter du monde.

— Du monde ? Pour qu'ils y fassent quoi ? Qu'ils fouillent ?

— Qu'ils fouillent quoi ?

— Genre pour trouver un document ou un truc qui puisse nourrir leurs fantasmes malsains. T'as pas idée du nombre de filles qui te regardent avec les yeux de Chimène quand t'as une sale réputation, quand t'es un homme puissant ou qui l'a été. Mais elles comprennent pas. Elles ne peuvent pas comprendre. Et pour les mecs c'est pareil, sauf que eux, ils veulent qu'on leur rende des services.

Il a un soupir rageur. Puis il me regarde et déclare, changeant subitement de sujet :

— Bon... si tu veux manger un morceau à l'air libre un soir ou l'autre pour te détendre tu seras la bienvenue ici, tu n'auras rien à débourser. Mais si tu préfères un autre restaurant, j'en ai d'autres, dis simplement que tu me connais.

Puis il interpelle le patron :

— Hey Marc, tu la serviras gratuitement si elle revient manger ici, ou tes employés si tu n'es pas là.

Le propriétaire acquiesce en silence. La chose semble être entendue. Ethan reprend :

— Telle une princesse, tu dois être traitée comme une reine.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant