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À moitié allongée sur mon lit, les jambes presque entièrement repliées, je regarde la nuit noire par la fenêtre. La seule luminosité notoire provient de l'éclairage de la rue. Je contemple l'obscurité, rêveuse. Le téléphone à la main.

Je n'ai pas osé lui demander une voiture. Je ne sais pas encore si je veux me donner entièrement à lui et au monde du crime. Quand on commence à goûter à ces choses-là, à ce luxe interdit, on peut difficilement revenir en arrière.

Le stream d'un ami tourne sur l'ordinateur, mais je ne le regarde même pas.

Mon téléphone sonne. Je décroche.

— Coucou, tu as fini de manger ? fait la voix de Laetitia à l'autre bout du fil.

Je cligne des yeux en regardant vers l'extérieur à nouveau. Je ne lui ai pas parlé de la proposition étrange que m'a faite Ethan. Un partenariat pour combattre les salopards... m'apprendre à me défendre contre les délinquants, les criminels... de la part d'un criminel. Ironie du sort. Mais c'est vrai qu'il doit s'y connaître.

Je préfère ne pas aborder le sujet pour l'instant et réponds :

— Là je me détends... séance étirements et paresse tranquillou, le temps de digérer et puis je regarde la télé... et toi ?

Avec Laetitia, on se parle à n'importe quel moment. Quand on le souhaite. Même se réveiller en plein milieu de la nuit en téléphonant l'une à l'autre juste pour se dire « coucou coucou », et même si ça peut donner un « tu fais chier » empreint d'un gloussement de rire.

Mon regard se fixe sur le mur. À nouveau rêveur. À l'heure où je suis là, repue et allongée sur le lit... beaucoup de brutes doivent se battre en ville, se tirent dessus pour des histoires d'argent. Espérons qu'Ethan ne s'en mêle pas...

Ces brutes... des trafiquants, des voyous de cités ou autre. Ceux-là-même qui reviennent toujours par opportunité et de manière structurelle, polluer les rues, encourager les violences... malgré le travail d'Adrian Staune et de ses nombreux collaborateurs.

Ne rien faire contre eux... ça ne peut que les encourager à continuer.

Je dis à Laetitia, qui est toujours au téléphone :

— Il faudrait faire quelque chose, sérieux, pour tous ces cons qui trafiquent dans les quartiers chauds... ils sont encore pires que les gens comme Sofia pour polluer l'espace. On devrait pouvoir circuler librement partout, tu crois pas ? Je comprends pas pourquoi la police fait rien.

— Ils n'ont pas les effectifs, je crois.

— Pfff. C'est vraiment con.

— Peut-être qu'ils ont l'ordre de ne pas trop intervenir aussi, pour garantir la paix sociale.

— Adrian Staune il est intervenu, lui, il en a rien eu à fiche de la paix sociale !

Laetitia rigole :

— Non mais lui il s'en fiche des conventions et des prudences, des règles, il s'en fiche quasiment des lois, quand il décide de faire quelque chose il le fait.

— Oui, c'est un vrai mec, un héros moderne. Oh tu sais j'en ai été malade de m'être ridiculisée face à lui.

— Ah oui tu lui es presque rentré dedans ! Ça va il a été sympa.

— Oui mais pfff, géniale la première impression. Me casser la gueule face à lui.

Je me laisse retomber sur le coussin et sur les draps en soupirant, les joues gonflées d'air.

— J'ai le don pour me ridiculiser face aux mecs les plus craquants. Toujours. C'est comme quand je dégringole les escaliers pour me retrouver en bas face à Ethan.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant