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Le lendemain, 17h.

À peine descendue de la voiture, je vais faire la bise à Maximilien et à plusieurs des nouveaux amis que je me suis fait. C'est des gens bien. Ils ne sont pas parfaits, loin de là, mais globalement c'est des gens plutôt sympas.

Une odeur sucrée et parfumée flotte dans l'air tandis que je marche avec Maximilien, les autres autours de moi. On discute.

— Au fait il paraît que c'est des gros connards les gens dont tu m'as parlé. Ceux qui ont arnaqué les deux mecs que tu as vu hier soir, là. Avant c'était déjà des salopards, et là ils deviennent de pire en pire.

Je remonte mon foulard décoratif sur ma bouche, ce qui fait ressortir mon khôl. Avec ma casquette en plus on ne voit que mes yeux de biche comme ça, aux cils un maximum allongés, j'aime trop.

Je réponds :

— Alors faut les arrêter. Oui, la leçon qu'il faut en tirer c'est qu'il faut se renseigner sur le passé des gens avec qui ont veut dealer, quoi.

— Après le passage de Staune beaucoup de petits cons se sont excités. L'offre qui ne peut plus satisfaire la demande, tu sais, tout ça. Ils se sont entre-tués pour prendre le contrôle de la ville.

— Et du coup ils font quoi en ce moments ces salopards ?

— Bah ce qu'on m'a dit c'était pas clair, des trucs, ils attirent des gens et les possèdent complètement, les obligent à bosser pour eux, enfin, ce sont des partenariats véreux et des contrats dont on ne sort pas, des arnaques de haut niveau. En tout cas c'est ce qui m'a été remonté, après, moi voilà, je ne connais pas tous ces gens, je t'aide avec ce que je sais.

— Mais c'est déjà super sympa t'en fais pas.

— Qu'est-ce que tu comptes faire ? demande un des mecs.

— Pourquoi je compterais faire quelque chose ?

— Ben je sais pas.

Je pouffe d'un rire enjoué. Puis je lui fais un clin d'œil, de mes yeux de biche aux paupières bleues et aux longs cils :

— Moi, je sais pas, mais ils pourraient tenter d'arnaquer la mauvaise personne, juste le genre qu'il faut pas tenter d'arnaquer, et qui, lui, ferait vraiment quelque chose... hey, c'est mieux de s'amuser en faisant quelque chose, non ?

— Toi, t'as une idée, dit un des mecs, qui ne peut s'empêcher de sourire.

Je ne lui réponds pas mais j'esquisse un sourire. Mais surtout, là, pour l'instant, j'ai envie de partager avec eux un kebab. J'ai l'estomac qui gargouille.


*  *  *  *  *


La salle est déjà quasiment vide. Quelques personnes restent encore pour échanger mais la plupart ont franchi la porte. Une bande de mecs discute entre eux de l'argent qu'ils viennent de se faire, des avantages divers qu'ils vont obtenir et de la suite des événements. De ce qu'ils vont pouvoir organiser maintenant. Quand un mec qu'ils connaissent bien franchit l'entrée et se dirige vers eux.

— Hey !

Ils se tournent vers lui.

— Vous m'avez pris pour un con la dernière fois.

— Ça va man, lâche-nous...

— Ouais, sinon il va t'arriver des trucs. Dégage.

— Ouais, c'est ça... rétorque-t-il. Les mecs, j'crois que vous avez pas choisi la bonne personne.

Le regard de la bande est attiré par deux flics qui sont en train d'entrer dans la salle. Ce n'est qu'à ce moment-là que leur visage change subitement d'expression et que leur insolence disparaît immédiatement. En croyant berner un nouveau gars, ils sont eux-mêmes tombés dans un piège. Ce nouveau gars a des contacts dans la police, sans doute un putain de fils de commissaire ou autre... un nouveau gars qu'une certaine Agathe a, peut-être un peu volontairement, mis sur leur chemin...


*  *  *  *  *


Je m'éloigne tranquillement de la pole position en désignant plusieurs voitures.

— Les trois, là, et surtout elle en premier.

Mes potes ne manquent pas de me donner leurs impressions :

— T'as un don toi, mais j'suis sûr qu'un jour tu vas te tromper, plaisante l'un d'eux. J'te paye un restau de sushis le jour où tu te trompes, que j'serai trop fier d'avoir eu raison pour une fois !

— Ben rêve, les sushis c'est moi qui continuerai à vous y inviter pour l'instant.

Je vais me ranger avec eux, et tape dans la main de l'un d'entre eux. Puis je vais faire un tour, sans même regarder le début de la course. Évidemment, on ne peut pas me faire respecter les règles, à moi. Même les plus consensuelles. Mais tout le monde s'en fiche. Tout le monde m'aime bien, au fond. Même si j'arrêtais d'avoir des bons feelings avec les courses de bagnoles. Je suis en train de changer cette ville. D'arrêter les délinquants, de protéger les plus faibles, et de transformer parfois les petits voyous en gars bien. Je suis en train de me transformer, de faire ma mue comme Ethan dit. Et j'adore ça.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant