La Panthère de Lumière

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Sur la terrasse du restaurant, en milieu d'après-midi, je bois le contenu de mon lait fruité sans conviction, pensive. Plein de nuages noirs dans ma tête.

— Hey, c'est toi la meuf qui file l'argent de ses paris de voitures à ceux qui en ont super besoin ? demande un mec qui arrive avec trois autres.

— Oh fous-lui la paix, rétorque Maximilien, qui est assis en face de moi.

— C'est rien désolé, on vient rien te demander t'inquiète, c'est juste pour te dire que c'est génial ce que tu fais !

— Merci.

Ils repartent après m'avoir souri avec sympathie.

— Tu as des problèmes Agathe ? me demande Maximilien, voyant que je suis préoccupée.

— Oh non, ça va. Mon copain me fait la gueule, ma meilleure amie me dit que je devrais pas fréquenter un mec tel que lui, et j'ai toute une bande de tueurs à mes trousses, mais à part ça, tout va bien.

— Ah ouais, chaud...

Il réfléchit et dit :

— Qui veut te tuer ? C'est l'individu dont tu m'as parlé ?

— Oui et tous ses complices. Je flippe à mort.

— T'as le moindre problème moi et mes potes on accourt.

— Oui, encore faut-il que j'aie le temps de vous appeler.

— Numéro préenregistré, t'appuies juste sur le bouton.

— Merci, c'est sympa de ta part.

— Non c'est juste normal, en plus t'es super aimée, personne ne laissera quiconque te faire du mal.

Comme quoi il n'y a pas que des salauds dans ce monde de la délinquance, dont Maximilien et ses potes ont toujours fait un peu partie quand même. Encore une fois, Ethan avait raison en me disant de ne pas mettre tous les délinquants dans le même panier.

*  *  *  *  *

Ici c'est la principale route nationale, elle mène directement à la ville. C'est inquiétant, d'une certaine manière : avec la circulation qu'il y a encore à cette heure du soir, le risque d'accidents est très élevé dans le contexte d'une course illégale... mais je ne renonce pas au plan que j'ai mis au point pour taquiner Ethan et renouer avec lui : j'ai toute confiance dans les capacités de mon tendre chéri.

Au cœur de la nuit désormais presque noire, on me dépose en voiture là où sont réunies une trentaine de motos, toutes extrêmement belles, chromées et impressionnantes. Elles rayonnent, elles et leurs phares éblouissants.

J'ai envoyé un texto à Ethan en lui disant simplement que j'ai besoin de lui. Je sais que, même s'il m'en veut pour la dernière fois, il viendra et m'aidera immédiatement si j'ai le moindre problème.

Et en effet, il m'a répondu par message qu'il se rendra à l'heure et à l'endroit que je lui ai indiqués, c'est-à-dire maintenant, dans une dizaine de minutes.

Je l'attends patiemment, en faisant les cent pas sur le parking proche du départ de la course, et en guettant au loin l'autoroute qui vient de la ville, tandis que les brillantes bécanes grondent déjà, leurs conducteurs respectifs se provoquant les uns les autres.

Quand tout à coup je vois la Yamaha noire arriver et sortir des ténèbres dans un vrombissement d'enfer : il est vraiment impressionnant quand il la chevauche comme ça, et si beau putain, ça me donne des frissons. En quelques secondes il est là. Tous les regards se tournent immédiatement vers lui, tandis qu'il s'arrête à quelque distance devant moi.