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Quand il revient vers moi je ne le vois qu'au dernier moment dans la clarté obscure ; tel un adonis sortant d'une atmosphère masquée. Il ne me glisse que quelques mots :

— J'ai encore un truc à faire, reste là.

J'oriente le visage vers lui pour rétorquer :

— Et pourquoi je viendrais pas ? T'es encombré par ce que tu fais ? Ou bien tu fais des trucs illégaux ?

Mais il s'est déjà éloigné et disparaît, à l'aide des jeux de lumières et d'ombre.

Je me rends compte que je suis complètement stupide, voire inconsciente. C'est peut-être un mec violent, un dangereux délinquant mêlé à de graves affaires, ou que sais-je. Et là je suis venue ici, avec lui, dans un endroit que je ne connais pas. Sans prévenir personne, et sans avoir l'adresse du lieu. Personne ne sait que je suis ici.

Je me dis qu'Ethan n'est peut-être pas venu dans cette ville par hasard...

Avec tout ce que j'ai bu, ces saveurs que j'ai encore dans la bouche, ça monte facilement à la tête. Je me sens bientôt si bien que j'ai envie de danser. Je m'éloigne du comptoir et laisse l'alcool agiter mon corps. Je fais décrire à mes bras des mouvements amples et libres. Je redresse mon visage vers les lumières et danse, dans une chorégraphie improvisée, tout en joie et en agilité. Soudain, je sens quelque chose se poser contre mon bras relevé, une sorte d'étreinte douce juste sur mon avant-bras. Je rouvre les yeux : c'est Ethan, qui me tient très délicatement le bras et me le rabaisse :

— Hey Nabilla, t'as décidé de passer le reste de la soirée ici ou tu nous suis ?

Je m'arrête de danser et dit, vu comment il m'a surnommée :

— Hey, tu m'insultes pas !

— Désolé, c'est vrai que c'est salaud comme surnom... je ne suis pas du genre à aller aussi loin dans l'insulte d'habitude, c'est vrai que là j'ai abusé. Mais c'était pour te faire réagir ma belle. J'aime bien quand on se fritte, quand on se dispute. Allez, amène-toi.

On échange un sourire.

On s'éloigne tous les deux en direction de la sortie. En marchant côte à côte. Moi aussi j'aime bien quand on se taquine mutuellement.

J'avance contre lui, son corps près de moi...

On se frôle, au gré de nos mouvements. Il sent divinement bon, la senteur très légère d'un parfum masculin qui se mêle à son odeur naturelle et la rend encore plus obsédante. Arôme envoûtant, attirant. Sublime, follement attrayant sur un garçon aussi beau.

Les lumières nous font plonger dans l'ombre et nous éclairent tour à tour... je suis éblouie de la stature d'Ethan et de la puissance que je perçois en lui. Le périmètre dans lequel on passe est moins éclairé. Plus ténébreux. Je me sens tellement attirée par lui...

Soudain, influencée par tous ces cocktails alcoolisés qui perturbent mon esprit je viens vers lui dans un élan aussi saoul qu'exalté, au beau milieu de la pénombre ambiante. Je me retrouve tout à coup mon corps contre le sien ; je perds alors toute prudence et le pousse puis le plaque sensuellement contre le mur le plus proche. Poignet contre poignet, dans une proximité subjuguante, son regard masculin qui déchire la pénombre pour venir envahir mon âme...

Il dit d'une voix douce, et pourtant si dure et violente, impitoyable, si tranchante qu'elle ressemble à une lame de samurai ayant déjà tué mille personnes :

— Je te casse le bras, si tu ne me lâches pas...

Je cligne des yeux, trop ivre, et relâche progressivement mon étreinte, captivée par lui, et en même temps, perdue, complètement perdue. Mon corps, mon esprit, imbibés par l'alcool et par l'ambiance sensuelle, échappent l'espace d'un bref instant à mon maintien : si bien que je tombe ; le jeune homme me rattrape et me passe le bras autour du bassin et de la taille pour m'éviter de me retrouver par terre.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant