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Le téléphone vibre à nouveau. Je regarde autour de moi, passionnée, et cligne des yeux. M'observe-t-il ? Est-il quelque part ? Je balaye la cour du regard. Il est fort à ce petit jeu-là. Être invisible, mais être toujours présent pour moi, tel un ange protecteur...

Ça me manque un peu, de ne plus l'affronter comme avant... de ne plus essayer de le livrer à la police... de ne plus lui courir après pour lui passer les menottes. Maintenant qu'on est ensemble, j'ai toujours envie de lui passer les menottes, mais c'est dans un but un peu plus érotique...

Je consulte finalement le message qu'il vient de m'envoyer. Toujours impatiente de connaître son prochain petit jeu. Savoir où il souhaite m'emmener.

Ses mots font battre mon cœur d'excitation quand je les lis :

J'ai testé ton goût avec les meringues, j'ai testé ton odorat avec les fleurs... lequel de tes sens vais-je tester, maintenant ? Rends-toi dans l'amphithéâtre qui est le plus proche, et sans attendre. Une fois que tu es entrée dedans, tu refermes la porte derrière toi. Tu avances de quelques pas, puis, tu te tiens debout, tu fermes les yeux. Et tu ne les ouvres sous aucun prétexte.

Oh il veut encore jouer, c'est si excitant. Je me demande en quoi ça consiste cette fois.

L'établissement possède plusieurs grands amphithéâtres, dédiés aux conférences, et il est strictement interdit de s'y rendre, hormis lorsqu'il y a des conférences et pour les cours magistraux. Mais je ne peux pas résister à mon ténébreux Ethan, mon fauve, le léopard de mon cœur. Il a probablement des moyens de faire pression sur l'administration de l'université si on se fait attraper.

En sautillant presque, je me dirige vers le bâtiment qu'il m'a indiqué. Puis pénètre à l'intérieur, et prends la direction de la salle de conférence. Je suis excitée mais je ne le montre pas. Tout mon être se laisse imprégner d'un mélange d'euphorie et de désir.

Une fois la porte de l'amphithéâtre atteinte, qui se situe au bout du large couloir, je jette un coup d'œil autour de moi, afin de m'assurer qu'il n'y ait personne et que personne ne me regarde.

Après quoi, je l'entrouvre, et me glisse à l'intérieur de la grande salle.

Je me retrouve dans le silence absolu. Une pénombre partielle règne ici, je dois cligner des yeux pour m'y habituer. On ne voit pas grand-chose, seulement les formes des sièges, qui s'élèvent partout, au loin autour de moi. Je distingue aussi l'estrade, à une dizaine de mètres devant moi, ainsi que le large bureau qui se trouve dessus. C'est ici que des spécialistes de renom, des chercheurs reconnus, et même parfois des politiciens viennent faire des conférences.

L'endroit est désert.

Je m'avance précautionneusement, le cœur battant. Je marche lentement sur le tapis qui recouvre le sol.

Puis je m'arrête, au bout d'un moment, comme il me l'a demandé dans son message.

Je ferme les yeux. Je suis super excitée. Ça se sent beaucoup à ma respiration. Mes lèvres sourient sans que je puisse l'empêcher. Je sens mon cœur amoureux palpiter, je ne me suis jamais sentie aussi vivante. J'ignore ce qui m'attend, et c'est d'autant plus excitant.

Les secondes s'égrènent avec lenteur. Les yeux toujours fermés, je tends l'oreille, et j'écoute... je guette le moindre son dans cet agréable silence. J'adore ce petit jeu, qui m'invite à ressentir pleinement les choses. Je ne peux me fier qu'à mon ouïe.

L'ouïe... oh, mais oui, c'est le prochain sens qu'il va tester. Après le goût et l'odorat. Et la vue, dont il m'a privée en m'imposant de fermer les yeux.

Il ne reste plus qu'un sens à tester... hmmm... c'est le toucher. Mon sourire s'élargit en comprenant vers où son petit jeu peut aller. Ce silence autour de moi est particulièrement excitant, je guette d'éventuels bruits naissants. J'essaye d'y percevoir le moindre son, un frottement, l'ombre d'un pas feutré. Lui...

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant