65

146 4 0
                                    

Je tempête immédiatement :

— Et pourquoi je te ferais confiance ?? Tu es sûrement plus dangereux que tous les gangsters qui sont réunis ici !

— Je n'ai rien à voir avec ce qui se passe ici... il faut toujours se tenir au courant, ce n'est pas pour ça qu'on participe.

— Mais oui bien sûr ! Prends-moi pour une conne aussi ! Non mais genre, et Dorian c'est pas un salopard peut-être ???

— Ouais, c'en est un. Et ? J'ai besoin de lui en vie, pour le moment. Alors, tant que je n'en aurais pas décidé autrement, il restera en vie, ne t'en déplaise, la miss justicière. Je préfère quelqu'un qui s'affiche être un connard directement, plutôt que quelqu'un qui joue au sympa et qui se révèle être un connard ensuite. Au moins avec les connards, on sait à quoi s'attendre...

Il ajoute :

— Il a besoin d'apprendre le respect, je te l'accorde. Mais ce n'est pas mon boulot. Je suis un très mauvais prof.

— T'as toujours des excuses ! Et pourquoi il te doit de l'argent ?!

Il rigole.

— Il n'est pas le seul, miss justicière... j'espère que tu as de quoi noter, ça fera beaucoup de noms à retenir, pour le balancer à la police...

— Et qu'est-ce que tu fais d'autre comme malversations ?

Il continue de répondre à mes questions, sans ciller, les bras croisés :

— On est vite venu me demander des conseils dans cette ville. J'avais une réputation, et on ne peut jamais échapper à sa réputation.

— Ah oui ? Et tu vas pas me parler de ce que t'avais dans ta vie d'avant, je suppose... et pourquoi on te demande des conseils à toi, en particulier ?

Il a son sourire charmant en coin :

— Tu n'aimerais pas...

— Eh ben dis ! Puisque tu donnes tes lumières aux pires voyous, de toute façon... bravo...

— C'est toi qui estimes que ce sont des voyous. Regarde un peu autour de toi. Nous sommes dans une société dirigée par des voyous, qui exploitent les autres, qui les manipulent, qui les utilisent au nom de leurs propres intérêts. Et les plus puissants sont les pires de tous. Ils se fichent du sort du reste de la population. Combien de pauvres gens travaillent honnêtement toute leur vie, sans jamais désobéir à cette loi que tu aimes tant, et finissent dans l'extrême pauvreté ? Humiliés par les connards qui ont créé ces mêmes lois et qui bouffent du caviar à s'en péter la panse ? La loi n'est qu'un moyen comme un autre d'organiser le mal. De lui donner sa légitimité.

Il ajoute, évasif :

— J'ai souvent trouvé plus d'honnêteté dans mon milieu que parmi les connards qui se pavanent en col blanc et utilisent le système à leur avantage. L'absence d'honneur, le manque de respect, le mépris pour les autres... l'hypocrisie... ces défauts ne sont pas toujours là uniquement où on le pense.

Il revient s'asseoir dans le fauteuil.

— Je sais qu'il y a de véritables ordures dans tous les milieux sociaux, je ne l'ignore pas. Il m'arrive même de les combattre.

— Apparemment Dorian, tu ne le combats pas...

— À ma manière. Par son intermédiaire, je peux surveiller d'autres personnes, bien pires que lui. La réalité de la rue, tu ne la connais pas. Moi je la connais. J'ai grandi dedans. Traîner dans la rue sans avoir de parents, je sais ce que c'est. Même si je m'en suis sorti aujourd'hui et que j'ai gravi les échelons, pour devenir une tête pensante cultivée, je sais ce que c'est.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant