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Le lendemain dans l'après-midi, devant l'établissement, je repère puis me dirige vers un coin éloigné. Là où Ethan est en train d'inspecter le cadran de transmission de sa magnifique moto noire. Une très belle jeune femme, aux cheveux d'un roux léger, grande et élégante mais au visage assez froid, se trouve à ses côtés, debout, et lui parle.

— Salut, dis-je à la fille en m'approchant d'eux, très curieuse de voir ce qu'Ethan fait avec sa moto.

La fille me considère un bref instant du regard, puis tourne la tête vers Ethan et lui demande :

— Tu la connais ?

Il détourne son attention de la moto et regarde de qui il est question, puis redirige son visage vers sa bécane, toujours à demi accroupi à hauteur de la courroie.

— Ouais. Une agate aux nombreuses nuances.

La jeune femme ne réagit pas et se contente de croiser les bras, se mordant les lèvres, comme si elle ne pouvait pas se permettre d'en demander davantage.

J'observe Ethan faire, mais il se relève vite, et son air d'abord charmant change subitement. Il me foudroie du regard. Il sait que je viens l'espionner.

— Un problème ? lui demande la fille.

— Non, abrège-t-il.

Il me jette un regard provocateur, que je lui rends. Je contemple ses iris couleur noisette, sauvages, dans lesquels j'aime me fondre. On se défie en des jeux de regards brûlants, troublants, qui font battre mon cœur. Très vite, j'arrive à le détendre, à lui faire comprendre que je ne viens pas en ennemie. Je parviens presque à lui faire esquisser un sourire.

Je m'adresse finalement à lui, et lui lance, taquine :

— J'avoue que je me demande ce que tu fais à parler tout le temps avec Gravière.

— La belle, je vais te dire un truc clair. Ce dont on parle, c'est mon affaire.

Je fais la moue, désireuse d'en savoir davantage mais tout à fait consciente qu'il ne me dira rien.

— Je me pose quand même des questions.

— Il t'a dit que c'était son affaire, me lance la rousse.

Je pivote vers elle, la trouvant agréable comme une porte de prison.

— Laisse, déclare Ethan.

Il passe ses gants de motard et reprend d'un ton sévère :

— Pourquoi veux-tu tant savoir ce qu'on se disait avec lui, d'ailleurs ?

— Disons que je m'en fais un peu pour celui qui m'a sauvée deux fois. Tu es un mystère pour moi, et ça me plaît.

Il réagit à ma provocation en fronçant les sourcils, puis j'ai l'impression de le voir sourire tandis qu'il détourne la tête, comme s'il aimait bien ces petits affrontements entre nous.

— Je veux dire, tu as l'air d'avoir des ennuis.

— Aucun ennui que je ne peux gérer. Mais toi, mademoiselle l'agate, je crois que tu es du genre à être difficile à gérer, difficile à arrêter, quand tu t'intéresses à quelque chose, ou que tu as quelque chose en tête... c'est vrai, je peux tout gérer. Tout, sauf peut-être toi. Du coup, tu ne m'en voudras pas de garder mes distances, et de te surveiller...

On se défie à nouveau du regard. Oh qu'il est provocateur. Ses iris sombres me foudroient et jouent avec les miens, à qui va dominer l'autre par le regard. Ses yeux ténébreux pénètrent profondément les miens, et s'assombrissent encore en me possédant, mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine. Il me fascine, c'en est presque hypnotique, je sens qu'il n'est pas celui qu'il prétend être... il est cet homme de la nuit mystérieux et dangereux, dont je me souviens si bien... je sens qu'il m'apprécie, qu'il joue avec moi mais qu'il est bien plus dangereux en réalité...

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant