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Le lendemain, entre deux cours de cinéma.

Je viens à peine de sortir de la salle et je me trouve déjà dans les couloirs, à marcher et à parler à mes amies.

Ethan apparaît depuis l'autre bout du couloir, fringuant, un col en v sous un beau et léger blouson de motard. Mon cœur se remplit de joie en le voyant. J'avance vers lui et lui dis :

— Bonjour !

Il plonge son regard dans le mien, et dit :

— Salut Agathe.

Il se penche pour me faire la bise, doucement. Puis il m'adresse un sourire ravageur.

— Alors, tu es sortie finalement ? Tu as fait d'autres actes d'héroïsme, hier soir ?

— Hey, toi tu caches bien ce que tu fais, je peux bien faire pareil, dis-je en lui souriant.

— Mais je t'en prie. C'est juste que ça m'intéresse ce que tu fais, ma belle.

Il laisse passer quelques secondes, en me dominant du regard.

— Toujours chaude, pour ce week-end ?

— Moi, oui, mais toi, je crois que tu n'as pas plus envie que ça d'y aller.

— N'imagine pas ce dont j'ai envie ou non, d'autant plus que je passe les trois quarts du temps à te feinter. C'est moi qui ai senti dès le début de quoi tu avais envie, quel genre de fille tu étais. Remplie de courage, et avec un tempérament très séduisant.

— Hum... tu me feintes mal... tu n'as pas tout découvert sur moi...

— J'espère bien, jolie rose.

Il me fait un clin d'œil et me dit :

— Bon je prends un peu d'avance. J'ai un truc à faire. On se voit plus tard, ma belle....

Il repart et disparaît. Je me sens légère, heureuse, presque capable de planer, comme à chaque rencontre avec lui. J'ai hâte de pouvoir le voir seule à seul ce week-end.


*  *  *  *  *


Au cours de la journée.

Je sors de la salle de Cinéma-Audiovisuel, revigorée. Je viens d'échanger avec Mégane à propos de sa chaîne Youtube et du genre de nouvelles vidéos qu'elle va ajouter.

Je souris à Ethan qui sort de la salle quelques secondes après moi ; il me regarde en passant, longuement, avant de poursuivre son chemin par le couloir. Je le suis des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse, hors du champ de ma vue. Puis je jette un coup d'œil en direction de la porte pour guetter Laetitia. Cette dernière parle avec Mégane, à l'intérieur.

Bon, autant prendre de l'avance. Je me remets en mouvement d'un bon pas, m'engage à mon tour dans le passage. Je vais me rapprocher du lieu du prochain cours. Mais je dois voir quelqu'un avant.

Les étudiants se bousculent pour passer. C'est le rush de l'interclasse. Un certain nombre d'entre eux ont fini les cours et les autres ne veulent pas manquer la pause. Je me faufile entre eux et aperçoit bientôt l'escalier. Je l'emprunte et descends à l'étage, là où c'est moins fréquenté.

Ici il y a moins de monde.

Soudain, je me sens être violemment projetée sur le côté ; je heurte le mur et la douleur envahit mon dos et mon épaule. Je me prends un coup sur le visage en une explosion de douleur. Sonnée, mon bras me lançant cruellement, j'ai du mal à reconnaître immédiatement la désagréable voix de celles qui m'ont ainsi frappée et méchamment repoussée contre la paroi :

— Dégage, toi !!!

Sofia passe devant moi en compagnie de deux de ses amies. Elle exprime tant de mépris à mon encontre sur son visage et dans son attitude qu'elle ne daigne même pas prendre le temps de me regarder.

L'une de ses amies m'attrape par les cheveux et me dit :

— Fais pas ta maligne, toi... on t'a pas oubliée...

Elle me donne un coup dans le ventre : j'en ai le souffle coupé ; puis elle me tire si fort et si brutalement la chevelure qu'elle me fait tomber par terre. Je me tords de douleur au sol et essaye de me relever, mais la souffrance qui me dévore l'estomac est trop forte.

Je reste un moment en incapacité d'agir. Après quoi, quand je parviens enfin à redresser péniblement le visage, les loubardes ont disparu.

En tremblant, je me remets debout. Mes jambes, vacillantes, menacent à tout moment de se dérober sous moi.

J'ai percuté le mur du couloir tellement fort... mais tellement fort... elles n'y sont pas allées de main morte...

Je sursaute en sentant quelqu'un me prendre tout à coup par la main. Me soutenir. M'enlacer doucement à moitié, et m'aider à marcher.

Je regarde l'individu : c'est Ethan... le visage dur mais moins encore que ses yeux qu'il garde fixes sur le chemin direct devant nous.

— Désolé j'étais ailleurs, dit-il entre ses dents. Je vais devoir veiller sur toi de plus près. T'es en danger ici.

Il m'amène encore tout droit sur quelques dizaines de mètres, jusqu'à ce que j'aie moins mal et marche mieux. Puis, il me lâche progressivement la main et le corps. Il fait demi-tour, disparaissant encore plus rapidement qu'il est apparu.

Je reste là, déstabilisée. Je mets du temps avant de reprendre ma marche.

À vitesse réduite, je descends à l'étage inférieur. Je suis pressée de faire cette séance d'autodéfense avec Ethan. Ça devient urgent de régler le problème Sofia Nadous.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant