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D'une certaine manière, je suis contente d'avoir rencontré ce mec, celui qui a un compte à régler avec Dorian. Il s'appelle Maximilien. Il m'a donné assez d'indications pour savoir comment rentrer en contact avec Dorian. Et effectivement, on ne rentre pas en contact avec lui directement. Il faut connaître quelqu'un qui nous recommande à lui, surtout pour trouver du travail, ou pour participer aux grands événements qu'il co-organise. Et apparemment, c'est vraiment une ordure : il fait miroiter des bons plans et des affaires très lucratives, il pousse les gens à l'erreur, et il utilise des gars pour les intimider s'ils la ramènent. Et il n'hésite pas à piquer les copines des autres, aussi. Pour les transformer, progressivement, en espèces de prostituées, qu'ils partagent entre connards. Du bon gros salopard en somme. Le pire, c'est que je suspecte Maximilien de devoir un bon paquet de pognon à Dorian et à ses nombreux complices.

En tout cas, Maximilien nous a mises au courant d'un événement au cours duquel il doit y avoir des tractations, des mises au point et autres arrangements. Dans un club très privé situé dans le vieux Nice, inaccessible aux gens qui ne sont pas invités. « Rien qui soit trop craignos », nous a toutefois dit Maximilien. Il est sympa, il est soucieux qu'il ne nous arrive pas malheur. « Vous pouvez y aller, si on vous fait entrer », a-t-il ajouté.

Grâce à un de ses contacts, Maximilien nous a permis l'accès à ce club auquel on doit se rendre dès ce soir. Il ne croit certainement pas en notre plan, mais il doit penser que c'est toujours bien d'envoyer une boule puante chez Dorian & consorts.

Lorsqu'on arrive devant le club, à presque vingt-trois heures du soir, plusieurs gars nous attendent. On s'assure de notre identité, on regarde notre invitation sur le téléphone, et ils nous conduisent à une entrée. On les suit en restant silencieuses. Puis le long d'un long couloir beige. Lorsqu'on arrive à une grande porte, un type au crâne rutilant garde l'entrée. Il nous accorde à peine un regard. Les trois autres hommes qui nous ont escortées s'écartent et nous laissent, excepté un qui nous ouvre.

L'intérieur est plongé dans une lumière d'un jaune fluorescent, une lumière qui parfois devient aveuglante et parfois baisse d'intensité, en laissant la salle retomber quelques secondes dans une demi-pénombre. Il y a une sonorité d'ambiance. En avançant, on remarque que des images et des vidéos courent sur les murs. Elles sont projetées dans cette immense pièce aux diverses zones.

On doit chercher un mec avec des tatouages de serpent sur la moitié gauche du visage et du cou. Ça serait simple s'il n'y avait pas des espaces entiers de la salle qu'on ne peut pas voir, pratiquement dissimulés par une luminosité arrangeante. Certains des gens présents nous suivent des yeux, de leurs regards parfois froids et perquisiteurs.

Après avoir parcouru une partie de l'endroit, on repère enfin un gars qui porte des tatouages de reptiles sur une portion du visage. Il est assis, et accompagné de femmes et d'autres hommes avec qui il échange. On tente de s'approcher pour engager la conversation avec lui, mais deux mecs se lèvent et s'interposent pour nous bloquer.

— HEY ! Vous voulez quoi ?

— Vous êtes qui ?!

On nous ceinture rapidement. Je me dépêche de dire :

— On voudrait lui parler juste deux minutes pour lui proposer un truc.

— Qui êtes-vous ? répète l'autre.

— Agathe. Laetitia. Il nous connaît pas. On vient pour le boulot.

— Et vous voulez lui proposer quoi, exactement ?

— Lui présenter nos capacités en audiovisuel et en film, pour un job, filmer, pour faire des vidéos sur les événements qui s'organisent. Pour la publicité, pour faire circuler dans le milieu.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant