28

223 7 0
                                    


Je me mords la lèvre. Quoi, appeler Laetitia pour lui dire de prévenir la police ? Au cas où ça partirait en vrille ? Ethan ne me le pardonnerait jamais. Je ne veux pas qu'il se fasse capturer. D'une certaine manière... c'est fou, mais je veux être la seule à laquelle il se rende. Je veux le capturer moi-même...

J'oublie la prudence la plus élémentaire : j'entre et j'avance dans le parking souterrain. Je contourne la barrière, et je progresse dans la pénombre.

Mes pas se succèdent, précautionneux.

J'emprunte une des allées du parking souterrain. La première que je vois. Prête à me baisser et à me dissimuler derrière un véhicule à tout moment, s'il le faut...

— TU LÂCHES ÇA TOUT D'SUITE PUTAIN D'ENCULÉ DE MORT !!!!

Mon sang se glace et je stoppe net quand j'entends ces cris. Je balaye les environs du regard afin d'essayer de détecter d'où ça peut venir. Mais je ne vois pas les mecs qui ont crié ça. Je ne vois même personne dans le parking... ce parking est immense il faut dire, et il a plusieurs sections...

Je dois déterminer où ils se trouvent tous.

La peur au ventre, je commence à me glisser près du mur. Quand tout à coup j'entends une porte claquer violemment ; presque aussitôt des bruits enchevêtrés résonnent ; le son d'une carrosserie heurtée par quelque chose ; une porte battante, elle aussi malmenée.

— FAIS PAS LE CON PUTAIN !!

J'entends des choses chuter sur le sol en de grands bruits assourdissants. Sans que je ne parvienne à déterminer quoi.

Soudain, j'entends la voix d'Ethan. Froide et agacée.

— Bon qu'est-ce que vous foutez, là ?

Un temps de silence.

— Non mais je rêve... fait une autre voix, subitement haineuse.

— Arrêtez de faire les merdes et dégagez d'ici... et vite... siffle Ethan avec un timbre de voix glacial.

— Mais va t'faire foutre !!! T'es venu tout seul, t'es tellement sûr de toi hein ! Ton pouvoir, tu l'as perdu ! Et ta vie, maintenant... tu peux aussi la perdre !

Ils ont apparemment arrêté de se prendre à partie mutuellement pour se retourner contre Ethan. Et une certaine tension semble régner à présent. Pas sûr qu'ils osent réellement attaquer Ethan. Pas tous, en tout cas. Il faut absolument que je trouve où ils sont...

Je suis le son des voix. Vite vite ! Je veux absolument voir ce qu'il se passe.

Je descends à l'étage inférieur et poursuis ma route tout en guettant le son des voix. Je m'approche de plus en plus.

Je contourne un grand véhicule ainsi qu'un grand nombre de voitures. Je vois alors, derrière deux rangées de véhicules, une bonne trentaine de mecs.

Je me baisse immédiatement et me cache derrière une voiture.

Plusieurs types tiennent des barres de fer et semblent être prêts à s'en servir à nouveau, vu comme ils les serrent fortement.

Une personne se trouve par terre, et ne bouge plus. Putain...

Un autre mec a été projeté sur le capot d'une voiture et saigne abondamment : du rouge coule sur son visage mais aussi sur toute la carrosserie de la voiture.

J'essaie de me persuader que le mec à terre ne peut pas être mort...

L'angoisse me monte immédiatement au ventre.

La tension est palpable. Ethan se trouve à quelques mètres devant tous ces mecs. Il les observe, sans paraître du tout intimidé ni anxieux, mais tout de même attentif à d'éventuelles actions de leur part.

Putain il ne va tout de même pas se battre contre trente mecs tout seul... dont certains sont armés de barres de fer en plus... il n'a aucune chance... putain Ethan, c'est pas du courage ça, c'est de la folie...

Je sens la tension monter. Certains mecs ont l'air de tueurs, de connards sans pitié. Putain...

Soudain celui qui se trouve le plus près de lui s'avance de quelques pas vers le jeune homme : Ethan ne bouge pas d'un pouce, mais concentre son attention sur lui. Je fixe des yeux la scène. Je retiens ma respiration ; je ne peux plus respirer normalement.

Il s'arrête tout juste à un mètre d'Ethan. Je regarde alternativement Ethan, et le mec qui s'est arrêté devant lui.

Mais alors que je passe à nouveau mes yeux sur cet individu, je remarque quelque chose dissimulé dans sa manche, qui luit sous les lumières.

Mes muscles se tendent et se contractent jusqu'à me faire mal. Ma bouche s'entrouvre mais je n'arrive pas à parler tant la pression qui me garrotte l'estomac me cloue sur place. Tout en me glaçant les os. Mes paupières ne clignent plus. Mon sang ne fait qu'un tour :

— ATTENTION, IL A UN COUTEAU !

Le cri s'est à peine échappé de ma bouche en résonnant dans le parking que tous les mecs se tournent vers moi. Je suis sortie de ma cachette sous le coup de l'émotion en criant ça.

Moi et Ethan on échange un regard : pour la première fois je ressens son calme glacial être troublé par des sentiments et une lueur d'inquiétude traverse soudain ses iris. Il est subitement terrorisé à l'idée que je me fasse attaquer, comme s'il tenait à moi plus qu'à sa propre vie.

En l'espace d'une seconde, celui qui tient le couteau reporte son attention sur Ethan et effectue un geste pour le frapper avec ; Ethan réagit tout aussi vite et a un brutal mouvement de recul ; il l'évite de peu, bloque le bras de son adversaire et lui attrape le poignet pour lui faire lâcher l'arme.

En plein milieu du combat c'est tout de suite le chaos ; tout le monde part en courant et certains se précipitent vers la sortie la plus proche, tandis que d'autres s'élancent dans le parking ; deux d'entre eux se dirigent à grande vitesse vers moi. Je n'ai pas le temps de réagir ; je ressens deux grands chocs au niveau du torse et de la joue ; je suis projetée en arrière et heurte une surface solide derrière moi. Je ressens un autre choc au niveau du ventre, plus douloureux encore ; une force vient projeter mon corps contre quelque chose de dur ; ma tête heurte brutalement quelque chose.

Je perds violemment connaissance.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant