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Je place le dos de mes mains sous mon menton pour continuer à lui parler, et lui sourit :

— Il y a quoi de si terrible dans ton passé, pour que ça doive tellement rester secret ?

Son visage prend une expression furieuse et dégoûtée.

— On m'a mis beaucoup de conneries sur le dos.

— Je veux bien te croire chéri...

On se contemple longuement, les yeux dans les yeux. On joue de nos regards, à défaut de jouer de nos langues... mais mon envie de l'embrasser est folle, quand il me fixe avec ce regard ténébreux.

La nuit tombe... et dans la partielle pénombre du restaurant, je retrouve l'Ethan de la nuit, celui qui me fascine tant depuis toujours, depuis que je l'ai vu éviter les balles de flingue sur sa moto ténébreuse. Celui qui m'a portée dans ses bras après que j'aie consommé des stupéfiants à mon insu, l'autre nuit. Visage d'albâtre et méditerranéen, un visage qui se fond dans l'obscurité intense. Les jeux d'ombre de la soirée lui caressent le visage, le rendant encore plus ténébreux que jamais.

Je peux apercevoir le boulevard et la mer devenue noire au loin, par-delà le muret orné de petite verdure qui encadre le restaurant, mais j'ai les yeux fixés sur Ethan.

Il ferme momentanément les yeux, un sourire diaphane aux lèvres, et déclare :

— Ton âme rayonne dans la nuit, rose étoilée aux yeux de lumière... et elle commence à éclairer la mienne, en plus. Je ne sais pas vraiment quoi faire de toi... je ne sais pas si je dois te couvrir de bijoux ou te haïr... plus ça va, et plus tu me mets en danger, en touchant mon cœur comme ça.

J'entrouvre la bouche pour répondre, mais rien n'en sort.

Il a les bras semi-croisés, la jolie lumière du restaurant qui le met en valeur, et de plus en plus ténébreux à mesure que la nuit s'épaissit. Un fondu dans la clarté. Et son regard craquant qui me défie. Je n'arriverai pas à lui arracher la moindre information. Il est si intense. Oh ça c'est ce qu'il croit. Après quelque baisers, il va vite changer d'avis. Il ne sait pas ce que je peux faire avec mes mains...

Il plante le bout de sa fourchette dans une belle et fraîche tomate-cerise ronde et d'un rouge écarlate, dans un coin de son plateau qu'il n'a pas encore touché. Puis, il la dépose sur le bord de mon assiette à moi.

— La plus jolie pour toi. Je ne me sens pas de la manger à ta place, ce serait un crime.

— Oh, t'es trop mignon...

Sans un mot supplémentaire, je plante ma fourchette dans la tomate qu'il m'a offerte et la porte lentement dans ma bouche. Et sans le quitter du regard. Je la croque, juteuse, délicieuse, emplissant ma bouche de sa pulpe. C'est vraiment de la qualité, tout comme ce restaurant, qui n'a rien à envier aux meilleurs.

Il fait un mouvement en avant et vient prendre mes mains dans les siennes. Une sensation divine, je ne peux que laisser mes mains s'abandonner dans celles du jeune homme. Il murmure :

— Vraiment, ne prends pas trop de risques quand tu sors. Il se passe beaucoup de choses en ville en ce moment. Et puis, j'aimerais savoir pourquoi tu prends le risque de me fréquenter. Tu sais qu'ils me surveillent et qu'en venant à ce rendez-vous avec moi tu prends des risques. Tu sais que ça pourrait mal se terminer. Tu vas finir par avoir des ennuis avec la police à me fréquenter, ils n'hésiteront pas à te faire les pires menaces. Et tu peux te faire renvoyer de l'université aussi, pour les moindres soupçons. Et puis... ils peuvent aussi t'envoyer chez le psy pour s'assurer que tu n'aies pas été « choquée » ou « traumatisée » à force de me fréquenter, tu vois le genre.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant