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High Club Nightclub, 23h09.

Une heure après le début de la soirée, la fête bat déjà son plein ; de nombreux étudiants sont déjà arrivés, et la salle principale de la discothèque est bien remplie. Pour l'instant, on peut encore danser librement : il faut dire que la zone pour danser est gigantesque.

J'ai les bras à demi croisés et un cocktail alcoolisé à la main. Mais mon attention est volatile. Je n'ai pas souri aux garçons qui sont venus me brancher ; je ne leur ai même pas dit de dégager comme j'en ai l'habitude avec les dragueurs qui viennent m'emmerder. Je me suis contentée de secouer la tête à leur proposition de me payer quelque chose à boire et les ai congédiés mollement.

Il n'y a qu'un seul homme qui occupe mes pensées, désormais.

Peut-être le plus ténébreux de la ville, et le plus secret, malheureusement...

Le son pulse et s'amplifie à intervalles irréguliers, au rythme des différents mixes. Les lumières parcourent les lieux de long en large, changeant parfois de couleur. Parfois, je suis plongée dans une obscurité partielle et, l'alcool aidant, je me dis que je pourrais tout à fait croiser Ethan à n'importe quel moment, s'il se décidait à venir ici. Je pourrais le heurter par inadvertance, me retrouver dans ses bras et faire semblant de m'en offusquer... ou bien lui renverser mon verre dessus sous le choc. Exprès, ou pas exprès, humm... ou le lui jeter à la figure. Il mériterait, parfois. Et le ramener chez moi, sous prétexte de lui laver son tee-shirt... ou plus si affinités.

Ce qui est bien quand on est amoureuse d'un mauvais garçon, c'est qu'on peut se permettre d'être vilaine avec lui, parce qu'il le mérite.

De dos au mur et un cocktail à la main, je commence à fantasmer et à m'imaginer ce genre de scénario un peu stupide. Mes ongles plantés dans sa peau. J'ai bien senti qu'il aimait ça la dernière fois, même s'il préférerait mourir plutôt que de l'avouer. Trop fier. La douleur est peut-être quelque chose d'important, dans sa vie. Je ferme les yeux, secoue lentement la tête et tente de reprendre mes esprits. Pfouuu... je bois sans compter, verre après verre. Faut dire que la boisson est délicieuse ici. Alcool au jus d'ananas... jus de papaye... tout ce qu'ils servent est super bon. Je n'ai pas envie d'arrêter ; après tout, j'ai une amie pour me ramener en voiture.

En vrai je ne sais pas trop quoi faire à propos de l'élu de mon cœur. Aller le voir pour lui avouer mes sentiments ? Je ne peux pas risquer ça tant que je ne suis pas sûre que ces sentiments soient partagés. Jouer le statu quo ? Il n'est pas du genre à faire le premier pas je pense, ça pourrait s'éterniser et il finirait par croire que je ne ressens rien pour lui. Au final, l'idée d'Emily Minerald ne paraît peut-être pas si nulle que ça, par comparaison aux autres possibilités. Rendre la pareille à Ethan en le sauvant à mon tour ? Genre l'aider s'il a des ennuis ? C'est normal.

Je ne peux pas m'arrêter de penser à lui. Je l'ai dans le sang. Je ne me suis jamais sentie aussi vivante. Et son sourire...

Son sourire à tomber. Hum.

Au fond, je le sais. Je suis amoureuse. Je suis foutue. Et je le déteste pour ça.

Tout à coup, je vois pénétrer dans la salle un homme d'une quarantaine d'années, bien habillé et aux cheveux peignés qui paraissent presque gominés. Il est accompagné de plusieurs autres personnes qui portent une cravate eux aussi. Je me demande distraitement s'il s'agit du patron du club, vu les costumes qu'ils portent tous.

Je cligne des yeux. Je les vois échanger quelques mots avec Océane, une amie très populaire qui fédère et connaît énormément de monde, elle a des mèches vertes et les pommettes un peu proéminentes.

Après quoi ils montent à l'étage supérieur.

Je bouge de l'endroit où je suis et me dirige vers Océane, dont les mèches vertes sont visibles de loin, en adoptant la démarche la plus normale possible malgré l'alcool que j'ai dans le sang.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant