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Centre-ville, en soirée.

— Hey apportez-les là !

La musique pulse et des lumières changeantes ponctuent de leur agréable éclat la soirée. Elles illuminent les environs, et il paraît y avoir toujours de nouvelles nuances multicolores. Les gens boivent, rigolent entre eux et je me promène comme la reine que je suis, allant plaisanter avec chacun et en compagnie de chaque groupe lorsque je le désire. Je reviens souvent vers Laetitia pour papoter avec elle.

— Merci Agathe !

Un jeune homme charmant que j'ai aidé à réparer certaines de ses erreurs (un peu comme pour Maximilien) s'adresse à moi avec très bonne humeur. Tout souriant, accompagné de plusieurs de ses amis, il me lève son verre. À la santé de celle que tout le monde aime bien maintenant. Je lui fais un clin d'œil.

— Merci Agathe ! La best ! dit un autre.

— Mais de rien !

Ils sont un peu sous mon charme, je suis un peu celle qui leur a montré qu'avec une gentillesse qui n'est pas naïve non plus et mêlée de combativité, on pouvait changer les choses. D'une certaine manière, être heureuse me rend charismatique. Une meilleure assurance, tout en restant gentille, tout en conservant mon caractère. Laetitia me reconnaît comme elle m'a toujours connue, mais davantage libérée. Je fais ce que je veux, désormais, sans peur de déplaire, au lieu de faire toujours ce que les gens attendent de moi. Et au final, je plais. Les gens m'adorent.

Pour les paris de voitures, j'ai le truc, je sens la personnalité des conducteurs, j'observe les bolides, et j'impressionne tout le monde. Mais ce n'est pas pour ça qu'on m'aime bien ; c'est plutôt ma propension à régler les problèmes. À choisir de régler les problèmes des autres, alors que jamais pourtant on ne me le demande. Lorsqu'on vient me demander un service, ou qu'on essaie de me prendre pour une conne, j'envoie chier. Je décide de moi-même, et je surprends les gens, avec un volontarisme communicatif.

Je suis quand même agacée du fait qu'il y ait toujours, toujours des problèmes. Il est parfois bon de penser un peu à soi et de s'amuser. Et je ne me prive pas. J'en ai oublié Sofia Nadous qui me jette toujours des regards hostiles quand je la croise, et qui doit patiemment préparer sa prochaine mauvaise action contre moi, en se disant que cette fois elle ne me ratera pas. Elle n'a qu'à venir, un peu. Non mais qu'elle ose, qu'on rigole. Je garde dans un coin de ma tête ce que j'ai entendu lorsque j'ai espionné cette réunion de criminel et fait foirer leur contrat, bon elle doit être mêlée à des trucs sérieux d'une manière ou d'une autre c'est sûr, mais j'ai pris confiance en moi et j'ai quand même moins peur d'elle qu'avant.

On flambe un plateau de caramels recouverts d'alcool à proximité de moi mais je cherche surtout Laetitia des yeux. Allons bon, où est-elle encore passée. Juste avant elle parlait avec une bande d'amis à elle, je les ai quittés durant la discussion. Je me souviens qu'elle a trouvé un mec avec qui elle partage un bon feeling, et qui a même l'air à son goût. Autant les laisser tranquilles. Mais il vaudrait mieux qu'ils prennent une autre voiture s'ils veulent rentrer ensemble tous les deux : dans la nôtre, on va être au moins six déjà.

Je vais prendre l'air à la fenêtre, une grande embrasure ouverte sur un balcon, près de laquelle il y a pas mal de jeunes. Ça papote, dans la nuit.

Je reviens au comptoir. Quand tout à coup on me dépose devant moi un verre d'alcool avec une rose rouge dedans. Une rose aux jolis pétales.

— C'est de la part du mec, là, me dit le serveur qui m'a amené ce beau cocktail dans lequel se trouve cette magnifique rose.

D'abord surprise de l'originalité de ce cocktail, je mets plusieurs secondes avant de réagir.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant