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Même si Laetitia n'est pas dupe et se doute bien de quelque chose, il préfère apparemment ne pas s'afficher devant elle comme ça. Et puis, d'autres personnes peuvent arriver et nous voir.

— Quoi que je puisse ressentir pour toi, ce qu'il y a entre nous doit rester secret, me glisse-il d'un air sévère.

— Pourquoi ?

— Je ne veux pas te mettre en danger. J'ai une vie, disons... complexe. Alors on va faire semblant de rien, pour le moment.

— Est-ce que tu es actuellement recherché par la police ?

— Non, pas pour l'instant. J'ai quelques arrangements, disons.

— De toute façon il faudra qu'on en parle. Si tu commences à te trouver à des endroits où il y a des morts à cause d'affrontements, tu finiras par avoir la police sur le dos. Et moi ça me plaît pas trop, j'avoue, je m'inquiète pour toi tu vois.

— Non, elle ne sera jamais sur mon dos. Il ne faut simplement pas trop que je me montre n'importe où, malgré la tentation. Mais pour le faire simple, j'ai un deal avec la police. Et avec les tribunaux. Tant que je prouve que je reprends mes études, que je joue le jeu, ils n'enquêteront pas sur moi, ni sur mes potentielles activités, en l'occurrence.

— Et tu leur mens... tu t'es pas calmé du tout. T'es vraiment un méchant gars. Tu fais semblant de reprendre tes études et ta carrière professionnelle, mais tu n'as pas trop l'intention de rependre une vie honnête.

Il me sourit, et me caresse légèrement la joue avec le dos des doigts.

— J'ai mes raisons de faire ce que je fais, ma belle. Mais je ne peux pas te les donner maintenant, on ne se connaît pas suffisamment. Maintenant, si tu veux me combattre, ce serait un honneur d'avoir un adversaire de valeur... pour une fois.

— Humm... je sens que je devrais te dénoncer. Je prends des risques en te faisant confiance, sérieusement Ethan...

Il sourit d'autant plus, visiblement séduit par mon côté rebelle et réfractaire.

— Moi je sais qui tu es ma belle. T'es une fille qui veut sentir son cœur battre à deux mille à heure. Qui veut tout découvrir, et avoir bien plus que tout ce que tu pourrais avoir dans une vie normale. T'es une femme qui ne veut pas s'ennuyer dans une vie toute tracée. Je crois pas que tu vas aller me dénoncer. Je crois que t'as plutôt envie de connaître des sensations fortes.

— Peut-être...

— Mais tu dois découvrir ta propre route par toi-même. Et en ce qui nous concerne, nous deux, on va se fréquenter.

— Par se fréquenter, tu veux être ensemble ?

— L'avenir en décidera. Pour moi, l'amour est une affaire d'absolu. Notre dulcinée, elle doit avoir tout. Plus que tout ce qu'elle pourrait imaginer. Si elle veut une pierre provenant de la lune, elle aura une pierre provenant de la lune, et en un temps record. Mais on doit être sûr. Que ce soit elle, notre dulcinée. Alors, faire connaissance. Vivre des choses ensemble... se protéger l'un l'autre. Partager de grandes choses. Qui sait ? Pourquoi vouloir des relations toutes tracées ?

Il m'effleure doucement la joue avec la bouche, va jusqu'à mon oreille et murmure en souriant :

— Moi aussi j'aime sentir mon cœur battre extrêmement vite. Moi aussi j'aime l'imprévu. La surprise... la découverte... de l'esprit de ma dulcinée...

En entendant ses paroles c'est mon cœur qui se met à tambouriner d'amour et d'excitation dans ma poitrine. Il susurre, en un souffle chaud et séduisant dans mon oreille :

— Alors on ne va pas trop s'exposer à la vue de tous. Suis simplement mes conseils ma belle, et tous tes désirs, tous tes rêves seront comblés. Je reconstruis mon empire à partir de cette nouvelle ville et ça prendra un peu de temps, encore... c'est vrai, j'ai fait une erreur, dans mon passé... et il faut tout rebâtir. Il n'y a aucun regret à tomber... le regret est à celui qui est incapable de devenir plus fort encore, lorsqu'il se redresse.

Je me sens baigner dans un amour qui m'afflue dans tout le corps. Et en même temps une envie de le combattre, de lui passer les menottes. Je suis tellement proche de lui physiquement, je sens presque le cœur d'Ethan battre contre le mien. À force de se disputer le matériel de cinéma et de se chuchoter des choses on est presque dans les bras l'un de l'autre. Poitrine quasiment contre poitrine. Malgré l'attirance charnelle et sentimentale que je ressens pour lui, je parviens à murmurer :

— Quel a été ton pouvoir, Ethan ? Quels sont mes rêves que tu veux combler ?

— Tout ce que tu souhaites. Tu demandes, ce sera accompli. Tu as besoin d'une villa avec vue sur la mer pour pouvoir préparer tes études et ton avenir ? Tu veux accéder au travail ou au poste de tes rêves ? Tu veux qu'un de tes ennemis se retrouve à genoux devant toi ? Ou qu'il disparaisse ? Il suffira de me demander. Mais d'abord, je veux savoir si je peux te faire confiance.

Il me caresse brièvement la nuque et conclut, d'une voix douce :

— Alors pour l'instant, s'il te plaît, montre-moi que je peux te faire confiance. Je ne fais pas facilement confiance. On ne se montrera pas trop devant les autres, on fera comme si de rien n'était.

— Mais on peut au moins se voir chez toi ? Ou chez moi ?

— Oh, ma belle. Arrête d'être aussi offensive, ma belle.

— Je croyais que tu aimais les femmes qui agissent, qui prennent des initiatives ? Tu n'aimes pas que je fasse des propositions comme ça ? En même temps il faut bien qu'on trouve un moyen de pouvoir discuter ensemble au calme, non ?

— Je t'ai expliqué qu'on doit laisser nos rencontres se faire... comme ça. Au fil de nos actions. Cesse d'essayer de contrôler notre relation. Laisse-là plutôt te surprendre. On est différents du commun, toi et moi. On est des rebelles. On ne se laisse rien dicter.

Il me prend la main, ce qui me donne des bouffées sentimentales, surtout quand il me caresse le dos de la main avec les doigts. Je frissonne d'amour et d'excitation en sentant ces caresses.

Puis il me fait un clin d'œil, de ses beaux yeux, me lâche la main et se détourne de moi. Il va reprendre le sac.

— Allez, viens. On a encore un film à tourner. Pas notre film à tous les deux... pas encore... mais un film d'entraînement, pour commencer...

Il se dirige vers le lieu où doit se dérouler la scène.

Tandis que Laetitia me rejoint.

— On dirait que vous vous entendez mieux tous les deux... me taquine-t-elle, témoin de notre flirt.

— Oui... mais je sens qu'il se passe beaucoup de choses en ville, et qu'il n'y est pas étranger. Des choses importantes. J'ai l'impression qu'il mène un peu la danse depuis qu'il est arrivé ici. C'est dingue, il vient à peine d'emménager dans cette ville et j'ai l'impression qu'il est déjà en train de s'en emparer... tout le monde le craint ou refuse de parler de lui... même s'il a aussi des ennemis qui veulent sa mort.

— Ne me dis pas que tu vas retourner dans des lieux dangereux, et risquer encore ta vie pour veiller sur lui ?

— Je sais pas trop Laetitia.

Je sais pas trop.

Le danger est évidemment effrayant... mais il y a également en lui un petit côté entraînant et exaltant non négligeable.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant