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La résidence plutôt chic dans laquelle on se rend contraste avec ce à quoi Laetitia et moi on s'attendait. Un certain nombre de voitures sont garées sur les lieux mais plutôt discrètement, dissimulées par la végétation, sur un parking peu visible, à l'arrière de la propriété. Beaucoup de personnes discutent à proximité de l'entrée, en majorité des adultes, peu de jeunes. Rien qui puisse vraiment attirer l'attention ou laisser penser qu'il s'y déroule quelque chose de particulier. Personne ne nous arrête quand on entre dans la propriété : c'est à peine si on nous adresse quelques regards appuyés, peut-être pour vérifier que nous ne sommes pas des flics en civil. On franchit le perron et on pénètre à l'intérieur.

Les deux portes qui se situent au fond du vestibule sont ouvertes.

On entre dans la première pièce qui se présente à nous. C'est une espèce d'immense salon, avec un petit bar, qui sert apparemment gratuitement aux gens de quoi se désaltérer. Une quinzaine d'individus sont en train de parler plus ou moins vivement, certains regardent quelque chose sur leurs téléphones, s'échangent et commentent des informations, d'autres encore discutent avec calme et courtoisie. Laetitia m'adresse un signe de tête complice et désigne silencieusement le comptoir de ce salon aménagé. Celui qui sert les boissons, un jeune homme d'une trentaine d'années, a l'air passablement agacé. Ce n'est pas un professionnel apparemment... sa sœur traîne aussi dans le coin (j'en ai déduis qu'elle est sa sœur de la manière dont il s'adresse à elle). Elle va et vient, parle à des gens. Quelquefois elle leur porte un verre de boisson que son frangin lui a confié. Elle reste souvent échanger avec eux. C'est une ambiance bizarre ; ils semblent tous être préoccupés par quelque chose mais c'est impossible de savoir quoi. À part d'espionner les conversations. On dirait que chaque personne ici est centrée sur ses propres intérêts.

On observe ce petit manège, assises à des chaises.

— On peut boire quelque chose ? demande Laetitia au mec qui s'est arrêté de servir pour parler à un type en costard cravate qui doit avoir dans la quarantaine et qui vient juste d'arriver.

Il se tourne vers nous, et a l'air agacé qu'on le dérange.

— Ouais vous voulez quoi ? dit-il sèchement.

— Un alcool, peu importe. Rien de trop chargé.

— Normal.

On remarque, à cet instant, un homme accompagné de deux autres descendre d'un escalier situé près d'une porte ouverte, et repousser violemment un type qui l'aborde pour se plaindre de quelque chose. L'incident tourne court : l'homme se fait projeter à terre, et les trois mecs quittent l'endroit. D'autres personnes dans la salle semblent aussitôt menacer le type déjà à terre, qui peine à se relever. À croire que des gens se sentent concernés par l'affaire. Mais ils se désintéressent finalement de lui et recommencent à vaquer à leurs activités.

Comme on a toutes deux eu notre attention détournée par cette altercation, on se retourne au bout du compte vers le mec qui a fini de nous servir nos verres d'alcool.

— On cherche un certain Dorian, lance Laetitia de but en blanc. Il prend des paris et organise des... événements.

— Vous venez de le manquer.

J'en suis étonnée.

— Comment ça ? Mais il devait venir à cette heure... et même un peu plus tard.

— C'était pas celui qui vient de sortir ? renchérit Laetitia.

— Tout juste.

À en jauger de l'expression désormais hostile de son visage, ce mec nous suspecte clairement maintenant de ne pas le connaître du tout et donc d'être des fouteuses de merde.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant