Aéroport de Nice, Provence-Alpes-Côte d'Azur, 13h30.
Présent depuis plusieurs heures et quadrillant les environs, le large comité d'accueil officiel s'est formé et patiente devant l'aéroport. De nombreux hommes et femmes en costume attendent avec professionnalisme. Une voiture est déjà prête, affrétée spécialement pour l'invité, et de nombreux policiers sécurisent la zone. Écartant parfois les voyageurs trop curieux.
Tous les individus présents sur les lieux sont impeccablement coiffés et apprêtés, et l'ensemble de l'assistance patiente sous le soleil tapant de la Côte d'Azur.
Finalement, Adrian Stone sort de l'aéroport, en compagnie d'un membre de la F.C.E.C.C., ainsi que de quatre autres collègues à lui. Beaucoup de niçois aux environs le reconnaissent, et, espérant le voir de plus près, s'approchent du cordon de policiers pour le regarder.
Deux des hommes du comité d'accueil en costume s'avancent vers lui et déclarent :
— Monsieur Stone, nous espérons que vous avez fait bon voyage.
Ils lui tendent la main à tour de rôle, et il la leur serre.
— Je constate que vous n'êtes pas venu seul, fait remarquer le second. Un changement de programme de dernière minute ?
— Davis va s'occuper de quelques menus détails. Je ne pourrais pas rester très longtemps, et je vais avoir besoin qu'on me relie des informations directement du terrain. Je suis déjà appelé ailleurs, je dois donc faire au plus efficace, encore une fois...
— Évidemment, votre calendrier est très chargé, monsieur Stone.
On leur ouvre le chemin jusqu'à la voiture et on les invite à monter. Davis a un sourire éclatant et ironique, qu'il partage avec son collègue :
— Ils doivent se la dorer, ici...
— Ils se la dorent ici ou ailleurs, c'est le propre des criminels. L'environnement sociogéographique ne change jamais rien, pour eux... peut-être pour la nature de leurs activités, au mieux.
Davis continue de sourire en montant dans le véhicule. De type afro et les yeux turquoise, il paraît avoir entre vingt-cinq et trente-cinq ans, à peu près autant qu'Adrian Stone. Mais ce dernier ne sourit pas. Il sourit très rarement. Pour ainsi dire jamais.
Juste après que Stone s'y soit également installé, juste à la suite de son collègue, et que le personnel ait refermé la porte, plusieurs autres voitures balisées viennent les escorter.
La leur démarre, et le convoi s'éloigne bientôt dans la ville, en direction de leur destination, assez éloignée.
*
Dans le bureau de l'adjoint au maire, on apporte l'excellente nouvelle.
— Monsieur, l'avion d'Adrian Stone vient de se poser.
L'homme aux cheveux grisonnants détourne les yeux de son ordinateur et relève la tête vers lui.
— Très bien. Nous allons avoir besoin d'agissements forts, à la suite des derniers incidents récents, et avant le prochain congrès. Quelles ont été ses demandes ?
— Pour le moment, il n'en a pas fait part.
— Tenez-vous à sa disposition. Assurez-lui qu'il dispose de tout le soutien possible de l'État, dans le cadre de son action.
Il insiste du regard.
— Bien monsieur.
L'homme quitte la pièce, et l'adjoint au maire se replonge dans son travail, moins concentré désormais. Il sait que ce n'est pas utile de flatter Adrian Stone et de lui organiser un quelconque gala. Ça ne l'empêchera pas de railler le maire une fois sa mission accomplie, s'il en a envie... comme il vient de le faire avec celui de Lyon, juste après avoir débarrassé cette dernière de sa grande criminalité. Un esprit fort comme ça, ça ne se corrompt pas. Ça ne se manipule pas. Il faut apprendre à faire avec.
C'est évident : impertinent comme l'est Adrian Stone, il y a tout à perdre d'essayer de jouer à un quelconque petit jeu avec lui.
*
L'immense hôtel dans lequel Stone et son coéquipier s'apprêtent à séjourner a déjà été pris d'assaut par les journalistes : ils s'agglutinent comme des mouches devant le bâtiment, patrouillent parfois en voiture à proximité. Ils sont repoussés sans ménagement par les gardes du corps et les forces de l'ordre, en particulier par les policiers assermentés par la mairie à la protection de leur précieux invité.
Le grand bâtiment possède ses propres salles de conférence et de réunion. Il y a également des pièces spécialement dédiées aux interviews journalistiques ou politiques. Les politiciens en profitent souvent pour faire de discours, quand ils passent dans la métropole.
Stone se trouve actuellement dans l'une d'entre elles. La vue, d'ici et depuis les fenêtres, donne sur le splendide paysage extérieur et même sur la mer au loin, dominant une partie de la ville.
Il patiente à la tribune, très calme, poliment. Il a accepté de répondre à quelques questions de la part des journalistes.
— Quelle sera votre stratégie ? lui demande-t-on au micro.
— Celle de ne pas la laisser filtrer publiquement, pour commencer, se moque-t-il, presque agacé par la bêtise de cette intervention. Vous comprendrez que je ne dois laisser absolument aucune information filtrer dans la presse, il en va de la réussite des opérations.
— Mais le préfet est-il au courant de vos actions ? Vous avez l'habitude de prendre vos propres initiatives, et de ne mettre au courant les préfets qu'ensuite. Vous avez été souvent critiqué pour cela, on vous surnomme « l'homme aux deux visages », celui qui se trouve parfois tout juste en équilibre sur la ligne de la légalité. Monsieur le ministre de l'Intérieur a par ailleurs chargé le parquet de diligenter une enquête contre vous, depuis mardi dernier. Qu'avez-vous à répondre ?
— Il est normal que monsieur le ministre ait envie de diligenter une enquête, après les nombreuses humiliations que je lui ai faites subir, au vu de son incompétence...
— Le corps policier vous accompagnera-t-il dans certaines de vos tactiques ? Sont-ils tout de même au courant de votre stratégie ?
— En partie. Je leur dis ce que je veux.
— La F.C.E.C.C. va-t-elle interférer avec les services d'État, cette fois encore ?
Il fait signe à Davis d'approcher, et répond :
— Il n'y a pas à craindre d'ingérence avec l'État... autrement, adressez-vous directement à l'un de leurs représentants, je ne fais pas partie de la F.C.E.C.C.
Sur ces mots, il laisse le micro à Davis. Ce dernier se renfrogne immédiatement, et refuse catégoriquement de répondre aux questions.
— Hey, non, ne m'envoie pas ces vautours, reproche-t-il à Stone après avoir suspendu durant quelques minutes la conférence de presse.
Adrian esquisse un sourire et se retourne vers lui, le regarde dans les yeux pour lui faire passer le message, en lui disant, d'un air amusé :
— Ça peut être utile d'avoir des vautours qui volent... ça se voit de loin...
Davis s'immobilise en fixant le regard brillant de Stone, et commence à comprendre ce qu'il veut dire par là. Et pourquoi il a tant besoin de la F.C.E.C.C. ici.
— T'as beaucoup d'autres personnes sur le coup ? demande-t-il une fois qu'ils sont assez loin pour ne pas être entendus par la presse.
— Bien sûr.
— T'aurais pu me le dire que j'étais juste là pour détourner l'attention en tant que représentant de la F.C.E.C.C., et que tu voulais laisser filtrer de fausses informations dans les médias...
— Arrête un peu Davis, tu étais trop content de venir ici, au soleil de la Côte d'Azur. Et puis je vais avoir besoin de toi, je ne pourrai pas toujours être sur place.
Mais il s'arrête là, et jette un coup d'œil autour de lui pour s'assurer qu'il n'y ait aucun micro ou téléphone dans les parages capable d'enregistrer leur conversation.
Et il ne souhaite pas en dire beaucoup plus à Davis. Il a une stratégie totalement inhabituelle, pour cette ville. Qu'il a déjà commencé à mettre en place depuis un moment, très patiemment, et très professionnellement. Une stratégie vraiment différente de ce qu'il fait d'habitude. Et ce n'est pas sans raison.
On ne traite pas Ethan Sroth comme on traite n'importe quel criminel.
VOUS LISEZ
La Panthère de Lumière
Storie d'amoreQui est ce jeune homme rebelle et mystérieux, qui parcourt la ville sur sa moto noire pour y faire régner sa loi ? Pourquoi m'a-t-il sauvé la vie ? Et pourquoi repousse-t-il toutes mes tentatives pour essayer de le connaître ? Pourquoi est-il à la f...