Deux serveurs viennent nous servir un vin qui a l'air hors de prix et que je ne connais pas. Et restent près de la table, pour nous resservir régulièrement.
— T'es sûr qu'on peut se payer un restaurant comme ça ? m'inquiété-je.
— Ne t'en fais pas.
Il boit lentement le sien. Puis me fixe dans les yeux. Longuement.
— Vous pouvez disposer... on va prendre la bouteille, dit-il aux deux serveurs en leur accordant à peine un regard, dans le but de les faire déguerpir.
Ils prennent congé.
Ethan et moi on continue de se regarder dans les yeux, complices. À la lueur des bougies qui trônent sur la nappe.
Il étend suffisamment les bras pour me saisir délicatement les mains.
— Je ne pensais pas que je trouverais quelqu'un ici, dit-il.
— Ici, dans cette ville, tu veux dire ?
— Oui. Tes yeux... sont hypnotiques, je n'arrive pas à m'en détacher. Ils me font rêver. À une autre destinée. À une autre vie.
Je souris.
— Il ne tient qu'à toi de me rejoindre, et d'arrêter tes activités, pour avoir une vie plus douce...
Les serveurs viennent prendre notre commande, et nous apporter une entrée aux crustacés, pour patienter.
Lorsqu'ils repartent, Ethan reprend, en plongeant son regard de fauve dans le mien :
— En fait, quand je te regarde, je me dis que t'avoir rencontrée, c'est la meilleure chose qui me soit arrivée. Alors, peut-être un jour.
Je suis touchée par ces jolies paroles, et ne parviens pas à dévier de ses beaux yeux qui m'attirent et me subjuguent ; je passerais toute la nuit à m'y plonger et à y naviguer, si je le pouvais.
Si seulement il était sincère... mais je sais que le goût du sang l'appellera à nouveau, et qu'il ne pourra pas y résister...
* * * * *
Deux jours plus tard.
En début de matinée, je reçois un appel d'un numéro inconnu sur mon téléphone. Je décroche :
— Allô ?
Dans un premier temps c'est le silence. Puis, une voix empressée se fait entendre :
— Vous... vous êtes Agathe ?
La voix est instable, presque haletante. La personne a l'air paniquée.
— Euh... oui c'est moi, qui êtes-vous ?
L'homme semble déglutir avec un raclement de gorge nerveux, après quoi il parvient à dire :
— J'appelle pour... pour présenter toutes les excuses possibles, au nom de... ceux qui vous ont tendu un piège l'autre fois... ça ne se reproduira plus... ça ne se reproduira plus.
Son ton est terrorisé. Un hoquet de frayeur le secoue, et tout à coup, j'entends la tonalité résonner.
Ça a raccroché.
Je reste un moment troublée. Est-ce que c'est Ethan, qui les a menacés ? Voire même pire pour certains ?
J'en ai des frissons dans le dos. J'espère qu'il n'a pas fait de connerie...
J'ai besoin d'en avoir le cœur net.
Je vais rejoindre Ethan, là où je sais qu'il va passer.
Dans les couloirs des salles dédiées au Cinéma et à l'Audiovisuel. Mais je ne me montre pas tout de suite : je reste dans un corridor déserté, peu éclairé.
Quand il arrive j'en profite pour le pousser soudainement dans ce passage, puis le bloque contre le mur.
Il me fixe de son regard flamboyant, son regard de braise. Et me dit calmement :
— Ma jolie, si tu veux me parler, tu n'as pas besoin de faire ça.
J'ai le cœur qui bat fort. Évidemment, il a deviné que si je le pousse comme ça contre le mur, cette fois, ce n'est pas pour l'embrasser, mais pour l'interroger. Bon, c'est vrai que je le plaque à peu près de la même façon dans les deux cas.
— Est-ce que tu as menacé, ou pire encore, l'espèce de dangereux gang qui m'ont tendu un piège l'autre jour ? J'ai reçu un coup de téléphone, le mec était absolument terrifié.
— Et pourquoi suis-je absolument le premier suspect, ma biche ?
— Parce que tu es un très bon premier suspect, mon lapin.
D'un air moqueur, il fait un geste de la tête pour essayer de m'embrasser ; mais j'évite le baiser, car je suis trop énervée et angoissée.
Soudain, il se dégage d'un geste sec et fort, brutalement. Il repart sans dire un mot, et je reste trop longtemps sur place pour le rattraper.
Il disparaît bientôt de mon champ de vision.
Bien sûr que c'est lui.
Sauvage. Insaisissable. Violent.
* * * * *
* * * * *
* * * * *
— J'ai l'info que tu m'as demandée, dit Maximilien.
Il s'installe à la table en face de moi.
— Vas-y, dis.
— Apparemment, tous les mecs qui t'ont attaquée ont mal fini, et les uns après les autres. J'ai pas trouvé pour tous, mais j'ai trouvé des trucs assez chauds. Certains ont dû s'enfuir à l'étranger, d'autres qui se sont retrouvés à l'hôpital avec les deux bras cassés, un autre son appart' a été ravagé et sa famille j'en parle pas... la plupart ont paniqué et ont quitté la ville, certains se sont rangés par peur des représailles. T'as des bons protecteurs, quand même. Je pense que désormais plus personne n'osera te toucher. Ni essayer de t'attirer dans un piège.
Bon maintenant c'est sûr, c'est Ethan ; même s'il n'avouera jamais avoir fait ça.
— Je pense que c'est mon copain qui a fait ça.
— Oh ? C'est normal, j'imagine, alors.
— Tu trouves pas ça choquant ?
— Il t'a protégée. Il a fait passer un message. Genre que plus personne ne tente de te faire du mal. Après, bon, ses méthodes, j'y souscris pas.
Je me demande quand même si Ethan n'a pas chargé ses hommes d'aller faire passer un petit message à ces connards, du style « pas touche à Agathe ». Il est trop intelligent pour s'occuper de ces salopards par lui-même alors qu'un juge le surveille.
Il y a de la noirceur en lui. Je ne le crains pas : j'ai appris à vivre avec sa redoutable agressivité. Il est ce genre d'homme fascinant dont on se demande s'il est capable d'aimer... ou plutôt, de quelle manière il est capable d'aimer. Un amour fou, c'est sûr. Je sens qu'il serait capable de mettre la ville à feu et à sang pour moi. Et de faire tomber n'importe qui.
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La Panthère de Lumière
RomanceQui est ce jeune homme rebelle et mystérieux, qui parcourt la ville sur sa moto noire pour y faire régner sa loi ? Pourquoi m'a-t-il sauvé la vie ? Et pourquoi repousse-t-il toutes mes tentatives pour essayer de le connaître ? Pourquoi est-il à la f...