94

99 5 0
                                    

Quand on rentre au point de rendez-vous convenu, je découvre avec joie, comme je m'y attendais, qu'Ethan a terminé premier. Il a gagné. Après son saut il a atterri sur la route juste devant le mec agressif, et celui-ci n'a jamais réussi à le rattraper jusqu'à la ligne d'arrivée. C'est bien fait pour ce salopard qui a failli tous nous provoquer des accidents en dépassant sauvagement ses concurrents, dès le début de la course.

Avec tout l'argent que je viens de remporter, grâce à mon pari, comme j'avais parié sur la victoire d'Ethan, je décide d'en donner une partie à mon coéquipier ; après tout, c'est tout à fait normal après les risques que je lui ai fait prendre. Mais on ne peut pas en discuter très longtemps ici : avec le grabuge qu'a semé Ethan en ville, des patrouilles de police ne vont pas tarder à sillonner le coin pour nous retrouver.

Ce genre de racings ça va mettre le maire de la ville en rogne : il ne va pas tarder à prendre les dispositions nécessaires pour nous arrêter.

Cent mille euros ça fait beaucoup d'argent pour moi ; certains me conseillent sur comment le cacher sur un compte bancaire pas trop visible. Mais une seule chose m'intéresse vraiment maintenant : voir Ethan. Comme il est resté dans les parages je me dépêche d'aller le voir :

— Tu me ramènes ?

Je lui lance ça en souriant.

Il est juché sur sa moto ; qu'est-ce qu'il est magnifique. Il ne transpire même pas vraiment après tout ce qu'il a fait : c'est à peine s'il tient un mouchoir du bout des doigts, qu'il a dû se passer rapidement sur le visage ; et maintenant il est tout aussi frais qu'avant la course.

Il semble toujours de mauvaise humeur de s'être laissé prendre dans ce plan. Et me foudroie du regard.

— Normalement, après le sale coup que tu m'as fait, je devrais te laisser rentrer à pied ma belle...

— Oui, mais tu ne vas pas le faire.

— Ouais, c'est vrai, admet-il. Allez, monte, l'hirondelle.

Il a l'air de faire la gueule, quand même. Trop mignon. Il va falloir que je commence à l'amadouer.

Ennemis ou amants... des fois on sait pas trop. On se déteste mais on s'aime quand même. On ne peut pas se passer l'un de l'autre. Je vois qu'il est à deux doigts de sourire et que ça lui fait plaisir de me voir, mais il ne me le dira jamais, il est trop fier pour ça. Et puis, il aime se battre contre moi, qu'on s'affronte. Je suis sûre que ça lui manque, depuis qu'on est officiellement en couple.

Je monte à l'arrière de la Yamaha. Waouh... toucher ce bolide qui a été si puissant durant la course, c'est ultra excitant. Je caresse la moto avec les mains, partout là où je peux toucher, elle est si belle et brillante, je la sens transférer sa chaleur à travers mon corps, par mes mains et mes bras. Ça m'envahit de plaisir. Ça me donne envie de caresser Ethan aussi, même si c'est devant tout le monde, mais je vais me retenir et patienter autant que possible.

Je lui caresse un peu le bras.

— Tu as été si sauvage, tout à l'heure, si fort, c'était hyper excitant, j'adore !

— Ouais, mais je t'en veux encore d'être allée répéter ce que je t'avais dit sur Sofia. On doit pouvoir se confier des trucs, et que ça reste entre nous. Ne me refais plus jamais un coup comme ça, ma belle.

Il démarre et je m'accroche à lui, tandis qu'on file tous deux sur les routes nocturnes.


*  *  *  *  *


L'endroit près de chez moi paraît si calme, après ce que j'ai vécu ce soir... j'ai encore les oreilles qui bourdonnent très légèrement, ainsi que le cœur qui bat intensément. Mais je me sens tellement bien, là.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant