La Panthère de Lumière

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Deux mois plus tard. Fin septembre. Nice, Côte d'Azur. 08h37.

Lorsque le tramway ralentit sa course, je tourne mon regard vers la vitre et tente d'apercevoir mon amie Mégane dans la rue. Je l'ai rencontrée dès les premiers jours de mes études de cinéma. On a très vite partagé nos goûts musicaux et cinématographiques, et en papotant, on s'est rendu compte qu'on avait beaucoup de choses en commun.

Mais où est-elle ? Je n'arrive pas à la voir... il y a trop de monde à cet arrêt. Bon, tant pis. Il faut que je descende.

Je me faufile entre les passagers tant bien que mal, mon sac à main à l'épaule. Quelques mèches de cheveux s'échappent de ma coiffure et me taquinent le visage. J'ai attaché mes cheveux châtain foncé à la va-vite ce matin. J'étais pressée, je devais me préparer en moins d'une heure. Dans la précipitation, tout ça... le réveille-matin sur mon téléphone s'est montré capricieux. Et le fait que je l'éteigne d'un geste mou et endormi n'a pas aidé.

En jouant des coudes, je parviens à atteindre la sortie et descends du transport bondé.

Je balaye rapidement les environs du regard dans le but de repérer Mégane. Et la vois finalement à quelques mètres, en train de pianoter sur son téléphone.

Je m'approche d'elle :

— Coucou ! J'suis désolée de t'avoir fait attendre.

Elle relève les yeux vers moi et m'adresse un sourire. Elle me fait la bise avec entrain.

— Hey, t'inquiète, y'a pas de mal du tout, on est loin d'être en retard.

Puis son regard se fait plus attentif, observateur. Elle ajoute :

— T'as un peu de rouge à lèvres qui dépasse, là...

Elle accompagne ses paroles d'un geste du doigt sur sa propre bouche pour me désigner l'endroit.

— C'est vrai ? Merde, j'ai fait plutôt vite ce matin.

Je m'inquiète en sortant un petit miroir de poche avec discrétion.

Rien d'alarmant. Rien de vraiment visible en mon reflet, si ce n'est quelques imprécisions sur le maquillage.

Je me passe légèrement le doigt sous la lèvre inférieure afin d'atténuer l'effet gloss qui semble s'épancher un peu. Mais sans prendre la peine de sortir un mouchoir.

— Ça va, j'y survivrai je crois, pas besoin d'être parfaite.

D'un pas vif, on traverse tranquillement la place Masséna et on s'engage sur l'avenue adjacente.

La température est douce et je sens le soleil me caresser la peau, tandis que nous avançons à côté des immeubles à la teinte claire. Habiter près de la mer comme ça, dans une région aussi ensoleillée, c'est agréable à cette période de l'année : il ne fait pas trop froid avant octobre en général ici, et j'aime pouvoir profiter de la plage le plus longtemps possible. Même le matin, c'est sympa. L'odeur du sable m'arrive presque jusqu'aux narines.

Décontractée, Mégane a l'air de bonne humeur. Son teint très clair rayonne sous un soleil encore timide, de même que ses cheveux noirs qui contrastent avec sa peau blanche. Ses yeux anis et son menton prononcé lui donnent un aspect sérieux, mais elle l'est beaucoup moins qu'on pourrait le croire. Plus grande que moi, elle est également plus mince. Bon, j'arrive à garder la ligne tant bien que mal. Et je compte bien continuer, n'en déplaise aux crèmes glacées et autres pâtisseries que j'adore et que je pourrais déguster sans m'arrêter.

La passion de Mégane pour les nouvelles technologies l'a conduite à choisir la même filière que moi. Elle a une curiosité naturelle pour tout ce qui se rapporte à l'audiovisuel, cette fille. Elle est également streameuse débutante, et elle a une communauté assez conséquente déjà, grâce à sa bonne humeur et à son enthousiasme communicatifs. Elle veut s'inspirer de la gestuelle cinématographique, des mises en scène dans les films, pour produire des streams de qualité, toujours plus originaux. Au cours de la première semaine de la rentrée, elle m'a avoué avoir hâte de profiter des sorties cinéma. De se rendre dans les festivals, et dans des salles de projection particulières. Une excursion à Saint-Tropez est d'ores et déjà prévue au cours du premier trimestre. Et un passage au festival de Cannes plus tard.