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Au soir.

Chez moi, et quelque temps après que les hommes d'Ethan m'aient ramenée à mon appartement dans une grande voiture noire luxueuse, à l'intérieur semblable à une jolie limousine, je m'enferme aussitôt dans ma chambre et respire longuement, allongée sur le lit.

Je n'avais jamais ressenti ça pour un homme. Un désir sexuel conséquent mais aussi le besoin de percer son âme, de la guérir de ses obscures obsessions, et de l'apprivoiser, de suivre le même chemin que lui. Avec lui, quelque chose se réveille en moi. Quelque chose que je découvre, et qui me dépasse.

Psychologiquement parlant, ça ouvre des perspectives nouvelles, très intéressantes et sensuellement stimulantes. J'ai, maintenant, des idées, et je me surprends à les développer avec érotisme. Je pourrais l'inviter à s'asseoir sur une chaise, l'y attacher, et venir le chauffer de différentes manières, lui enduire les muscles d'huile de massage chaude, et le provoquer, voir s'il est capable de se détacher de ces cordes à la force de ses muscles, jusqu'à me prendre dans ses bras.

Mais en attendant de pouvoir mettre ça en place, j'ai juste envie de m'endormir en l'entendant, en lui parlant doucement au téléphone. De là où il habite réellement, une maison qu'il ne m'a pas encore montrée pour l'instant, un repaire que je ne verrai peut-être jamais...

Il a beaucoup de villas... mais il ne m'a pas encore dévoilée celle où il habite vraiment...

Maintenant, je sais qu'il est sado-masochiste, qu'il n'est capable de ressentir de plaisir qu'à travers la souffrance. Une souffrance qui doit lui rappeler son passé, et peut-être aussi la vie sadique et sanglante qu'il mène au quotidien. Il domine et anéantit, écrase et fait saigner ses ennemis au quotidien jusqu'à la mort pour expier sa souffrance. Et il aime qu'on lui fasse mal au lit, là où toutes les sensations se concentrent, là où notre passion s'en mêle, et là où moi je suis, là où je presse mon corps contre le sien, pour sublimer nos ressentis ensemble, dans une sexualité explosive.

Je dois trouver un moyen de le contrôler. Avant qu'il ne soit consumé par sa propre violence, sa colère et sa souffrance. Avant qu'il ne mette le feu à tout le pays pour atteindre ses objectifs, pour se venger et pour faire tomber ses ennemis. Avant qu'il n'aille trop loin, beaucoup trop loin.

Il est consumé par cet irrépressible besoin de vengeance, notre amour devra être plus fort encore que ça, plus puissant encore que la haine qui le possède et l'habite.

Seul l'amour peut encore le sauver.

Je suis la seule qui peut encore l'arrêter.


*  *  *  *  *


Mes études en Cinéma et Audiovisuel avancent bien, on va bientôt commencer à faire des stages.

Pour dissimuler ses activités criminelles, Ethan continue d'être inscrit et de suivre des cours. Il réussit brillamment tous ses examens. Je pense qu'il a raison : il est plus intelligent que d'autres grands gangsters, en ayant une couverture. Et puis, si un jour il souhaite raccrocher et se réinsérer, ça lui sera utile d'avoir des diplômes universitaires.

Seule à ma table, dans la salle de documentation, durant un intermède d'une heure entre les cours, je me dessine le prénom de l'élu de mon cœur sur l'avant-bras au feutre noir. Ça m'aide à toujours penser à lui, quand il n'est pas là. Il n'est pas souvent présent sur le campus, il est toujours occupé avec de multiples affaires. Alors parfois, rêveuse, je pense à son beau visage et m'amuse à dessiner son nom sur ma peau.

Lorsque Laetitia me rejoint, elle s'installe à la chaise limitrophe et me demande :

— Qu'est-ce que tu fais ?

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant