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La soirée bat déjà son plein et on y trouve tout le gratin de la ville. Et toute une partie de celui du pays, dans une ambiance illuminée. Des personnes importantes venues de Paris sont présentes.

La salle principale, qui s'étend sur une centaine de mètres et donne sur une très grande terrasse, bénéficie d'une vue privilégiée sur toute une partie de la ville. Le décor est d'un ton clair et argentin. Il y a de beaux rideaux ornementaux, le sol est rutilant. Plusieurs buffets ont été dressés.

Lorsque je me présente avec Laetitia à l'entrée, deux hommes en smoking et nœud papillon, rasés de près, nous laissent entrer.

Je m'avance avec mon amie dans la salle. Tout le monde en pleine discussion, un verre de bourbon ou de spiritueux à la main.

— Ça fait tout drôle de se retrouver parmi ces gens, tu trouves pas ? glissé-je à Laetitia. Y'a tellement de gens connus...

J'hésite à aller faire un tour en terrasse ou à me rendre dans les autres salles. Pour voir si je peux repérer Adrian Staune, savoir où il est.

— Je ne pense pas que Staune va te parler, il doit sûrement reprendre l'avion. Voyage de nuit peut-être.

— Oui, c'est sûr... enfin, j'ai rien à perdre à essayer.

— Bonsoir les filles, il n'y en a pas beaucoup des aussi jeunes que vous dans cette soirée. Vous êtes en standby ? En attendant quelqu'un ?

Un jeune homme de la trentaine, un peu gras, cheveux d'un noir de jais et vêtu d'une chemise soigneusement boutonnée, s'adresse à nous. Il n'a pas l'air d'un dragueur intempestif et paraît plutôt sincère dans son questionnement alors Laetitia répond :

— Non, mon amie voudrait parler d'un truc à quelqu'un, ici, on attend qu'il soit plus disponible.

— Ah, qui ça ?

— Adrian Staune.

Il hausse les sourcils.

— Vous n'aurez pas beaucoup de temps, il est effectivement occupé je crois bien. Il me semble qu'il tient à répondre à ceux et celles qui viennent lui parler, mais comme il est très demandé, forcément il est obligé d'écourter les discussions.

— Oui c'est normal.

— Il ne va pas y avoir un moment où il va s'ennuyer et où personne ne lui parlera...

— Non mais elle ose pas en fait je crois, plaisante Laetitia avec un sourire.

— Non mais n'importe quoi ! protesté-je en lui filant un petit coup de coude.

Le gars affiche un petit sourire compréhensif.

— Oui, c'est ce qui arrive souvent lorsqu'on parle à quelqu'un d'aussi connu que lui. Et quelqu'un qui se situe... à la frontière.

— À la frontière de quoi ?

— Eh bien, de la lumière et de l'obscurité, d'une certaine façon. Quand on travaille ou qu'on s'investit dans ce qu'il fait, on côtoie forcément les milieux les plus sombres. Il faut être capable de s'aventurer et d'aller prospecter du mauvais côté tout en ayant un esprit assez fort et emprunt de conviction pour ne pas se laisser corrompre.

— J'ai l'impression qu'il fait beaucoup de choses avec brio, ce monsieur Adrian Staune, admet Laetitia. Pourquoi a-t-il décidé de s'engager là-dedans ?

— Je sais que des histoires très personnelles l'ont poussé à lutter sans retenue contre la criminalité. Mais je ne connais pas tous les détails.

Tout à coup un homme accoste mon interlocuteur. Qui finit par nous dire :

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant