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La Yamaha obscure file sur l'asphalte et nous dessus. Mes bras enserrent la taille d'Ethan. À cette distance du centre-ville, il y a davantage de verdure, ainsi que d'espace entre les bâtiments.

C'est super agréable de me blottir contre lui... comme il n'a pas mis de casque (il m'a prêté le sien, visiblement il n'a pas peur pour lui mais refuse qu'il puisse m'arriver quelque chose), j'ai envie de l'embrasser dans le cou. Ce serait l'occasion.

Mais je me retiens. J'ignore quels sont ses sentiments à mon égard, et il n'est pas du genre à partager ses ressentis.

Je n'ai pas le droit de tenter quoi que ce soit. Pas tant que je ne sais pas ce qu'il ressent. Et c'est bien le problème : demander ce qu'il ressent à un mec comme ça, c'est compliqué.

Lorsqu'Ethan ralentit enfin, j'aperçois la grande salle de concert. Elle paraît presque semblable à des bureaux ou à des studios d'enregistrement, au frontispice clair et fenêtré. Des grilles cerclent le bâtiment.

Ethan entre puis gare sa belle bécane dans l'enceinte. Il stoppe là, moi toujours accrochée à lui.

Il descend et me tend la main pour m'aider à descendre. J'aime sentir sa peau contre la mienne, et j'aimerais ne jamais la lui lâcher. Il est si doux quand il le veut bien... et sa main si agréable à toucher... j'essaie de la lui caresser un peu quand on a nos mains l'une dans l'autre, mais je n'ai pas beaucoup de temps pour le faire. Je suis maintenant descendue de la moto et il doit me la lâcher. Je n'arrive pas à voir son regard, il détourne rapidement la tête : est-ce qu'il veut bien que je lui touche la main ? Est-ce que je peux tenter un truc ? Est-ce qu'il ressent la même chose que moi ? Si seulement j'osais lui parler... les gestes qu'il fait envers moi sont encourageants, comme quand il me prend la main à la moindre occasion, mais, avec lui on sait jamais...

Il s'avance vers l'entrée de la salle qui se trouve un peu plus loin et je lui emboîte le pas en silence. Durant le trajet à moto, il a passé un coup de fil à une connaissance à lui pour que le mec nous ouvre la salle. Je m'étais d'ailleurs fait la réflexion que ce n'est pas très prudent sans casque et avec le téléphone à une main : il aurait pu se prendre une vilaine amende s'il avait croisé le chemin des flics. Mais on dirait qu'il s'en fout, il n'a peur de rien.

On s'approche d'une porte près de l'entrée : en sort soudainement plusieurs hommes grands et musclés, qui viennent tout juste de déverrouiller l'endroit.

Ils sont impressionnants. L'un d'entre eux se détache du groupe, ses yeux sombres se fixent sur Ethan.

— Bonjour, monsieur Sroth. Ne vous attardez pas trop, si possible.

Un autre arrive depuis l'intérieur du bâtiment, un peu plus jeune avec une barbe et des tatouages sur les bras ; il s'avance vers Ethan ; peut-être un collègue à lui.

— Salut, dit-il tandis que sa main serre vivement celle d'Ethan. Tout est prêt, mais il ne faudrait pas que ça dure longtemps.

Il s'arrête de parler et fronce les sourcils en balayant du regard les lieux derrière nous.

— Attends, où sont tes gars ?

Ethan répond sur un ton froid :

— Je suis ici incognito. En tant que simple étudiant.

L'homme lève un sourcil circonspect.

— Un simple étudiant... répète-t-il machinalement, le regard peu convaincu, comme si ça lui paraissait inconcevable. Et la demoiselle ?

— Ne t'occupe pas de la demoiselle. On a besoin des lieux quelques minutes, pour tourner un court-métrage.

L'homme hoche la tête. Aussitôt, les autres s'écartent pour laisser passer Ethan. Et moi aussi, qui me dépêche de le suivre, dès qu'il a franchi la porte ouverte. Ça fait bizarre d'avoir des gens qui s'écartent avec respect pour me laisser passer, comme ça.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant