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Dès que je suis rentrée chez moi, je reste le dos contre le mur du couloir, et respire longuement. Je me repose comme ça, et ferme les yeux. Les pensées se bousculent dans ma tête.

Sofia est tellement sûre d'elle qu'elle peut se permettre d'agresser les gens comme ça, n'importe où. Mais le mystère vient surtout d'Ethan. Qui est véritablement cet homme ? Il m'intrigue et m'effraie en même temps... il est si protecteur, parfois... mais je sens quelque chose de vraiment sombre en lui, des ténèbres plus profondes que la nuit.

Après une petite minute de réflexion, je me mets en mouvement : je passe par la salle de bain, puis je vais dans ma chambre, et me laisse retomber sur le lit. J'ai besoin de me détendre, après tant d'émotions. Dans ces moments-là, j'aime dessiner un peu.

Je me lève, et m'installe à mon bureau. Puis je prends une feuille de canson et un crayon. Je laisse ma main vagabonder dessus, mes doigts tracer des cercles, des lignes, des étoiles, au gré de mes ressentis. Je dessine peu à peu un paysage de nuit... une nuit étoilée. Des arbres, des immeubles, la lune, au loin une plage. Je m'applique à faire de jolis dégradés de lumière, c'est une nuit lumineuse.

Mais quand je commence à tracer les contours d'une moto, que je sens mon cœur battre d'excitation, je m'arrête et mords mon crayon. J'ai envie de le dessiner, il est très beau et quelque chose d'indescriptible émane de lui... il est insaisissable... mystérieux... un dieu de la nuit. Je suis habituée à faire des personnages de manga, alors ce serait un véritable défi, de dresser le portrait d'un être aussi sauvage.

Je pose le crayon, et respire longuement. Il faut vraiment que j'arrête de penser à lui, ça me perturbe, ça me trouble, et je ne dois pas me laisser distraire des problèmes graves que j'ai, vis-à-vis de Sofia et son gang. Putain, ça m'angoisse. Espérons qu'elles m'oublient. Il faudra que je me fasse petite à l'avenir, que je ravale ma trop grande sensibilité et ma détestation de Sofia. Je n'ai pas le choix.

Putain... pourvu qu'elles m'oublient... c'est ma seule chance, maintenant...


*   *   *   *   *


Le lendemain, entre deux cours, je suis en train de parcourir les couloirs d'un pas inquiet et m'apprête à descendre les escaliers, le regard préoccupé par toute cette histoire, et par cette menace qui plane sur moi.

Je passe devant la vitre au bout du corridor, en allant m'engager sur les marches.

Soudain, je perçois une ombre, une silhouette encapuchonnée qui s'y reflète. Elle se faufile aussitôt derrière moi : mais je n'ai pas le temps de réagir.

Mon souffle est soudainement coupé : une violente impulsion me propulse en avant. Je chute et dégringole les escaliers, tête la première, quand, tout à coup, ma chute est arrêtée et mon corps retenu. Quelque chose de fort et de stable m'a rattrapée.

Sous le choc, je mets plusieurs secondes à réaliser dans les bras de qui j'ai été secourue.

— Non mais, encore toi ? dit Ethan en me lâchant progressivement. Tu ne peux pas regarder où tu mets les pieds ? C'est pas forcément que ça me dérange, mais je ne serai pas toujours là au bon moment, mademoiselle la pierre précieuse aux mille nuances.

Il m'effleure la hanche, resserre même son étreinte, signe qu'il n'est pas si en colère que ça de me retrouver. Mais, après ce court moment où il me tient dans ses bras, il finit par me lâcher.

Je lui accorde un regard ébranlé, incapable de parler. Puis j'ouvre la bouche et dis la seule chose que l'urgence de la situation me commande de dire :

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant