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Des ténèbres. Rien que des ténèbres.

Une souffrance intense. Persistante dans l'épaule. Douleur aiguë.

Ethan grimace et commence à cligner des yeux en reprenant conscience. Ça le lance douloureusement dans toute l'omoplate. On dirait qu'un couteau lui traverse le corps tant la douleur est horrible.

Il parcourt du regard l'endroit où il se trouve : il est allongé dans un lit, apparemment dans une clinique ou dans un hôpital. Quelqu'un est assis à ses côtés mais il ne cherche pas à savoir de qui il s'agit ; il essaye surtout de se redresser.

— Je dois pas rester l... rester là... ouch !

Ça fait putain de mal.

Il n'arrive pas à se redresser aussi facilement et remarque qu'il a un bandage tout autour de l'épaule.

Il a dû être touché par la balle de revolver à cet endroit. En plus, il se sent encore vaseux... ils ont dû lui administrer quelque chose, des médicaments. Il ne va pas pouvoir courir et quitter l'hôpital comme ça.

— Calme-toi, tu vas te faire mal, lui dis-je en lui posant tendrement la main sur le poignet.

Il tourne la tête avec difficulté et me reconnaît enfin.

— Agathe... c'est... c'est toi qui m'as amené ici ?

— Non c'est le SAMU, mais c'est moi qui les ai appelés.

Il ferme les yeux, et les rouvre. Il aurait besoin de morphine ou quelque chose. Je vois qu'il a mal. On vient tout juste de lui recoudre l'épaule après tout.

— Agathe... c'est toi qui es intervenue, pendant la bagarre ?

— J'étais dans le coin, oui. Tu as eu de la chance que je t'aie vu passer...

Je m'abstiens de lui avouer que je le suivais un peu sans qu'il le sache. Mais bon, c'est normal, ça m'inquiète vraiment ce qu'il fait la nuit.

Il ferme à nouveau les yeux.

— Agathe... t'aurais pas dû t'en mêler, t'aurais pu être tuée...

— Je donnerai ma vie pour toi s'il le fallait, t'as pas encore compris que je t'aime ? Et toi, t'aurais pu être tué si je n'étais pas intervenue. Ils étaient armés et toi pas, t'as vraiment pris des risques cette fois...

— Je pensais pas qu'ils voudraient le tuer aussi rapidement, je pensais qu'ils venaient juste l'interroger pour remonter la filière, et trouver ses commanditaires. Mais visiblement leur boss a pété les plombs, il en est à faire couler un maximum de sang. Depuis que je te connais j'ai du mal à me concentrer, à être aussi froid et clinique qu'avant... je commence à sous-estimer le goût du sang que certains peuvent avoir, c'est vrai. J'ai fait une erreur tactique, d'appréciation...

Il a un soupir excédé et reprend :

— Apparemment leur boss est devenu complètement fou, il tue tous les gens qui sont sur son chemin.

— Il serait peut-être temps de me dire dans quoi tu trempes, non ? Tu crois que je t'ai pas assez prouvé que je t'aime et que je suis prête à tout accepter ? Pourquoi il tue tous ces gens ? Pourquoi il fait ça ?

Il soupire et tourne la tête, peu enclin à m'en dire plus, peut-être pour ne pas me mettre en danger.

Puis finalement il déclare :

— C'est le mec dont je t'ai déjà parlé, Ismaël... il a pris le contrôle de ceux qui dirigent la plupart des cartels dans le pays, en particulier dans la partie sud, mais il a ses propres alliances à Paris, pour le moment. C'est devenu mon principal rival, depuis qu'il a profité des rafles de la police et de leurs équipes, pour tuer ses concurrents et devenir hégémonique. Toutes ces rafles ont trop affaibli ses concurrents, et lui ont totalement laissé le champ libre. Il paraît qu'il cherche actuellement à coincer une bande qui lui ruine son business, une bande qui est en train de le faire tomber, enfin... t'occupe pas de toutes ces merdes c'est trop dangereux. Je peux pas t'en dire plus. Ce serait te mettre inutilement en danger.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant