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Quelques jours plus tard je m'en rends compte, ma mère a reçu ce drame comme un électrochoc.

— J'ai décidé de démissionner de mon travail ma chérie, me dit-elle à mon chevet, emplie d'une vive émotion qui ne l'a pas quittée depuis mon accident. Je vais être plus souvent près de toi.

— Quoi ? Non, non, ne fais pas ça, c'est super important d'avoir un boulot !

— Je n'ai pas été assez présente pour toi, il peut t'arriver des choses graves ma chérie. J'ai si peur de te perdre... je me laisserais mourir s'il t'arrivait quelque chose.

— Je te promets maman, ne te mets pas en difficulté pour moi...

— La seule chose qui compte, pour moi, c'est toi.

Elle me caresse le thorax par-dessus les draps, avec une grande tendresse.

— C'est moi qui ai été stupide. J'aurais dû crier pour appeler quelqu'un au lieu de m'en mêler.

— Pourquoi tu ne l'as pas fait ? Qu'est-ce qui t'a pris ?

— J'en sais rien... j'ai vu une victime en position de danger, j'ai pas eu le temps de réfléchir... il n'y avait personnes dans les environs, il aurait pu se passer n'importe quoi le temps que quelqu'un m'entende et finisse par venir.

— Mais tu dois fuir quand il se passe quelque chose comme ça, tu peux être prise à partie dans l'agression.

— Je sais... est-ce que tu crois que ma cicatrice va rester ?

— On ne peut pas savoir... peut-être une petite...

— J'ai été vraiment trop naïve... il y a tellement de sales gens dans le monde, c'est dingue quand même de m'avoir fait ça alors que j'essayais d'aider quelqu'un.

— Beaucoup ... tu dois faire attention.

Je clos mes paupières. Je ne supporte pas de faire souffrir ma mère. Mais je ne peux pas non plus laisser des innocents se faire maltraiter et agresser.

— J'oublie toujours qu'il y a trop de cons en ville.

— Et pas seulement en ville. Il faut vraiment que tu fasses attention. C'est important.

Elle m'embrasse sur le front.

— Repose-toi, maintenant.


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De nombreux jours se sont écoulés, et j'ai subi bon nombre d'examens supplémentaires. J'ai vu les médecins et les infirmières défiler à mon chevet. Et aussi la police, après un moment. J'ai dû relater mon agression dans les moindres détails. Malheureusement, dans la pénombre et avec les cheveux devant le visage, je n'ai pas vu précisément à quoi ressemblait la fille qui m'a poignardée. Je suis incapable d'en donner la moindre description à la police.

Ce qui m'est arrivé est immonde. J'en reste absolument terrorisée, en état de choc mental. C'est horrible. J'ai voulu aidé quelqu'un, et suis tombée dans un traquenard, volontairement tendu. Les agresseurs ont parié sur le fait que je viendrais pour secourir une personne en détresse. Afin de pouvoir me poignarder plus facilement. C'est abominable. Ils savaient que j'interviendrais, que j'étais généreuse et soucieuse d'aider. Il n'y a rien de plus ignoble, de plus dégueulasse, que la mise en place d'un tel stratagème. Horrible. J'en ai pleuré, devant Laetitia.

Et ce qui veut aussi dire que mes agresseurs me connaissent. Et me connaissaient très bien. Ils savaient très bien que je suis du genre à intervenir dans ce genre de situation-là, pour aider la victime.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant