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Ethan porte un verre de vin à ses lèvres et déclare :

— Ça te dit de bouger ? Aller discuter dans une grande villa, avec piscine, décor de palmiers, tout ça. Ou un autre décor, c'est toi qui choisis. Choisis ta villa, et tu y passeras autant de temps que tu le souhaites.

— Oui on y va tout de suite ?

— Dès que tu as fini de manger. Ça me fait plaisir de passer ce moment avec toi, ici, alors prends ton temps.

C'est vrai que je suis trop bien ici, avec ces jolies lumières, dans cette atmosphère charmante. Mais j'ai aussi envie de le voir juste lui et moi, de manière plus intime.

Au bout d'un moment, il s'apprête à se lever, et j'en profite pour lui prendre la main. Avec douceur mais conviction.

Je lève les yeux vers lui, et les plonge profondément dans les siens. Dans ses beaux yeux masculins, en lesquels je ressens la passion la plus mordante et la plus désarmante. Une passion qu'on partage. Je le contemple. Aucune pensée, aucune phrase, aucun mot ne viennent effleurer mon âme, puis descendre, doucement, imbiber mes lèvres.

Ethan me regarde, une poussière d'étoile d'hésitation dans ses yeux magnifiques. Il n'est peut-être pas encore sûr de pouvoir me faire confiance ; mais je veux lui prouver qu'il le peut.

Son pouce glisse au niveau de mon pouce, comme pour former avec lui un signe.

Il se lève finalement. Et termine son verre d'eau. Ça me laisse le temps de me reprendre, et de me préparer moi aussi à partir.

Je range mes affaires et me lève. Il tourne le regard vers moi et approche la main de moi, j'ai l'impression qu'il va me caresser le front.

— Tu as encore la fleur dans les cheveux. Garde-la, elle te va bien.

Je sors mon miroir de poche : c'est vrai, ça me va bien.

J'ai mis mon téléphone sur silencieux, mode vibreur, je sais que j'ai reçu des messages et des appels mais je ne veux pas gâcher ce moment avec lui.

Il adresse un signe de tête au propriétaire et se dirige vers la sortie du restaurant. Je prends mon sac à main et le suit.

On sort de l'établissement et on fait quelques pas dans la rue. Elle est bien éclairée.

— On va prendre ta moto ?

— Ouais. Je sens que t'aimes monter dessus.

— C'est clair, je suis tombée amoureuse d'elle en même temps que son propriétaire.

Il va vers la moto. La température est douce ce soir. La Yamaha est d'allure sombre et flamboyante : la nuit la révèle encore plus belle qu'elle ne l'est déjà. Son noir métallisé paraît changer de couleur selon l'angle de vision.

Il monte dessus, et je vais me placer à mon tour sur le ténébreux bolide, juste derrière Ethan. Je passe mes bras autour de la taille du jeune homme, n'osant pas me lover davantage contre lui, mais j'en profite tout de même pour plaquer mes mains contre son ventre. Je me tiens à lui, l'agrippe amoureusement et il démarre. Un vrombissement puissant et galvanisant, que je ressens dans tout mon corps, insufflé depuis ma poitrine. La Yamaha nous entraîne à toute allure, cheveux au vent sur les routes.

Tandis qu'il accélère pour prendre sa vitesse de croisière, j'apprécie l'air qui me fouette le visage et s'engouffre dans mes cheveux. Je porte une main à l'endroit où on m'a accroché la marguerite, afin de m'assurer qu'elle ne s'envole pas. La fleur est toujours en place, fidèlement nouée. Je résiste tout de même à la tentation de faire des moulinets avec la tête, de faire la folle sur la moto en jouant de ma chevelure. À cette vitesse, il ne faudrait pas qu'elle s'envole.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant