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Il a enfin préparé tout ce qu'il faut pour effectuer le court-métrage. J'ai l'impression qu'il est un véritable professionnel tant il a fait vite pour organiser la scène de vidéo. Un grand professionnel, un maître en la matière.

C'est flagrant. Il en sait plus sur le milieu du cinéma qu'il ne veut bien l'admettre.

— On ne pourra pas faire grand-chose, vu le peu de matériel qu'on a apporté. Passe-moi le storyboard, s'il te plaît.

Je vais le lui chercher sur la table et le lui donne. Il le consulte, avec une attention relative.

— Donc, miss Agathe, selon le script, tu dois m'espionner pendant que je téléphone. Tu dois t'approcher pour mieux entendre ce que je dis, depuis l'autre côté du vitrage miroir.

Il détache un instant les yeux du storyboard et m'observe avec un demi-sourire.

— Évidemment, si tu faisais ça dans la vie réelle, ça se passerait mal pour toi. On n'espionne pas.

— Oui, ça va de soi. Tu me prends pour qui ?

— Pour ce que tu es.

— Oh, et tu crois que j'en ai quelque chose à faire de qui tu vois, à qui tu téléphones ? Je vais pas t'espionner.

— Arrête de poser des questions sur moi à tous ceux que tu rencontres, alors.

— J'essaie de me renseigner pour savoir d'où tu viens, tu es peut-être un psychopathe hein, on n'est jamais trop prudente !

— Mais je suis un psychopathe. Fais attention à toi ma belle.

Il joue avec moi, encore.

Il reporte son attention sur la feuille imprimée.

— Donc, la caméra doit passer de toi à moi. Ensuite, se focaliser sur toi en plus gros plan, pendant les jeux sonores de bruits de pas.

Il raidit la main, visiblement agacé. Puis il me désigne une chaise un peu plus loin, en m'indiquant par le regard de m'y asseoir.

— Pose-toi là, je vais te guider.

Ses yeux ténébreux se plongent dans les miens. Il attend que je m'exécute. Mais je reste debout, les bras croisés. Il désire que je me plie à ses directives, car il aime diriger. En tant que metteur en scène, et dans la vie en général.

Je le défie du regard, dissimulant avec difficulté mon envie d'embrasser sa bouche au pli à peine dédaigneux.

Sa bouche si provocatrice qu'on voudrait la mordre.

Il reprend la parole sur un ton froid :

— Agathe, tu veux me faire sortir de mes gonds ?

Après quelques secondes, il ajoute, avec un petit sourire :

— Tu as été payée par la police pour ça, peut-être...

Je ne réponds pas, et il laisse retomber cette tension entre nous. Calmement, il en revient à la lecture du scénario et au projet de film, me permettant à moi aussi de m'apaiser.

— Bon, déjà, on va tenter de mieux gérer notre temps, affirme-t-il. Pour ne pas faire attendre tes amies. Donc, comme on doit aussi passer à l'ancienne salle de concert, on va se laisser une demi-heure ici. Allez, une heure. Mais pas une minute de plus.

D'un regard, il sollicite mon approbation.

— Si tu as des objections, n'hésite pas.

Je lui adresse un sourire un peu ironique.

— Tu prends en compte mon avis, maintenant ? Waw, tu t'améliores.

— J'ai dit qu'on allait un peu travailler ensemble, en bonne entente.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant