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Deux jours plus tard.

Ethan a beau être très fort, il a fait une erreur l'autre fois : mes partenaires qui se trouvaient cachés et postés à l'extérieur du bâtiment ont pu suivre le camion, et repérer un peu avec qui il travaille. Qu'est-ce que tu crois, que j'étais venue toute seule dans la gueule du loup ? Tu me sous-estimes... et tu sous-estimes mon envie de te coincer. La prochaine fois que tu me donneras une rose, ce sera au parloir de la prison, t'en fais pas...

On m'a fait remonter l'adresse, mais on m'a dit de faire très attention : ces gens-là avec qui travaille Ethan ont l'air beaucoup plus dangereux que ceux que j'ai vus la dernière fois. Oh ça je le sais que t'es très dangereux chéri. Mais ça ne m'empêchera pas de mettre fin à ta carrière criminelle.

Je viens d'arriver et de contourner un bâtiment qu'on m'a indiqué et dans lequel doit avoir lieu une rencontre entre de puissants salopards. Dans la nuit je peux passer inaperçue, alors j'ai rapidement contourné la structure. L'endroit n'est pas encerclé d'hommes de mains ; leur but est sûrement de passer le plus inaperçu possible.

Derrière l'immeuble, il y a un escalier qui donne sur des couloirs à ciel ouvert, et sur une série de fenêtres et de baies vitrées, alors je me suis faufilée jusque-là et j'attends qu'il y ait du mouvement.

Je vais d'un bout à l'autre du couloir, en surveillant discrètement ce qui se passe derrière les vitres ; mais je ne vois pas grand-chose, ce sont de larges pièces qui ressemblent à des bureaux d'homme d'affaires, assez immenses. Et comme je suis en hauteur, ce que j'aperçois en bas est limité.

Il fait inhabituellement froid ; mes mains sont gelées. C'est rare dans cette région, la Côte d'Azur bénéficie toujours d'un climat Méditerranéen plutôt tempéré en général. Mais ça ne me décourage pas, et je ne quitte pas mon poste.

Soudain je m'arrête devant une fenêtre qui donne sur un grand bureau : une lumière au fond vient de s'allumer. Près d'un corridor, que j'aperçois à peine.

Je m'approche prudemment de la vitre, prête à me rabattre sur le côté pour me cacher au moindre problème.

Mes alliés m'ont donné un nouvel enregistreur mais ont refusé de venir avec moi. Il va falloir me débrouiller toute seule...

Je place l'appareil contre la vitre. Voir s'il peut capter des paroles.

J'ai l'impression que des gens sont en train de discuter à l'entrée de ce bureau... mais ils n'entrent pas à l'intérieur, pour le moment.

J'attends en silence. Jusqu'à ce que la lumière s'éteigne. Ils ne sont pas rentrés. Je reprends l'enregistreur, j'écoute ce qu'il a pu enregistrer.

— ... à l'étranger... sont rattachés au second secteur du... qu'Ismaël continue à tuer toute personne qu'il soupçonne, la manière de... il les égorge pour faire des exemples, trop visible par les autorités... c'est la stratégie de la terreur... trop risqué...

C'est dur à entendre à cause de la vitre, mais en mettant le son à fond, certaines paroles sont audibles.

— ... et ça le sera tant que Nadous... capitale. À faire surveiller...

Je tends l'oreille en entendant ce nom. Encore une référence à Sofia Nadous... mais en quoi est-elle si importante ? Les criminels chez qui j'ai fait capoter l'un des contrats la dernière fois semblaient être en affaires avec elle... ou avec un membre de sa famille, ou de sa fratrie... en revanche, les partenaires d'Ethan semblent plutôt être des ennemis des Nadous, d'après ce que je comprends.

— Qu'en pensez-vous, Sroth ?

Je retiens ma respiration. Ethan est là.

Mais il a une voix plus tranquille et plus posée, c'est encore plus dur de l'entendre...

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant