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Chez moi, dans la matinée.

J'ai d'abord été catastrophée de voir la trace d'un cocard sur mon visage, puis j'ai constaté que ça pouvait être réduit et dissimulé en grande partie avec du maquillage. C'est déjà ça. Mais maintenant il faut que j'attende que ça disparaisse complètement.

Je n'ai pas vraiment eu envie d'aller à la police, car ça causerait du tort à Ethan. Oui, Laetitia me dit que je ne devrais pas le ménager, mais j'ai des sentiments pour lui, bien trop forts pour pouvoir les étouffer, et je sais qu'il en a pour moi, même s'il n'est pas du genre à l'avouer si facilement.

Le soleil est déjà levé depuis un moment quand je vais m'installer sur le canapé du salon, enveloppée dans ma robe de chambre beige.

Je m'emmitoufle toujours ainsi quand je suis en convalescence, même si je n'ai pas spécialement froid.

Je zappe distraitement en regardant la télé, et je garde mon téléphone à la main. Pianoteuse compulsive par moments.

Je change de chaîne et tombe sur le journal télévisé. Le bandeau bleu qui passe en bas de l'image et à l'intérieur duquel défile un texte attire mon attention : mais moins que les images. Le journaliste fait une description à haute voix de ce qui s'est déroulé à Nice il y a quelques jours. Exactement là où, précisément, je me trouvais... je manque m'étouffer avec mon jus d'orange.

— ... une courte rixe qui, en faisant un mort et plusieurs blessés graves en état critique, nous rappelle l'urgence d'intervenir dans le secteur pour empêcher un nouveau drame de se produire. Le détective Adrian Staune, qui avait mené des actions dans la ville en coordination avec la B.A.C., Brigade Anti-Criminalité, a été reçu par le ministre de l'Intérieur, hier en fin de soirée. Il...

Mon sang se glace quand je vois et reconnais les images du parking souterrain. Ce fameux parking... j'étais sur place putain. J'ai assisté à une partie de la rixe. Je n'arrive même plus à écouter le son du journal télévisé tellement le choc est fort.

Le mec que j'ai vu à terre... putain... il était mort en fait. J'ai été témoin d'un meurtre...

Je ne sais pas pourquoi la police ne m'a pas encore interrogée. Ne m'a-t-on pas vue ? Il y a des caméras de sécurité dans les parkings souterrains, non ? Ou peut-être pas... j'en sais rien... peut-être ces criminels les ont désactivées ou quoi...

En proie au stress, je saisis nerveusement mon téléphone et appelle Laetitia. Ça sonne. Ça sonne encore. Allez, réponds Laeti'...

Finalement, après de longues secondes, elle décroche. Je panique :

— Hé tu as vu à la télé, ils parlent de ce qu'il s'est passé ! Putain... là où j'étais ! Y'a eu un mort !

— Hein ?

— Oui là où j'étais ! Là où il y avait le parking !

— Attends je suis pas devant la télé là, je vais allumer... c'est quelle chaîne ?

Je regarde l'écran du téléviseur avec angoisse. J'écoute ce qui se dit.

Putain... c'est chaud...

Je reste les lèvres pincées. J'ai l'estomac noué.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant