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Je le regarde un moment. Puis je reviens et insiste sur le précédent sujet, provocatrice :

— Vraiment, tu peux me dire... pourquoi ce mec avait ton numéro, comme ça ? Tu as quand même des mauvaises fréquentations, non ?

Il prend son temps avant de reposer le verre. Et avant de répondre.

— Ouais, peut-être a-t-il vu que de la merde allait se passer, alors il n'a rien trouvé de mieux que de m'appeler.

Il a un sourire ironique et ajoute :

— Comme si j'avais quoi que ce soit à voir avec ça...

Il fait tinter l'index sur le verre, et m'adresse un coup d'œil amusé :

— Tu sais, j'ai vraiment beaucoup de patience avec toi, ma belle... personne d'autre n'oserait me poser autant de questions. De la patience de te répondre comme je le fais... sache-le. Une autre personne que toi, elle n'a pas intérêt à me poser le dixième des questions que tu m'as posées.

— Ah oui, tu veux dire que tu es plus gentil avec moi qu'avec d'autres ?

Son sourire s'efface, et ses yeux me foudroient soudainement :

— À ton avis ?

— Oh, tu joues au méchant maintenant ?

— Je ne joue pas.

Son beau visage s'est refroidi, et ses yeux s'assombrissent subitement, ses iris se remplissent de ténèbres. Il réplique :

— Et j'avoue que je n'aime pas trop qu'on me pose ce genre de question. Je n'y suis pour rien si on me téléphone parce qu'on a besoin de moi quelque part. En soi, ça ne m'intéresse pas d'avoir affaire à des connards. Et encore moins dans cette ville. Je ne veux pas d'emmerdes ici.

Son sourire réapparaît et il ajoute :

— Je cherche pas d'ennuis, je suis un gentil garçon moi.

— Oh mais bien sûr, t'as vraiment tout pour être un gentil garçon, ironisé-je. Tu ne veux pas d'ennuis mais tu vas quand même t'y fourrer dedans...

— Tu sais, toi aussi tu cherches les ennuis ma belle... pourquoi tu m'as suivi ?

— Pour ne pas que tu te fasses tuer. Je me doutais que t'étais bagarreur, et puis j'avais une dette envers toi.

— Une dette ?

— Tu m'as secourue plusieurs fois, quand même...

— Oh. C'est mignon. Bambi. Ça me touche je dois dire, mais du coup, on dirait que je vais devoir te sauver la vie encore une fois à mon tour, petit faon... mais bon, ça me fait plaisir, j'aime bien t'avoir dans mes bras quand tu tombes et qu'il faut te rattraper in extremis.

Je souris et plaisante :

— Moi aussi ça m'a fait plaisir de t'aider dans ce parking, enfin j'aurais quand même préféré ne pas me prendre des coups de la part de ces connards. C'est clair que j'aurais préféré t'avoir dans mes bras, moi aussi... tu pourrais pas trébucher et tomber dans les escaliers, pour voir ?

— T'aurais la force et la réactivité de me rattraper ?

— Oui j'y arriverais à te rattraper je suis sûre. Mais après je risque de ne pas te lâcher.

— Ah oui, et pourquoi ?

— Ben j'aime bien t'avoir contre moi.

On échange un sourire complice, puis on termine nos verres respectifs.

Il reprend :

— Au fait ne m'en veux pas trop si parfois j'ai donné l'impression de me foutre de ta gueule. C'était pour te secouer, je ne supportais pas que tu te laisses faire tout le temps par tes persécutrices comme cette Sofia, et que tu suives toujours les règles qu'on t'impose, alors que je sentais en toi quelqu'un qui veut agir. Qui s'insurge contre les injustices, et qui ne se contente pas de ce que la société veut lui offrir. Je me disais que tu valais mieux que ça. Que tu avais un potentiel incroyable et que tu le gâchais en faisant ta petite étudiante bien sage. Ce qui a tendance à m'énerver a tendance à me rendre agressif. Et te voir gâcher ton potentiel, ça m'énerve.

La Panthère de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant