OS151: Le bal des folles (partie 2)

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Cet OS est la suite de OS150: Le bal des folles (partie 1). Je vous conseille donc fortement de lire la partie précédente avant de commencer celle ci !
Je tiens à vous rappeler que tout ce qui se passe dans cette petite histoire (hormis les personnages) est vrai. Cela s'est vraiment passé ! Le Docteur Jean-Martin Charcot a vraiment existé et il a vraiment fait des expériences sur des femmes dite "folles" dans la Salpêtrière à Paris dans le année 1880 et 1890.

PDV Astrid :

Il fait beau aujourd'hui. Le printemps est là et les oiseaux chantent gaîment ce qui fait du bien à nos petits coeurs de femmes folles. Après un long et douloureux hiver, rien de tel que la chaleur du soleil et le bruit des pigeons.

-J'ai tellement hâte d'être à ce soir ! s'extasie Kognedure à côté de moi en lavant une jupe blanche.

-Moi aussi ! sourit Ingrid, du savon plein les mains.

Comme tout les mardi, c'est journée lessive aujourd'hui et tout le monde met la main à la pâte, enfin sauf les médecins, les gardiennes et la pauvre femme qui a été entraîné ce matin pour l'hypnose du Dr Charcot. J'ai fini par me remettre de ma dernière prestation devant l'assemblée et même si la douleur est toujours là, elle est moindre. Bien sûr, j'ai eu le droit à plusieurs saignées depuis mais je n'ai pas été hypnotisée une seule fois depuis plusieurs semaines. Kognedure y est allée deux fois quant à elle. Ma pauvre amie semble s'en remettre toujours très facilement et sourit constamment même durant les jours les plus sombres. Comme j'admire son sens de l'humour et sa positivité !

-Tu n'as pas hâte toi ? me demande-t-elle justement en posant les yeux sur moi.

Je hoche banalement des épaules tout en frottant avec énergie une tâche persistante sur la chemise que je suis en train de laver.

-Pas trop. Je ne vois pas quel intérêt il y a à s'exhiber devant toute la bonne société. Nous ne sommes qu'une distraction pour eux, ils ne nous veulent aucun bien.

-Nous allons nous déguiser ! s'écrit joyeusement la blonde, un sourire ravi aux lèvres.

-Elle a raison, et ça va nous faire du bien de redevenir des femmes "normales" l'espace d'une soirée. On va pouvoir rire et parler avec d'autres gens !

Je grommelle tout en continuant de laver la tâche tenace. Finalement quelques minutes plus tard, nos gardiennes nous rassemble toutes et nous font monter jusqu'à notre dortoir pour prendre une douche.

Bien évidemment, ici, il n'y a ni eau chaude, ni intimité. Nous prenons nos douches toutes ensemble et partageons les mêmes éponges et les mêmes serviettes ce qui a toujours tendance à me retourner même après avoir déjà vécu neuf mois en ces lieux. J'aide Ingrid à se laver avant de lui tendre l'éponge pour qu'elle fasse de même avec moi. Après m'avoir laver, elle se tourne vers Kognedure et lui donne un coup de main à elle aussi tandis que je me rince à l'eau froide. L'hiver, il fait si froid que parfois, l'eau gèle dans les robinets. Je pense avec amertume à la salle de bain que dois avoir le Dr Charcot. Je suis sûr qu'elle est immense, avec au moins une grande baignoire et de l'eau chaude et mousseuse à volonté.

-Vous pouvez m'aider ?

Je baisse la tête et appercoit alors une petite fille d'à peine dix ans qui me regarde de ses deux immenses yeux noisettes. Elle tient dans ses petites mains un carré de savon sale ainsi qu'une vieille éponge usée. Je m'assoie à côté d'elle sur le carrelage détrempé pour me mettre à sa hauteur et l'attire vers moi avant de commencer à laver ses jolies boucles brunes.

-Tu vas venir au bal ce soir ? je lui demande nerveusement.

J'espère que non. Ce bal va être rempli de dépravés désireux de se vider les couilles sans avoir à se soucier des conséquences. Et je ne doute pas que certains d'entre eux n'hésiteront pas à s'en prendre à une petite fille innocente.

I love youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant